Blasphème, emblème du hard rock français des années 80, n’a sorti que deux albums (Blasphème (1983) et Désir de Vampyr (1985)) mais quels albums !!! Ces deux brûlots mettent à nue l’âme d’un groupe solide dont les principales valeurs sont le respect des fans, le travail acharné et le plaisir partagé. Menés par un chanteur charismatique à la voie angélique/diabolique (les deux côtés de la Force de Blasphème), ils écument les salles de concerts de France et de Navarre et à chacun de leur passage le flot de fidèles va grossissant, au grand dame des grenouilles de bénitier. Hélas, leur split en 1985 marque le début du déclin de ces groupes français qui ont bercé notre jeunesse (du moins pour les vieux –et fier de l’être- comme moi). A l’occasion d’un Festival de Hard Rock français regroupant tous les combos de ces années là (notamment ADX, Killers, No Return, Still Square, Witches et Demon Eyes) et qui se tiendra le dimanche 13 janvier 2008 de 14h30 à 23h00 à La Locomotive à Paris, Blasphème fait figure d’invité d’honneur, tant leur reformation est attendue par leurs fans.
Nous avons eu l’honneur d’être invité par Dominique, le manager du groupe, à passer une journée dans sa maison près de Brive où le groupe répète d’arrache pied en vue de ce rendez-vous parisien.
Blasphème est composé de Marc Ferry (chant), Pierre Holzhaeuser (guitare), Philippe Guadagnino (basse) et Aldrick Guadagnino (batterie). Aldrick ets le fils de Philippe et remplace le batteur originel qui, malgré moult tentatives, demeure introuvable. Alors que nous pénétrons dans le sanctuaire, Aldrick réenregistre les parties de batterie des morceaux cultes de ce groupe. On est immédiatement impressionnés par le jeu de ce jeune marteleur de 23 printemps qui est également guitariste (et pas manchot).
Les années n’épargnent personne et les membres du groupe n’échappent pas à cette règle. Ils ont connu des problèmes de santé, ont des boulots plus ou moins astreignants, bref ce sont des gens comme vous et moi. Mais ce que les années n’ont pu entacher, c’est l’énergie vive de Blasphème, ce feu follet qui se transforme rapidement en un brasier lorsque le groupe joue « live ». Hélas, Marc Ferry ne pourra être présent, retenu par des obligations familiales (la famille est une autre des valeurs défendues par le groupe).
Ce sont donc Pierre et Philippe qui vont se coller aux questions de votre serviteur.
Metalvoice : 1987, dernier concert de Blasphème. Qu’ont donc fait les membres du groupe depuis lors : d’autres activités musicales, un arrêt complet d’activité, un congé sabbatique, un pèlerinage en Inde pour se retrouver ?Philippe : Pas grand-chose ! j’ai déménagé dans le Pas de Calais et me suis occupé de mon fils. Mais j’ai pas refait de groupe.
Pierre : moi j’ai fait plein de choses : on a refait un truc avec Marc et d’autres musiciens qui n’avait plus rien à voir avec du Hard Rock En 1991, j’ai participé au projet Furioso avec Renaud Hantson (Batteur et chanteur au sein des regrettés Satan Jokers, autre groupe des années 80 et qui poursuit une carrière solo). En 1992, je suis allé m’installer en Dordogne. Marc habitait déjà dans le coin et on a relancé un nouveau projet : on a même été élus talent 93 ( !!!). Blasphème s’est reformé pour un anniversaire en 1997, on avait répété 2 fois avant donc je et dis pas le résultat, mais c’était une soirée privée et les gens se sont pris au jeu, se sont bien amusés et on a fait la fête.
