Struck : C’est un honneur de pouvoir rencontrer le leader d’Opeth. A cet égard, quel effet cela te fait-il de faire partie d’un des groupes de death les plus célèbres au monde ?
Mikael Åkerfeldt : Je ne sais pas... Je le vis bien j’imagine. Depuis que je suis gamin, j’ai toujours voulu jouer dans un groupe. Nous avons lutté pendant pas mal d’années... et aujourd’hui je pense être heureux !
Struck : Opeth devient de plus en plus gros. As-tu une quelconque idée expliquant que votre succès arrive aujourd’hui plutôt qu’auparavant ?
Mikael Åkerfeldt : Je pense que c’est une combinaison de plusieurs facteurs. Nous n’avons pas fait de vraie tournée avant notre cinquième album, on ne nous avait jamais fait d’offre en ce sens. Nous sortions nos albums, nous donnions quelques interviews et c’était tout : personne ne manifestait un intérêt réel pour le groupe à l’époque.
Nous n’avons pas de réel management ou d’agence de réservation de concerts, il n’y avait que nous quatre qui avions ce rêve, cet espoir, et qui attendions que les choses arrivent. Quand nous avons fait « Blackwater Park », nous avons signé avec un management et nous avons bénéficié d’une agence qui nous a permis de commencer à tourner. Et nous avons beaucoup tourné, nous avons tourné jusqu’à la mort à chaque album depuis.
Je pense que, jusqu’à présent, nous n’avons jamais sorti d’album vraiment merdique, nous ne nous sommes jamais dit : « Oh, nous voulons devenir plus gros : faisons un album pop ! ». Nous avons toujours fait ce que nous voulions et nous n’avons jamais -j’insiste là-dessus- fait de concessions artistiques, que ce soit pour les fans ou les maisons de disque. A chaque nouvel album nous avons fait ce que nous voulions faire.
Je pense donc qu’il s’agit d’une combinaison entre de bons albums, une bonne réputation, énormément de tournées, de bons labels qui nous travaillent bien... et une certaine honnêteté !
[IMG]http://www.musicwaves.fr/pics/upload/articles/extras/OPH01.jpg[/IMG]
Struck : A propos de bons albums, pourquoi avoir réédité votre premier album (NdStruck : « Orchid ») ?
Mikael Åkerfeldt : Oh, ça ne dépend pas du tout de nous, c’est le label de notre premier album qui s’est dit : « Oh, Opeth est devenu gros : ressortons leur premier album ! » (Rires). Mais, ce n’est pas quelque chose qui nous gêne, tous les labels font ça et il serait stupide de vouloir que notre discographie ne soit pas disponible.
Il est évident que notre ancien label veut capitaliser sur notre succès actuel et personnellement, je veux que ces albums soient accessibles. Ca ne me dérange pas.
Struck : Est-ce que cette popularité te donne du succès auprès des filles ?
Mikael Åkerfeldt : Pour être honnête avec toi je suis pris, mais je suis sûr que si je le voulais je pourrais avoir une fille différente chaque nuit. Et vu ma tronche c’est un sacré truc (Rires) !
Struck : Plus sérieusement, parlons du nouvel album. Il a été enregistré dans deux studios séparés, comment cela se fait-il ?
Mikael Åkerfeldt : Ce n’était pas vraiment deux studios différents : il s’agissait de deux salles différentes au sein d’un même studio. Ca a été très différent du coup, surtout pour moi : j’ai toujours été le producteur principal des disques, le compositeur principal, etc... donc je veux être là quand chacun enregistre ses parties, que ce soit la batterie, la guitare et la basse. Mais cette fois-ci je n’ai pas pu : quand je travaillais sur quelque chose d’un côté du studio un autre membre était en train de bosser dans l’autre pièce et je ne pouvais pas être là... mais ça a été vraiment libérateur pour moi en fait. Après toutes ces années, le fait que j’ai besoin d’être là est ridicule, les autres membres sont des musiciens très compétents qui savent ce qu’est Opeth aussi bien que moi.
Donc, ça m’a beaucoup libéré de laisser tomber ce besoin de tout contrôler. Ca a fonctionné, le résultat est fantastique et ça m’a permis de rentrer chez moi voir ma famille. Ca a été positif à tous les points de vue et je pense que nous travaillerons comme ça à l’avenir.
