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TITRE:

DEMIANS LE 21 AVRIL 2008 (LE GÉNÉRAL HOTEL)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



Nicolas Chapel, chanteur-guitariste de Demians, se prête au jeu des interviews pour MusicWaves
HYPERUNKNOWN - 28.04.2008 -
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C’est dans un hôtel parisien et à la veille de sa première partie d’Oceansize au Trabendo que Nicolas Chapel, chanteur-guitariste de Demians, découverte française de ce début d’année, donne de son temps pour se prêter au jeu des interviews.


Hyperunknown : Bonjour Nicolas de Demians, avant tout chose, pourrais-tu pour les gens qui ne te connaissent pas encore, présenter le groupe et son parcours jusqu'ici ?

Nicolas : Demians a commencé comme un projet solo, fin 2001, début 2002. C'est vraiment parti de rien, juste d'une envie de faire la musique, de raconter des choses en musique, sans but commercial, ne serait-ce que sortir un album ou faire une carrière. J'ai été quelqu'un de très très introverti, je le suis toujours, à toujours être détaché, à être en retrait, à toujours observé plutôt que de mettre mon grain de sel, et résultat un jour je me réveille, et je me dis voilà j'aime pas le boulot que je fais, j'aime pas la vie que je mène, j'aime pas les fringues que je porte. Où sont passés tous les rêves que j'avais, toutes les envies ? A ne plus me supporter, à supporter ce que j'étais devenu. Je me suis dis, voilà j'ai l'impression d'avoir tout perdu, je vais tout reconstruire, je vais le faire à ma manière. J'avais des rêves, je vais me donner les moyens de les concrétiser. C'était plus une manière de vivre, cela ne se traduisait pas forcément en chanson au début, et au bout d'un moment je me suis aperçu que je m'exprimais plus, pas forcément facilement, mais de manière plus concise en musique. Les morceaux me viennent plus facilement que les mots. Je pourrais passer deux heures à bégayer pour dire ce que j'ai à dire alors que les chansons me viennent naturellement. Je sais que quand j'étais tout petit, on ne m'écoutait pas et maintenant on écoute mes chansons et on les adore, et on m'interviewe alors que je dis exactement la même chose.
Alors maintenant Demians est devenu un groupe pour la scène c'est-à-dire que je vais continuer à faire des albums en solo à ma manière, spontanément, sans me poser de barrière. Maintenant c'est devenu un vrai groupe, on a notre première date demain. On a vraiment envie de tourner, de développer ça sur scène, les chansons sont fortes et elles peuvent parler aux gens.
Voilà ce que je peux dire sur Demians, je ne peux pas donner de date de création ou de membres du groupe, c'est vraiment moi en fait.


Hyperunknown : Comment qualifierais-tu ta musique ?

Nicolas : Pour moi, ce sont des choses que je ne comprendrai jamais, les termes musicaux… J'écoute pas de métal quand j'écoute les groupes que j'écoute. Quand j'écoute Meshuggah, j'écoute pas du métal, j'écoute Meshuggah, quand j'écoute Gojira, j'écoute pas du métal, j'écoute Gojira, parce que chaque artiste a quelque chose à raconter qui va au-delà des styles musicaux ou au-delà des références, et je sais qu'il va falloir que je joue le jeu, qu'on va trouver des parallèles entre ma musique et celle d'autres artistes. Mais à mon niveau, je n'arrive pas du tout à quantifier ça.
Comment je catégoriserais ma musique ? Je parlerais plutôt d'événement de ma vie. Le matin où tu te lèves où t'as pas envie d'être là, tu te rappelles tout ce que tu avais envie de faire et que tu as laissé de côté, vraiment te prendre en main, décider où tu vas mener ta vie et pas laisser ta vie te mener, c'est comme ça que je qualifierais ma musique. L'envie de faire des choses.
Après, pour en revenir aux styles musicaux ou de l'instrument, je pars du principe que c'est pas parce que j'utilise des grosses guitares saturées que c'est du métal, c'est pas parce que j'utilise des cordes que c'est du classique. Pour moi, chaque instrument représente un éventail de couleurs que j'utilise pour créer une peinture, et ça va au-delà des styles musicaux.


Hyperunknown : On te retrouve derrière chaque instrument sur l'album, était-ce un choix délibéré lorsque tu as enregistré "Building An Empire" ?

