A chacun sa messe. Pendant que certains privilégieront le bénitier, d’autres préféreront la scène. Ce grand jour que les vieux nostalgiques comme votre serviteur attendaient avec moult impatience est arrivé. Ce dimanche 13 janvier marque la reformation de groupes qui ont connu un succès notoire dans les années 80 : Demon Eyes, Still Square, Witches et … Blasphème. La locomotive (capacité de 800 à 1000 places) affiche complet pour la circonstance (!!!). Le public, me direz-vous ? Et bien il n’est pas composé que de papys gâteux avec leur canne et leur déambulatoire. Des jeunes sont là aussi pour assurer la suite. Le temps de ce festival, le fossé des générations se trouve mis en exergue, pour la plus grande joie de tous. L’organisation est parfaite (et oui, même en France, c’est possible, qu’on se le dise !!!) et les délais d’attente entre les groupes sont minimes. Tout a été prévu pour que le spectateur puisse profiter de presque huit heures de musique.
14h45, avec une légère avance sur l’horaire, le coup d’envoi est donné.
Les hostilités commencent avec Royal Bubble Orchestra, groupe de Stoner au chanteur très en voix (quelle performance !!), mais les trois autres membres du groupe ne sont pas en reste : un gratteux poseur mais qui assure et un duo basse batterie qui Groove du feu de Dieu. Leur performance est mise en valeur par un son excellemment bien équilibré. Ce jeune groupe (le loup dans la bergerie me direz-vous …) est fort prometteur et mérite d’être suivi de près.
Le rideau se relève sur 4 lascars de dos (l’éclairage les entoure d’un halo noir) et qui le resteront pendant toute l’intro. Le ton est donné : pas de concession, Demon Eyes est de retour. Mené par un chanteur charismatique à souhait au look très Udo Dirkschneider de l’époque Accept, ce sont des riffs bétonnés que nous assène Demon eyes. Des gratteux décapants, une basse qui vous nivèle les trippes et un batteur déchainé. Il va falloir de nouveau compter avec le professionnalisme de ce groupe qui nous assène ses classiques tels « les yeux du démon », « les deux maudites ». Dommage que les guitares soient presqu’inaudibles. Grosse carence dans les balances qui nous laisse un peu sur notre faim …
Witches prend la suite. Ce groupe composé de deux membres féminin (guitariste / chanteuse et bassiste) nous propose un death métal très technique. Un des guitaristes d’Adx est venu leur prêter main forte pour la circonstance. Le son est correct malgré quelques fréquences qui s’entrecroisent et c’est un set formidable que nous délivre ce quartet. Même si l’on n’est pas un inconditionnel de ce style de métal, la maitrise dont ils font preuve de leurs instruments respectifs (sans omettre le chant) force le respect de tous, notamment de certains stage-divers.
Premier grand mouvement de foule qui se rapproche d’avantage de la scène pour accueillir Still Square qui délivre un hard blues énergique. Le chanteur n’a rien perdu de sa puissance vocale et ses acolytes ont conservé tout leur feeling. Le groupe se paie même le luxe de nous présenter trois titres de leur album à venir (dont « le manoir hanté » et « le fou du roi »). Un final sur le morceau de leur album éponyme « Rock Stars » finit de nous convaincre que Still Square est bel et bien de retour et ce pour notre plus grand bonheur.
Vient ensuite le black métal brutal de No Return, qui a déjà tourné avec Adx de par le passé. Mention spéciale au duo basse/batterie même si le bassiste a un petit air de Spinal Tap … les guitares quant à elles ne nous ont pas impressionnées. Dommage : l’énergie est là mais il manque une petite étincelle … N’empêche, le style est propice aux stage-divers qui s’en donneront à cœur joie.