Mais ça dépend aussi à quel point le groupe est préparé : nous avions répété pendant des mois avant d’entrer en studio et c’est pour ça que ça n’a pas posé de problème.
Struck : Pourquoi as-tu cessé de travailler avec Steven Wilson (NdStruck : leader de Porcupine Tree et producteur d’Opeth sur « Blackwater Park », « Deliverance » et « Damnation ») ? Penses-tu avoir fait le tour de ce que votre collaboration pouvait offrir ?
Mikael Åkerfeldt : Nous n’avons pas vraiment cessé de collaborer ensemble : je lui avais demandé de produire « Ghost Reveries » mais il n’était pas disponible. Idem pour « Watershed », il ne pouvait pas le faire... il voulait mais n’a pas pu.
Et pour être honnête, je pense que nous pouvons gérer nos albums seuls désormais, le fait que nous ayons un producteur ou pas ne fait plus de grande différence.
Steven a toujours eu une influence décisive sur les voix, il m’a fait beaucoup travailler sur les lignes de chant, les harmonies vocales, les effets de productions, ce genre de choses mais il n’a jamais produit la totalité d’un album d’Opeth...
J’adore travailler avec lui et je pense que ça se reproduira à l’avenir, mais ce n’est pas quelque chose dont nous avons besoin.
Struck : Concernant Jens Bogren qui a co-produit « Watershed », tous les groupes qui ont travaillé avec lui parlent d’un génie musical...
Mikael Åkerfeldt : Oui, il est très bon. Même s’il avait parfois des opinions très tranchées concernant la musique qui m’ont obligé à lui dire : « Ta gueule ! » parfois (Rires), il est très compréhensif envers les artistes et c’est son point fort. Il est très bon pour savoir quelle prise conserver et au niveau des aspects techniques de la production d’un album il est meilleur que toutes les autres personnes que j’ai pu rencontrer... et comme il est jeune, c’est intimidant.
Struck : Tu as écrit 95% de l’album seul. Penses-tu être un maniaque du contrôle ?
Mikael Åkerfeldt : D’une certaine manière oui, j’imagine. Mais c’est une manière de travailler qui est bien rodée pour nous désormais. J’ai écrit la musique depuis le début en fait, et c’est juste comme ça que les choses fonctionnent dans le groupe. Les idées des autres sont toujours les bienvenues par contre et j’ai co-écrit une chanson avec Fredrik (NdStruck : Akesson, guitare) et une autre avec Per (NdStruck : Wiberg, claviers).
Donc, je suis un maniaque du contrôle mais pas un dictateur.
Struck : Tu es le dernier membre originel d’Opeth. Tu n’as pas peur qu’aux yeux des gens Opeth soit le Mikael Åkerfeldt Project, comme Pain Of Salvation qui est vu comme le Daniel Gildenlöw Project ?
Mikael Åkerfeldt : Et bien... si c’est la manière dont les gens voient les choses... c’est vrai que j’ai toujours composé la musique.
J’imagine qui si je quittais le groupe il mourrait, mais j’ai tout de même vraiment l’impression de faire partie d’un groupe. Et d’une certaine façon j’ai l’impression qu’un groupe est une entité plus vaste que la somme de ses membres.
Struck : Mais il n’y a aucun lien entre ton côté maniaque du contrôle et le départ des autres membres ?
Mikael Åkerfeldt : J’imagine qu’il y a toujours des visions positives et négatives qui se superposent. Si tu poses la question à Peter Lindgren, il aura probablement beaucoup de choses négatives à dire sur moi : mais nous avons tous des côtés sombres, je suis très loin d’être parfait.
Je pense que tout groupe a besoin d’un leader solide qui a une vision définie. Quand il y a plusieurs compositeurs dans un groupe, ça peut être fantastique mais ça peut aussi finir en eau de boudin avec tout le monde qui déteste tout le monde. Ca n’a jamais été le cas dans Opeth : personne n’est parti suite à une engueulade. Ca s’est toujours passé amicalement, sans effusion de sang !
Struck : En parlant de sang, pourquoi avoir enregistré un nouveau disque avec Bloodbath ?
Mikael Åkerfeldt : Ca n’était pas prévu que je revienne car je n’ai pas vraiment de temps à consacrer à Bloodbath mais... Jonas (NdStruck : Renske, bassiste de Bloodbath et chanteur de Katatonia) est un de mes meilleurs amis.
