Où allons-nous ? Voilà une vaste question qui peut s’appliquer à bien des domaines. Si du coté climatique, la réponse se veut plutôt pessimiste, il semblerait que le monde de la musique soit lui aussi touché par cette morosité.
La musique est en crise ! Ce sont les maisons de disque qui le disent… Les ventes de disques chutent et la perte n’est pas compensée par les achats en ligne de fichiers musicaux. C’est à tel point dramatique qu’une chasse aux sorcières est en cours pour connaitre les coupables. Premiers visés : les internautes qui téléchargent sur les plateformes P2P (Peer to peer) des albums entiers en toute illégalité. Les solutions pour arrêter l’hémorragie ? Elles sont innombrables. Entre la prévention et ses spots publicitaires avec un message similaire à « qui vole de la musique vole à l’étalage », les tentatives de stopper les éventuelles copie avec la mise en place d’un système de protection sur les CD et la répression plus simplement avec les condamnations de caïds faisant partie du monde du grand banditisme comme ces grands-parents qui faisaient plaisir à leurs petits enfants en téléchargeant les derniers albums d’Henri Dès ou cette institutrice qui avait récupéré 1600 titres via le P2P, tous les moyens sont bons.
Les résultats de tous ces efforts ? Au vu du nombre de téléchargements pirates pour l’année 2007, on peut aisément dire qu’il a été nul. Pourtant à l’évidence, la riposte était parfaite. De nouveaux responsables ont vite été trouvés. Notez qu’il était facile de les dénicher, ils étaient devant leurs yeux et surtout à leur portée : les sites faisant la promotion de leur musique.
Eh oui ! Qui reçoit les CD promotionnels avant tout le monde ? Les webzines… Donc ce sont eux qui les mettent sur les réseaux d’échange. Encore un raccourci comme on les aime... Heureusement, les solutions ont rapidement été trouvées. Après avoir réduit le nombre de CD promotionnels, avoir découpé les CD en 90 pistes pour ne pas qu’ils soient encodés, avoir réduit les fins de chaque titre de 20 secondes, voilà que les CD "pourris" par les « voice-over » ont fait leur apparition. Mais qu’est ce qu’un « voice-over » ? Tout simplement une phrase prononcée en plein milieu de chaque titre rappelant que l’auditeur écoute le nouvel album de « Truc ». Si le coté pratique pour le chroniqueur de savoir à chaque piste quel album il écoute (Ce n’est pas bien malin un chroniqueur) n’est pas négligeable, l’intérêt global de la chose montre vite ses limites. Certes l’album ne sera pas récupéré illégalement avant sa sortie officielle… Mais après… En outre, il retire le seul avantage qu’un chroniqueur pouvait avoir à travailler sur un site d’actualités musicales, c'est-à-dire écouter l’album avant tout le monde. Le reste, à savoir l’écriture de la critique, relayer les actualités, réaliser des interviews, remplir les informations de l’album, compléter le calendrier, etc, il doit le faire comme avant. Mais au moins la confiance règne désormais - surtout d’un coté - et les maisons de disque peuvent se féliciter car avec ce genre de procédé, la faillite est à coup sur évitée. Mais j’y pense… Peut être serait-il judicieux de rajouter des « Text-Over » toutes les trois phrases de nos chroniques ? Voilà une idée qui est à creuser…
Heureusement pour l’avenir de MW et des webzines en général qui comptent sur un effectif constant pour vous proposer toujours plus de découvertes, la paranoïa n’a pour l’instant atteint qu’un très petit nombre de labels (merci Napalm, merci Frontiers). Certains, prudents, ont trouvé des solutions plus intelligentes tels Roadrunner qui envoie ses albums après leur sortie officielle (tout simplement). D’autres contre toute attente ont même décidé de réaliser le parcours inverse comme Progrock Records qui a amélioré sa promotion en Europe. Au final, la majorité d’entre eux a bien compris que les soucis ne provenaient pas de la source mais bien de la cible et ils n’ont donc pas changé leurs habitudes.
Si l’on pourrait croire dans la première partie de cet édito que je fais l’apologie du téléchargement illégal, il n’en est rien évidemment. Le but était simplement de montrer quel pouvait être, tel un « effet papillon », l’impact du phénomène du téléchargement illégal sur un site comme MusicWaves. Nous sommes suffisamment impliqués dans la promotion des artistes, à qui je le rappelle nous offrons par passion de très nombreuses heures de notre temps libre, pour savoir combien il est difficile pour un groupe qui sort un album, ne serait ce que de rentrer dans ses frais. Je n’apporterai pas non plus de belles idées novatrices quant à la solution d’un problème qui est au final purement économique et non culturel. En effet, un artiste n’aura jamais eu autant de moyens mis à sa disposition pour faire connaître sa musique.
Tant que les mentalités ne changeront pas, toutes les tentatives d’enrayer ce phénomène feront des ronds dans l’eau. Ne pas fumer dans les cinémas est évident et pourtant il y a vingt ans, l’annonce de cette nouvelle façon de se faire une toile ne l’était pas. A l’instar de cet exemple, ne pas rétribuer l’auteur d’une musique que l’on écoute couramment sera peut être dans quelques années tout simplement inconcevable...
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