L’étincelle, cela fait longtemps que Killers l’a trouvée. Ces maîtres d’un speed métal qui sait aussi se calmer le temps de chansons majestueuses n’ont jamais cessé de sortir des albums et de tourner depuis la formation du groupe. Dès le premier album, les fans ne s’y sont pas trompés car Killers a connu un succès rapide. Mené de main de maître par le guitariste/chanteur Bruno Dolheghy, le quatuor reprend uniquement des titres de ses premiers albums : « Rosalind », « l’assassin », « délire de mort », « maître du métal », « Heavy Metal Kids », « Résistances ». Le public ovationne à tout rompre et le sieur Dolheguy est très touché par cet accueil chaleureux. Une prestation impeccable emprunte d’un grand professionnalisme. Bravo !!!
Et voici le moment tant attendu d’une très grande partie de l’assemblée qui trépigne d’impatience (votre serviteur y compris) : la reformation de ce groupe mythique qu’est Blasphème. Il y a eu des interrogations sur la performance des musiciens et notamment sur le fait de savoir si Marc Ferry avait gardé sa voix d’entant. Dès « Jack l’éventreur », nous sommes bel et bien rassurés : à part quelques minimes aménagement la voix de Marc est impeccable. Le son général est excellent (bravo aux ingés-sons et au sonorisateur). Marc est l’un des seuls que l’on comprend parfaitement sans connaître les paroles. Pierre, Phil et Aldrick assurent magistralement en appui. Les titres s’enchaînent : « enfer paradise », « seul », le fabuleux « sanctuaire » (à vous donner la chair de poule), « au nom des morts », « territoire des hommes », et une nouvelle interprétation de « vivre libre ». En plein milieu de « taxer le peuple », Blasphème doit essuyer une coupure générale de jus sur scène. Mais celle-ci est vite réparée et « taxer le peuple » est rejouée en intégralité suivie de « Jéhovah », « désir de vampyr ». Le publique chante, applaudit, exulte, et les membres de Blasphème n’en reviennent pas de cet accueil qui, on le voit, les touche énormément au cœur. Premier groupe à bénéficier d’un rappel, le quatuor nous assène un « vengeance barbare » qui clôt le concert. Une mention spéciale à Philippe Guadagnino qui a assuré pleinement son rôle durant tout le concert malgré ses problèmes de santé (on l’a vu repartir avec une canne …). Remercions de nous avoir permis de prolonger le rêve commencé en 1981 et souhaitons leur de poursuivre l’aventure avec d’autres concerts et … le tant attendu troisième album.
En finale, Adx investit les planches après une musique d’introduction des plus angoissantes : deux guillotines sont placées de part et d’autre de la scène et les éclairages sont couleur bleu nuit, fleuretant avec le violet. Adx attaque ce concert par un nouveau titre « à la gloire de Dieu », tiré de leur prochain album « division blindée ». Quatre autres titres de ce nouvel opus seront joués tout au long du show : « livide », « division blindée », le titre éponyme, « Mary la sanglante » et « lycanthropie ». A côté on retrouve les classiques qui ont fait la réputation de ce quintet : « prière de Satan », « déesse du crime », « l’ordre sacré », « l’étranger », « de l’autre côté », « Résurrection », « notre Dame de Paris », « suprématie », « Brocéliande » et « Caligula ». Si l’éclairage est superbe, le son, lui, laisse grandement à désirer. Les fréquences s’entrecroisent, la voix sature quand elle monte dans les aigus. Tout cela fait un peu brouillon et il n’est pas facile d’apprécier à juste valeur la prestation des musiciens. Nous aurons néanmoins quelque sourire lorsque Phil fait mine de pousser les stage-divers qui se suivent le uns après les autres, ou lorsqu’il fait monter un fan sur scène pour présenter le titre « résurrection », puis l’inviter à chanter avec lui pour finalement se jeter dans le public en laissant le quidam chanter seul sur scène à sa place ( !!!). De l’humour bon enfant mais qui ne masque pas certaines carences de la sono voire des musiciens. De là à dire que Blasphème leur a piqué la vedette …
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