Je revenais d’un festival avec ma femme et j’ai reçu un appel de Jonas sur mon portable qui me disait : « Nous sommes en train d’enregistrer un EP, est-ce que tu peux venir chanter dessus ? » et j’ai répondu : « Bien sûr ! ». Et j’ai adoré le faire, j’ai adoré les chansons alors que je ne les avais jamais entendues avant.
Je pensais que Bloodbath et moi c’était de l’histoire ancienne mais il semble que j’ai réintégré le groupe. Ca ne deviendra jamais un projet principal car je n’ai tout simplement pas le temps, mais nous allons donner quelques concerts cet été, et nous allons probablement enregistrer un album ensuite.
Struck : Les claviers jouent un rôle important dans « Watershed ». Vu que tu as écrit les chansons toi-même, quel a été l’impact réel de Per Wiberg dans les lignes de claviers ?
Mikael Åkerfeldt : Per a plus ou moins tout refait à sa sauce pour que ça colle à son style. J’avais écrit la plupart des parties de claviers : en fait, j’avais pratiquement fait le disque en entier avant que nous ne commencions l’enregistrement, j’avais enregistré des démos chez moi qui sonnaient d’ailleurs très bien.
Tout y était, j’avais séquencé les parties que je ne pouvais pas jouer. Il aurait fallu que j’apprenne à jouer les parties de clavier pour qu’elles sonnent comme celles du musicien accompli qu’est Per, à mon avis c’est le meilleur dans sa partie. Si on considère tous ces claviéristes supersoniques comme celui de Stratovarius, il est beaucoup plus orienté classic rock, il a une grande expérience en ce domaine et sonne plus à la Jon Lord (NdStruck : Deep Purple). J’adore son jeu. Il a écouté ce que j’avais fait, réarrangé les parties et se les est appropriées, je lui avais dit au départ : « Si tu veux refaire telle ou telle partie fais-toi plaisir, tu as carte blanche ». Chaque élément est important et je trouve que les claviers sont beaucoup plus en avant sur cet album.
Struck : Justement d’où te vient cette fascination pour la scène psychédélique des années 70 ?
Mikael Åkerfeldt : Je ne sais pas, c’est quelque chose que j’ai développé suite à mon goût pour la musique en général. J’ai toujours eu une approche de collectionneur en matière de musique et je m’intéresse à toutes sortes de musiques. Quand j’étais à fond dans le heavy, j’aimais déjà le look des amateurs de la musique seventies, c’était un truc visuel à la base : leurs jeans, leurs bières, leurs cheveux longs... je les trouvais cools et j’accrochais aux artworks de leurs disques.
J’ai commencé à écouter quelques albums à cause de ça et comme de bien entendu, j’ai adoré ce que j’ai écouté. Depuis vingt ans, je collectionne des disques et j’adore les thèmes des seventies car ça dégage une grande honnêteté.
Ce n’était pas fait dans l’idée de vendre beaucoup de disques même si c’était une musique très populaire. Ils avaient une liberté infinie pour faire ce qu’ils voulaient et certains de ces albums sont très difficiles à écouter d’un trait, ça rend presque malade. Mais c’est très intéressant.
Struck : La drogue était indissociable de la création artistique dans la scène psyché. Quelle est ta position par rapport à elle ?
Mikael Åkerfeldt : Je pense que c’était plus une part d’un mouvement général : ils étaient jeunes, ils avaient un tempérament artistique, ils voulaient créer de grands tableaux, écrire de la grande poésie... et ils ont fait des expériences multiples dont les drogues, mais aussi le sexe, etc... Ca faisait partie du mouvement et je ne pense pas que la drogue ait eu une quelconque influence sur la qualité de la musique produite à l’époque.
Je pense néanmoins que certains groupes ont produit leurs meilleurs albums sous l’influence des drogues et c’est horrible quand on y réfléchit. Nous n’avons jamais été un groupe à drogue, je n’en ai seulement jamais acheté moi-même.
Struck : Est-ce que ça signifie qu’Opeth sonnerait mieux si tu en prenais (Rires) ?
Mikael Åkerfeldt : Peut-être. Je devrais commencer à me défoncer en fait.
Struck : Sur « Burden », on trouve des parties de guitare très dissonantes. Est-ce que la musique expérimentale d’avant-garde t’intéresse ?
Mikael Åkerfeldt : Bien sûr. Je m’intéresse à tous les styles de musique. Je ne me force pas à explorer un genre par contre, il faut que je trouve d’abord une once d’intérêt à l’écoute quand je découvre quelque chose de nouveau.