Nicolas : Cela s'est imposé c'est-à-dire que j'ai déjà joué dans le cadre de groupes, et ça m'a plutôt posé des barrières qu'autre chose. Quand on est dans le cadre d'un groupe, il y a un batteur et il faut forcément mettre une partie de batterie pour l'occuper, et ça ne devait pas rentrer en ligne de compte. Je ne voulais aucun problème d'ego, je ne voulais pas attendre auprès des gens. Si j'avais envie d'enregistrer une partie de batterie à trois heures du matin, je voulais le faire à ce moment là. J'aime beaucoup collaborer avec des musiciens mais pour qu'ils puissent apporter leur patte. Là comme les morceaux de Demians viennent d'une idée originale, je voulais plus passer du temps à me concentrer sur cette idée, à ne pas perdre le fil plutôt que d'expliquer à quelqu'un ce qu'il doit faire. Je trouve ça ni motivant pour moi, ni pour lui, alors autant le faire moi-même. On ne va pas demander à un peintre pourquoi il a utilisé toutes les couleurs sur sa toile. C'est évident pour lui parce qu'il a une vision d'origine, il veut juste que ça se concrétise et moi je vois mes morceaux exactement de la même manière.


Hyperunknown : Tu es Auteur / Compositeur / Interprète / Arrangeur…

Nicolas : …producteur


Hyperunknown : …producteur sur cet album, pourquoi n'as-tu pas finalement choisi Nicolas Chapel comme nom du groupe ?

Nicolas : Parce que déjà Demians n'est pas un nom de groupe pour moi. Après ça peut paraître un nom de groupe. Je ne voulais pas mettre mon nom Nicolas Chapel dessus parce que je ne voulais pas donner l'impression aux gens que ça tourne autour de ma personne c'est-à-dire que je me base sur des évènements qui sont très concrets pour moi. Rien n'est fictif, je ne parle pas de dragons, de princesses, de chevalier avec son glaive. Ce sont vraiment des évènements précis de ma vie mais une fois que tout ça est mis en musique, je veux que les gens se fassent leur propre idée donc que ça ne tourne autour de moi. Je veux que les gens écoutent cette musique en ayant l'impression qu'on leur raconte leur vie, plutôt que moi qui raconte la mienne.
Je ne voulais pas donner un nom de groupe, parce que ça n'est pas vraiment un groupe, et il ne faut pas leurrer les gens. Je ne voulais pas leur mentir, leur faire croire que ça avait été enregistré par d'autres musiciens pour suggérer le fait que ce soit un groupe. Maintenant Demians pour moi c'est le nom des chansons c'est-à-dire que le titre est venu d'un livre qui m'a marqué quand j'étais tout petit qui s'appelle "Demian" de Herman Hesse qui raconte l'histoire d'un personnage principal, un gamin qui est élevé dans un milieu très strict, on lui apprend ce qu'est le bien et le mal, on lui apprend que ce qu'on dit à l'école est vrai, à ne jamais remettre en question. Il croise un gamin dans sa classe qui s'appelle Max Demian, et chaque chose qu'il peut lui dire ou chaque regard le pousse à se remettre en question, à se poser des questions, à tout remettre en question. Mes chansons me viennent de cette manière là c'est-à-dire qu'elles viennent me parler, ça n'est pas moi qui m'écris pour composer mes textes ou mes chansons. Je peux très bien être entrain de marcher dans la rue et d'avoir un saphir qui me percute les oreilles tout de suite pour une raison ou une autre, et résultat après j'apprends beaucoup sur moi de cette manière là en prenant des notes sur ce que j'ai pu raconter, en chantant mes paroles, à sortir de ma coquille progressivement, à faire écouter aux gens, voir ce qu'ils m'en racontent, créer un lien en fait, donc c'est un peu mettre Demians avant. Donc Demians se rapproche plus des chansons donc je ne voulais ni un nom de groupe, ni un nom d'artiste pour que ce soit les chansons qui intéressent les gens.


Hyperunknown : On peut voir sur la pochette, un personnage en équilibre sur plusieurs chaises. Doit-on y voir une métaphore eut égard au titre de l'album ?

Nicolas : Disons que le titre de l'album, la pochette, le nom du groupe, ma démarche artistique aussi, le fait que ce soit réalisé de cette manière là, tout ça est intiment lié. Le titre de l'album, c'est un jour tu te réveilles, t'as l'impression que tout s'est cassé la figure, tous tes rêves se sont effondrés, tu te dis que tu n'as plus rien à perdre alors autant tout reconstruire et le reconstruire en grand. Je n'ai pas eu de budget pour cet album là, personne ne m'attend, j'ai pas de guerre à combattre, je suis un petit provincial bien tranquille qui n'a pas de raison de se plaindre. Au bout d'un moment tu te dis, j'ai quand même des choses à raconter, je vais m'en donner les moyens, et si c'est juste trois chaises qui sont à ma disposition, et bien je vais les utiliser, et si je me casse la figure, je les réutiliserai et je continuerai. Construire un empire c'est ça !


