EDITO DE JUILLET-AOÛT

Depuis combien de temps n'avez vous pas vu un groupe sur scène ?
Si vous me répondez que les concerts sont chers et qu'il est difficile d'avoir des places, c'est que nous ne parlons pas de la même chose.
Les concerts de AC-DC ou d'Aerosmith, la reformation sur scène de Led Zeppelin ou de Police, les adieux de Genesis sont bien sûr des évènements grandioses car ces groupes sont des icônes pour tous les amateurs de rock, qu'il soit hard ou progressif, mais ces spectacles ne se font pas avec vous. Vous aurez beau crier et faire des gestes, Jimmy ou Tony ne vous verront pas. Vous subirez des images sur écrans géants, mais vous ne verrez que ce que la régie vous montrera.

Depuis quelques années, j'essaie d'honorer de ma présence des représentations beaucoup plus intimes, des close-up musicaux en quelque sorte. Quand je suis dans une salle à taille humaine, malgré l'inconfort parfois, ou une acoustique mal adaptée, il m'arrive d'être à moins de trois mètres des musiciens. Les artistes qui hantent ces lieux sont souvent de vrais passionnés qui prennent un plaisir visible à jouer pour un public, fût-il très limité.
Dans ces conditions de promiscuité, la magie opère dans les deux sens. Le spectateur est au coeur de la musique et le musicien voit en direct l'effet provoqué par ses prouesses.

Essayez un jour de participer à une de ces grands messes de la musique que sont les festivals tels Prog'Sud ou la convention Prog-Résiste et vous comprendrez ce que je veux dire. Je cite ces festivals de rock progressif parce que je suis client de ce genre musical, mais je pense que mon raisonnement peut s'appliquer à d'autres mouvances.
Pour une somme modique, vous pouvez rencontrer plusieurs groupes dans des conditions propres à rejouir l'âme. Et je dis rencontrer car il s'agit vraiment d'une rencontre interactive où le spectateur est acteur de la réussite du spectacle.

J'exagère ? Non, pas le moins du monde. Je vous assure avoir vu les yeux humides d'un chanteur suédois ému par la réceptivité d'un public de 250 personnes. J'ai assisté aux échanges humoristiques entre un guitariste italien et quelques spectateurs belges ravis. J'ai entendu les réponses d'un flûtiste-claviériste hollandais aux invectives amicales de fans embierrés. J'ai bu une blanche à coté de Kerry Livgren. J'ai discuté avec Christian Décamps. J'ai salué les musiciens de La Mascera, de Finistere et de Mangala Vallis, et tant d'autres, français, belges, hollandais, allemands, suédois, norvégiens, etc, etc...

La magie de cette proximité opère surtout au niveau de la perception différenciée des instruments. Vous regardez le guitariste et vous entendez les cordes qui vibrent, vous regardez le batteur et l'écho des toms vous frappe à l'estomac ... Dans ces conditions, même si vous n'êtes pas fan de néo vous apprécierez le show de Pallas, ou encore celui d'After Crying malgré vos réticences face à une musique classisante et complexe. Tous les musiciens sont passionnants quand on peut vraiment voir leur jeu. Pour peu que le set soit court, vous n'aurez jamais le temps de vous ennuyer. J'ai rarement pensé "enfin !" à la fin d'une prestation, par contre j'ai souvent crié "encore !".

Allez, je ne vais pas vous embêter plus longtemps avec mes DMLA°, je vous souhaite de bonnes vacances et une rentrée chargée en concerts à taille humaine. Vous verrez, on en ressort toujours heureux, en se disant que, si un prochain concert a lieu, on y sera un petit peu pour quelque chose.

* : Délires Musicaux Liés à l'Age.