Je ne peux pas écouter les groupes qui font du bruit pur, ce n’est pas pour moi. Mais j’aime des trucs expérimentaux, avant-garde, industriels... je n’écoute pas ça pour y trouver des mélodies, il y a juste une énergie négative qui est tellement étouffante que je trouve aucun équivalent dans le métal. D’une certaine manière, c’est la musique la plus noire et maléfique que je connaisse. Je m’intéresse aux musiques vraiment extrêmes, dans la limite de mes goûts personnels.
Dans « Burden », si tu fais référence à la fin où tout s’effondre, c’est une idée qui m’est venue sur le moment et je n’avais pas une quelconque influence en tête quand j’ai écrit cette partie.
Struck : La partie de flûte dans « Hessian Peel » a un côté très frais à l’écoute. Peux-tu t’imaginer enregistrer un disque de folk pur ?
Mikael Åkerfeldt : Mmm... pas vraiment. Je vois plutôt le folk comme une influence à incorporer. J’écoute beaucoup de folk-rock, surtout des groupes anglais et scandinaves, j’aime beaucoup. Ca m’a beaucoup influencé au tout début mais à force, tout ça a fini par me gaver, je ne pouvais plus en écouter. Mais pour je ne sais quelle raison dans le dernier album, j’ai pu à nouveau en incorporer un peu.
J’adore le fait qu’en ce moment ce genre de tradition revienne dans la musique, mais pour le plan en question ça c’est fait sur le moment, nous n’allons pas devenir un groupe de folk-rock. Nous sommes juste un groupe de rock-métal à l’esprit ouvert et nous utilisons n’importe quoi du moment que ça nous plaît sur le moment.
Struck (citant la bio fournie par le label) : Tu as dit que tu avais réduit la part des growls car tu n’avais plus besoin de te cacher derrière des hurlements désormais. Est-ce que pour toi utiliser un chant hurlé implique forcément que l’on cache ses émotions ?
Mikael Åkerfeldt : Je pense qu’il s’agit d’un malentendu et que certains des propos que j’ai pu tenir ont été déformés. Je n’ai jamais dit que je me cachais derrière mes hurlements, j’ai toujours pensé qu’ils faisaient partie intégrante de notre son.
J’aime toujours hurler, mais je dois adapter ma façon de chanter à ce que demande la chanson : un album comme « Watershed » appelle un certain type de chant. Mais il y a de fortes chances que le prochain album soit plus old-school.
Struck : C’était justement ma question suivante : le futur d’Opeth ne se dirige donc pas vers un nouveau « Damnation » ?
Mikael Åkerfeldt : Non, pas du tout. Je ne peux pas vraiment dire où le futur nous emmènera mais je ne ferai jamais un choix délibéré et dire : « Ok, nous allons arrêter le growl ! » car je suis toujours mon humeur du moment et ce qui me semble correspondre aux besoins de la chanson.
Evidemment, si à un moment donné, je ne suis plus capable de chanter d’une manière qui fait sonner le tout il me faudra reconsidérer ma manière de chanter. C’est toujours une partie importante de la composition, et ça dépend toujours de l’essence des chansons.
[IMG]http://www.musicwaves.fr/pics/upload/articles/extras/OPH02.jpg[/IMG]
Struck : Tu te vois donc toujours growler dans dix ans ?
Mikael Åkerfeldt : Oui. Si je compose toujours, si j’en suis toujours capable et si la chanson le demande, bien sûr.
Struck : Tu n’as pas peur d’être trop vieux pour ça un jour ?
Mikael Åkerfeldt : Eventuellement, si j’ai besoin de béquilles sur scène il faudra voir (Sourire)... mais je ne sais pas, je pense que tant qu’on est capable de faire les choses, il n’y a aucune raison d’être limité par son âge.
C’est comme de dire qu’on n’a plus le droit de sortir faire la fête à partir d’un certain âge...
Struck : Tu n’as donc pas de vision à long terme de ta carrière ?
Mikael Åkerfeldt : Pas vraiment. Ma seule ambition concernant le futur est de pouvoir continuer à faire ce que j’ai envie de faire.
Struck : Les chansons sur « Watershed » sont très longues. Ca ne t’arrive jamais lors de l’écriture de te dire qu’il est temps de boucler une chanson ?