Hyperunknown : Donc ce n'est pas l'idée de construire un empire mais sur des fondations précaires, peu solides ?

Nicolas : Non c'est juste construire un empire avec les moyens du bord. Comme quand on est gosse et qu'on n'a rien à notre disposition, on a quand même envie de faire ces choses là, et vous vous retrouvez vingt ans après à être interviewer, à vous demander comment vous avez réaliser ça.


Hyperunknown : On peut lire dans ta présentation que Steven Wilson, tête pensante de Porcupine Tree, n'a pas tarit d'éloge concernant ton travail. D'abord, vous êtes vous rencontré et comment réagit t-on lorsque l'une des premières presses provient d'une telle personnalité ?

Nicolas : Déjà, beaucoup d'étonnement parce que c'est arrivé dans la continuité du projet. C'est arrivé, pas par hasard parce que pour moi les choses n'arrivent pas par hasard, on les provoque mais c'est arrivé pour moi comme une suite logique c'est-à-dire qu'il a écouté mon album totalement par hasard, il l'a aimé. Il a eu envie de le communiquer, rien ne lui a été demandé. Moi je ne l'avais pas rencontré à ce moment là mais mon manager l'avait rencontré, il lui avait donné mon disque. Il a écouté en pensant, comme il est manager de Gojira, que ça allait être du gros métal. Il a été très surpris, ça a attiré son oreille et il a écouté l'album, il l'a aimé et il a voulu aider à sa manière. Donc comment on réagit, c'est simple on se dit, Steven Wilson c'est quelqu'un dont j'écoute la musique depuis plus de dix ans, j'ai beaucoup de respect pour lui aussi bien pour sa musique que pour sa façon dont il a de gérer sa carrière c'est-à-dire de faire ce qu'il veut, il a toujours des projets différents, toujours beaucoup d'inspiration, et au-delà de ce qu'il a pu dire dans cette phrase là, ce qui m'a surtout encouragé, c'est le fait qu'il le dise. Steven Wilson, c'est quelqu'un dont j'écoute la musique depuis longtemps, là c'est l'inverse, c'est lui qui écoute ma musique, il y a porté attention, et il a vraiment eu envie de le communiquer, ça c'est vraiment très encourageant, de se dire qu'on n'est pas totalement à côté de la plaque, il y a des gens qui vous écoutent.


Hyperunknown : Et ses mots sont quand même très forts, lorsque parle d'ambitieuse musique du 21ème siècle…

Nicolas : C'est très fort mais ce qui m'a surtout encouragé, c'est vraiment que ce soit Steven Wilson qui dise ça, qui est quelqu'un de très réservé, pas forcément sur ses goûts musicaux, mais je sais qu'il y a beaucoup de groupes qui lui donnent leurs albums, et il ne va pas forcément y prêter une oreille parce qu'on lui en donne beaucoup et il l'admet. Ce dire qu'il l'a écouté, qu'il a envie d'en parler, c'est déjà… voilà ce sont des gens comme lui qui m'ont donné envie de faire de la musique, de faire comme eux dans le sens, pas faire la même musique que la leur mais faire comme eux, faire ce qu'ils veulent. Je pense à des gens comme Peter Gabriel ou Tool que j'écoute depuis des années, qui vont dans la direction qu'ils ont envie d'aller sans compromis commerciaux, sans avoir envie de combler les attentes d'un public. Moi c'est vraiment ça que j'ai envie de faire. Mon deuxième album peut être radicalement différent du premier ; du moment que j'en suis convaincu, ce sera convaincant.

[IMG]http://www.musicwaves.fr/pics/upload/articles/extras/DEM01.jpg[/IMG]

Hyperunknown : Quelles autres formations ont influé sur ta musique ?