Metalvoice : La reformation, c’est un projet mûrement pensé, une demande de l’extérieur ou la démarche d’un des membres qui a permis au rêve commencé en 1981 de se poursuivre en 2007 ?Pierre : En février 2007, j’ai reçu un appel téléphonique du manager d’ADX pour participer à un festival. D’emblée je lui ai répondu que ce serait pas possible avec les membres à droite et à gauche mais il m’a rappelé 3 mois plus tard en insistant. J’ai été voir Marc qui était sceptique au départ et qui m’as finalement dit : bon tu veux ta réponse pour quand ? Bon allez, c’est d’accord. J’ai contacté Philippe dans la foulée qui était partant … Ne restait plus qu’à dénicher un batteur. Comme on ne retrouvait pas Régis, Philippe nous a suggéré d’auditionner son fils et c’est comme ça qu’Aldrick a intégré Blasphème : super batteur, Beau gosse et en plus il est gentil (rires).
Metalvoice : Comment tout cela s’est-il mis en place, comment avez-vous organisé les répétitions, dans quel état d’esprit avez-vous attaqué le répertoire de Blasphème ?Pierre : Comme Philippe est à l’autre bout de la France et qu’on a tous un boulot, il a fallu organiser des cycles de répèt, au départ cela devait se faire toutes les cinq semaines, mais bon on a eu nos soucis perso, Philippe a eu de sacrés problèmes de santé avec un traitement à suivre qui ont foutu en l’air tout le planning et là il nous reste 12 jours de répèt avant le concert. On a chacun des cds sur lesquels notre instrument a été retiré comme ça on peut bosser chacun dans notre coin. Mais ça fait super plaisir de se retrouver pour rebosser le répertoire comme au bon vieux temps.
Metalvoice : Blasphème a toujours beaucoup donné pour ses fans. Avez-vous gardé le contact avec ceux-ci ?Philippe : Oui, on reçoit plein de mails d’encouragement, y’en a même qui nous écrivent de l’autre bout du monde. Ca fait super plaisir de savoir qu’il y a encore des gens qui nous écoutent et qui suivent toujours le groupe. Et il ne s’agit pas seulement de fans des années 80, y’a pleins de jeunes qui nous écrivent après avoir découvert nos deux galettes.
Metalvoice : Il existe un site web sur Blasphème (cliquez ici) qui n’est pas un site officiel mais qui a été créé par un fan. Y êtes vous allé faire un tour ? Qu’en pensez vous ?Philippe : En fait ce fan nous a contactés pour avoir notre autorisation pour faire un site sur Blasphème : on lui a laissé carte blanche et on n’est pas intervenu. On lui a fait confiance et on a été voir : on a trouvé ça très sympa. Il a tellement de succès que de gens ont des difficultés pour accéder ( !!!).
Pierre : Moi j’ai pas internet, enfin je vais pas tarder à l’avoir mais c’est parce que ma femme insiste …
Philippe : Pierre n’a même pas de portable ( !!!) : il est resté bloqué dans les années 80 avec le minitel rose (rires).
Metalvoice : Ce concert du 13 janvier prochain sera-t-il un concert unique ou sera-t-il suivi d’une tournée ? On parle même d’un troisième album ?Pierre : Pour l’instant, il n’y a que le concert du 13 de prévu. Tant pour la tournée que pour un nouvel album, il faudra réussir à réunir tous les membres pour une durée assez longue ce qui n’est pas évident puisque comme tu le sais, nous habitons loin les uns des autres. Donc pour l’instant aucun projet autre que le concert du 13 janvier. On va voir comment ça se passe, comment ça réagit après et on avisera. Mais il y a beaucoup d’incertitudes pour la suite.
Metalvoice : Et justement ce fameux jour J, vous l’appréhendez ?Pierre : Ben, oui et non, on va essayer de faire le meilleur concert possible pour les fans, pour nous faire plaisir mais on se met pas une pression énorme … n’empêche qu’on travaille pour que tout se passe pour le mieux.
Metalvoice : Avez-vous gardé le même état d’esprit qu’au début ?Pierre : Oh oui, nous n’avons pas changé. Lorsque tout s’est arrêté en 1987, on avait tous les boules mais on n’a pas versé dans le mélodrame. La vie a continué différemment mais c’est comme ça, alors si on se reforme, c’est dans la même logique : faire la fête tout en assurant un show de qualité et on verra bien de quoi demain sera fait.
Metalvoice : Merci, beaucoup Pierre et Philippe