Mikael Åkerfeldt : Non. En fait, par le passé il m’est arrivé de me dire qu’il était temps de finir une compo, de regarder l’horloge et de me dire que finalement non, j’allais la continuer (Rires). J’écris toujours jusqu’au moment où je me sens apaisé, et pour moi ce n’est pas négatif d’avoir de longues chansons, ou des chansons courtes... le seul truc négatif, c’est quand elles sont merdiques.
Je suis l’humeur du moment et j’écris jusqu’au moment où j’ai l’impression que la chanson est finie. J’ai composé beaucoup de chansons dans ma vie et j’ai pas mal confiance en mon propre instinct quand il s’agit de reconnaître la fin d’une chanson.
Struck : Imagine-toi en tant que vendeur de disques. Comment vendrais-tu « Watershed », comment le décrirais-tu ?
Mikael Åkerfeldt : Hmmm... Psychédélique. Expérimental. Cru au niveau du son. D’une certaine manière... et je sais que pour beaucoup de gens ça va sembler prétentieux mais pas pour moi (il réfléchit) : je pense qu’il provoquera comme une attaque mentale pour certaines personnes.
Si on plonge complètement dans l’album, avec l’artwork, si on s’immerge dans le symbolisme qu’il y a dedans, on... (il cherche ses mots un moment) disons que si une personne avait une attaque cérébrale en écoutant l’album : ça me ferait plaisir (Sourire).
Mais il y a énormément de symbolisme dans la musique, l’artwork, les paroles... je n’avais jamais autant travaillé chaque détail d’un album.
Struck : A ce propos, tu as travaillé avec Travis Smith sur l’artwork. Etait-ce la première fois que tu t’impliquais dans le processus ?
Mikael Åkerfeldt : Non, en fait Travis part toujours d’une idée que je lui soumets pour faire nos artworks. Il est parfait. Je lui avais dit ce que je voulais, cet assemblage de photos... et il m’en a soumis de nouvelles ensuite.
C’est un type en or avec qui il est très facile de travailler, et il est également très rapide. L’artwork de cet album va être nickel chrome, en particulier celui de l’édition spéciale.
Struck : Si tu devais faire découvrir Opeth à une personne ne connaissant pas le groupe, quelle chanson choisirais-tu et pourquoi ?
Mikael Åkerfeldt : (Il réfléchit) Ca dépend du genre de personne que j’aurais en face de moi. Nous avons un public très large et varié qui va des gamins de 17 ans à...
… Si je devais faire découvrir Opeth, à la fille magnifique qui est derrière le bar, là, je lui ferais probablement écouter quelque chose comme « Burden ».
Pour toi, ce serait « Hessian Peel », ça te plairait probablement car il y a un peu de tout dedans... ce n’est pas que la demoiselle est forcément limitée à la pop, hein, mais l’histoire nous prouve que le public féminin s’appréhende plus avec des chansons calmes.
Struck : Qu’est-ce que tu voulais faire quand tu étais enfant ?
Mikael Åkerfeldt : Jouer de la musique... mais je voulais aussi devenir un tennisman ou un footballeur professionnel. Donc, j’ai joué au foot depuis mes cinq ans jusqu’à mes quinze ans et j’ai aussi joué au tennis pendant cinq-six ans. Mais dès que j’ai eu ma première guitare électrique je n’avais plus la motivation pour aller m’entraîner.
A part être musicien, j’avais aussi envie de travailler dans un magasin de disques et dans un magasins d’instruments de musique, et j’ai fait les deux.
Struck : Tu es fier de ce que tu es devenu ?
Mikael Åkerfeldt : Oui. Tu sais, je suis vraiment fier de la musique. Le groupe a dû traverser beaucoup de merdes, il y a beaucoup de choses négatives qui ont eu pour cause notre statut de musiciens, en fait, mais au final je ne pourrais pas être plus heureux.
Ce que nous sommes aujourd’hui est quelque chose que j’ai créé à partir de rien, et seul. Le groupe comporte des types géniaux avec qui j’adore travailler et qui sont d’excellents musiciens, l’organisation du groupe est bien pensée et nous arrivons à vivre de notre musique. J’ai une famille qui me soutient dans ce choix que j’ai fait. C’est bien.
Struck : Tu connais des groupes français ? Si oui lesquels ?
Mikael Åkerfeldt : J’adore Magma. Il y a aussi The Old Dead Tree, nous avons joué avec eux... (il réfléchit) il y a Ange aussi.