Nicolas : Disons que je suis autant influencé par la vie que par la musique c'est-à-dire que j'en écoute tellement, tout le temps, qu'au bout d'un moment je ne suis plus objectif sur ce qui m'influence ou pas. Je sais par exemple que la musique qui passe là (en gros, une musique d'ascenseur Ndr) ne m'influencera pas du tout. Pour moi c'est plus des événements, des choses, des émotions qui m'influencent plus que d'autres artistes.
Après c'est vrai que j'ai quand même commencé très tôt en écoutant Peter Gabriel, Rush, Marillion. Après je suis passé au gros rock qui tache, à Metallica, à Neurosis. J'écoute vraiment énormément de choses.
On me fait souvent la réflexion sur Steven Wilson, sur le parallèle entre Porcupine Tree ou Oceansize et la musique de Demians en parlant d'influence, et sept sur huit des morceaux de l'albums ont été fait avant qu "In Absentia" ne sorte. Le style de Porcupine Tree n'avait rien à voir avec ce qu'ils font maintenant, Oceansize j'en avais jamais entendu parlé, donc je pense en fait que ce sont des gens qui ont peut être, au-delà de m'influencer…je pense qu'on a des influences communes. Quand je pense à tout ce que ces groupes là écoutent, quand je vois ce que j'écoute, je me dis que oui, on a forcément une culture musicale en commun.


Hyperunknown : Tu as signé chez Inside Out, comment s'est effectué le rapprochement avec ce label ?

Nicolas : C'est Inside Out qui m'a contacté. Ils ont entendu, encore une fois totalement par hasard, un morceau sur internet, et ça s'est fait dans la continuité du projet c'est-à-dire des rapports humains. Je suis vraiment content que ça se passe comme ça parce que je voulais faire de la musique, c'est tout ce qui m'intéressait. Après tout l'aspect commercial, business, c'est vraiment pas quelque chose qui m'intéresse. Il faut s'y intéresser quand on est artiste. Je me disais, si je fais un album dans lequel je suis convaincant, dans lequel je m'éclate à fond, ça va forcément parler à quelqu'un à un moment ou à un autre, que ce soit Steven Wilson ou Thomas (Directeur Général Ndr) d'Inside Out. Ce sont des gens qui nous ont contactés, mon manager et moi, en ayant écouté une demo, en se disant ce morceau là il me parle, envoyez nous l'album. Est-ce que ça vous direz qu'on travaille ensemble ? On est allé les voir, on a discuté musique tout l'après midi avant de travailler, avant de parler de chiffres ou business, parce que ce sont des gens qui sont passionnés et qui ont envie de prendre des risques pour des artistes inconnus, et c'est ce qui me faut, c'est le genre de relation que j'avais envie d'avoir avec mon label.


Hyperunknown : Un clip vidéo est-il en préparation pour l'un de tes titres ?

Nicolas : Il y a un clip en préparation pour "Temple" qui devrait sortir fin juin.


Hyperunknown : Et qui se trouve à la réalisation ?

Nicolas : Pour l'instant, on n'en parle pas… (rire)


Hyperunknown : On te retrouve demain en première partie d'Oceansize au Trabendo, comment te sens tu avant le concert ?

Nicolas : Là ? Liquide (rire) En fait je suis vraiment très nerveux, honnêtement, je préfère ne pas le cacher parce que pour moi, c'est pas juste jouer de la musique, c'est vraiment une grosse charge affective. J'attends ça depuis très longtemps et comme je suis quelqu'un de très introverti, même en ayant peaufiné le moindre recoin de la musique avec le groupe. Là, depuis que j'ai commencé les interviews, que je vois tout ce qu'il se passe autour du projet et l'intérêt des gens par rapport à ça, ça me rappelle pourquoi je suis là à la base et ce que ces chansons là racontent. Donc ça va être à la fois excitant mais quand même vraiment difficile à gérer humainement.


Hyperunknown : Une tournée en France est-elle prévue ?

Nicolas : Tournée, sans parler de la France, tournée Europe, Etats-Unis, ça c'est certain…
Le plan c'est vraiment de faire des dates pour se préparer, pour se chauffer, pour vraiment essayer des choses, se tromper, recommencer, progresser, et ensuite à partir de la rentrée de septembre, beaucoup tourner. On va certainement tourner en Europe à l'automne et aux Etats-Unis en début d'année prochaine mais rien n'est encore fixé…


Hyperunknown : Après toute cette série de concert, quelle est la prochaine étape pour Demians ?

Nicolas : Le prochain album…
J'aurais envie de dire que je vais tourner beaucoup et qu'après j'aurai envie de me reposer, de changer d'air mais je sais très bien que quand j'aurai posé mes valises, je vais forcément m'asseoir, prendre ma gratte et composer à nouveaux parce que j'aurai beaucoup de choses à raconter. Même si la scène me plait, ce qui m'intéresse c'est surtout créer des choses, c'est ma raison de vivre.


Hyperunknown : Question "Pekin Express" (honteux plagiat détourné de la "Question Lost" de Struck), tu pars pour un long périple et ton sac déjà très chargé ne peut contenir que trois albums, tu choisirais lesquels ?