Struck : Ce qui est amusant c’est que tous les artistes étrangers à qui j’ai posé la question ont mentionné Gojira...
Mikael Åkerfeldt : Je les connais, oui.
Struck : ... ça montre que tu es plus influencé par les seventies que par la scène métal moderne. Y’a-t-il un groupe français avec qui tu aimerais tourner ?
Mikael Åkerfeldt : J’adorerais tourner avec Magma. En fait, je suis un ami de leur agent : Christian Vander (NdStruck : batteur et leader du groupe) ne connais pas Opeth, pour ce que j’en sais, mais d’autres membres du groupe ont écouté nos albums et les ont appréciés.
Ce serait génial si ça arrivait mais je serais très intimidé, j’ai un peu peur de Christian Vander à vrai dire (Rires).
Struck : En parlant de tournée, quelles sont tes impressions concernant la tournée américaine avec Dream Theater ?
Mikael Åkerfeldt : Bonnes. On le voyait venir depuis pas mal de temps, nous avons ouvert plusieurs fois pour eux par le passé. Je suis fan depuis des années, depuis la sortie de leur deuxième album (NdStruck : « Images And Words ») en fait. C’est intimidant car ce sont de tels musiciens...
Struck : Tu te défends aussi...
Mikael Åkerfeldt : Je ne peux pas rivaliser avec ces mecs !
Struck : Quand on évoque Dream Theater et Opeth, on pense inévitablement à ce side-project de rêve avec Steven Wilson, Mike Portnoy et toi qui a déjà été évoqué sur le Net. Qu’en est-il ?
Mikael Åkerfeldt : Pas grand-chose. Le buzz que ça a créé il y a un an m’a refroidi car je ne veux pas qu’on voie ça comme un super-groupe ou je ne sais quoi.
C’est quelque chose dont nous avons parlé avec Steven lors de notre première rencontre en 1999, nous nous sommes juste dit : « Ce serait cool que nous écrivions de la musique ensemble ! ». Mais si ça trouve ça ne fonctionnerait pas, peut-être que ça serait merdique ! J’adore Steven en tant qu’ami et j’aime sa musique... puis Mike Portnoy a entendu parler de l’idée et nous a contacté à ce propos.
Mais le truc du super-groupe n’est pas quelque chose qui m’intéresse forcément, en particulier la manière dont ça serait présenter, « le nouveau super-groupe blablabla » alors qu’il ne s’agit jamais que de trois mecs qui font de la musique.
Si jamais ça arrive, ça sera un projet purement musical. Et si jamais un disque sort suite à ça, ce sera de manière confidentielle.
Struck : Tu connais quelques mots français ?
Mikael Åkerfeldt : J’y pensais justement... Je connais les habituels comme (En français dans le texte) : « Merci, merci beaucoup ». Je le dis pendant les concerts, en fait, je demande souvent à un type d’un pays où on va comment on dit merci dans la langue du pays.
Sinon, je ne sais pas prononcer correctement (En français dans le texte) : « Au revoir », les trucs de base...
A l’école, on avait le choix entre étudier le français, l’allemand et l’espagnol et j’ai choisi l’allemand pour je ne sais quelle raison. J’ai presque tout oublié.
Struck : Pour finir, as-tu quelque chose à dire à nos lecteurs ?
Mikael Åkerfeldt : Salut, ça va (Rires) ? Et aussi... merci pour le soutien s’ils nous soutiennent.
[IMG]http://www.musicwaves.fr/pics/upload/articles/extras/OPH04.jpg[/IMG]
C’est sur ces quelques mots que se termine cette rencontre avec Mikael Åkerfeldt qui montrera un véritable intérêt à son interlocuteur du jour -en l’occurrence votre serviteur Struck- en me questionnant sur mon activité professionnelle, avec qui nous échangerons les photos de nos enfants respectifs…
Bref, un grand monsieur qui au-delà de cette sa promotion saura se montrer aussi disponible et humble qu’il est talentueux : c’est peu dire !
Avant de se quitter, il se prête avec la bonne humeur qui le caractérise au jeu des photos souvenirs avec le nouveau guitariste Fredrik Akesson qui nous a rejoint pour l’occasion.
Avant de finir, n'oublions pas de remercier grandement toute l’équipe Roadrunner !
Plus d'informations sur http://www.opeth.com