Nicolas : Ce qui est bien, c'est que si tu me poses la question dans dix minutes, je te ressortirai trois albums différents. Là, direct, je dirai :
- "Times Of Grace" de Neurosis
- "Pink Moon" de Nick Drake
- "Infinity" de Devin Townsend


Hyperunknown : Et qu'est-ce qui tourne sur ton mp3 en ce moment ?

Nicolas : Ce qu'il y a de bien à faire de la musique et avoir des chroniques, c'est qu'on me site des groupes que je ne connaissais pas.
Là, j'ai découvert récemment un groupe qui s'appelle "Ours" c'est un groupe américain que je trouve vraiment intéressant, qui peut faire penser à du Jeff Buckley rencontre du Radiohead rencontre Muse avec quand même son caractère.
Stina Nordenstam passe aussi beaucoup dans mon Ipod…
J'avais totalement fait l'impasse sur Muse, on m'en parlait depuis longtemps mais je n'avais jamais vraiment porté attention, et là je découvre le groupe et j'aime beaucoup ce que j'ai entendu.


Hyperunknown : Pour un artiste comme toi qui débute sa carrière, quel est ton regard sur le téléchargement illégal et la crise du monde musical qui en découle ?

Nicolas : Alors déjà je dirai deux choses, je séparerais le monde musical et l'industrie du disque, je trouve qu'il n'y pas de crise du monde musical en ce moment parce qu'il n'y a jamais eu autant de groupes intéressants.
Avec internet maintenant, les groupes ont moyen de se faire connaître, mais c'est pas ça qui les font signer, qui leur donne le budget. Ce qui leur donne le budget, ce sont les ventes d'albums. On a, je trouve, trop diabolisé les maisons de disque. En gros pour résumé, il y a deux ans, j'aurai dit que le téléchargement permettait de faire connaître un groupe. Maintenant, je changerais de discours parce que je trouve que cela a trop tendance à se généraliser, et à vulgariser… Les voitures sont trop chères, l'essence est trop chère, les cds sont trop chères, on peut les télécharger, on ne les achète plus. Si je pouvais télécharger une voiture ou de l'essence, je le ferais. Donc au bout d'un moment, il faut quand même se dire que celui qui en pâtit c'est l'artiste, et oui la maison de disque fait sans doute plus d'argent que l'artiste mais s'il ne vend pas de disque c'est lui qui en pâtira.
Si l'artiste est obligé de signer chez une maison de disque qui ne va pas lui allouer assez de budget pour tourner, ils ne vont pas vendre de disques et au bout d'un moment ils meurent. Pour être totalement libre d'exigences commerciales, pouvoir vivre de sa musique et quitter son boulot, il faut quand même vendre un minimum de disques, il faut que les gens soutiennent le groupe.
Maintenant, on télécharge, on ne sait même pas dire quel artiste on a téléchargé, on écoute un morceau vite fait, on l'aime pas, on balance. Il n'y a plus cette démarche d'acheter un disque, de l'écouter, de lui donner sa chance. Tous les albums qui m'ont marqué dans la vie aussi bien musicalement qu'humainement sont des albums que je réécoute encore aujourd'hui, même vingt ans après, et que je n'ai pas forcément aimé à la première écoute. L'album "Lateralus", je l'ai écouté une fois, je l'ai détesté. C'est peut être en l'écoutant six mois plus tard, parce que je savais que c'était le moment, que je me suis pris une claque monumentale. Si je l'avais téléchargé sans l'artwork, sans savoir l'ordre des chansons, parfois on a même pas le nom de l'artiste, je l'aurais peut-être envoyé à la corbeille. Donc si on télécharge un artiste et qu'on l'aime, il faut acheter l'album.


Hyperunknown : Je suppose que pour le moment tu as une vie professionnelle à côté de Demians, comment comptes-tu faire pour concilier les deux ?

Nicolas : Je ne gagne pas encore ma vie de la musique, mais je ne fais que ça. J'ai travaillé assez longtemps pour maintenant me donner les moyens de pouvoir partir en tourner quand je veux, travailler mes chansons au maximum. Peut-être que dans six mois ça s'arrêtera mais peut-être que dans vingt ans, je me dirai que j'ai pris la bonne décision, je me donne les moyens complets de mes ambitions. C'est le moment ou jamais…


Hyperunknown : Pour finir, y aurait –il une question qui n'ait pas été soulevée et que tu aurais aimé que je te pose ?

Nicolas : (rire) Celle-la…


Merci à Nicolas Chapel de Demians, à Roger et Olivier de Replica Records.


Plus d'informations sur http://www.demians-music.com/
 
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