MILS (17 MAI 2017)

Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?

Tristan : C’est plus la réponse à une question qu’on nous pose souvent que l’on donne trop : « Quand est-ce que vous venez jouer chez nous ? » Malheureusement on n’apporte pas assez souvent de réponses satisfaisantes à cette question à notre goût au vu des demandes que l’on a.


Il nous a semblé intéressant de travailler sur un format EP dans lequel nous nous sommes contraints à aller à l’essentiel


Pourquoi le format EP pour "We Fight / We Love" ?

Tristan : Après notre premier album, nous voulions aborder un virage un peu plus rock et plus direct. C’est dans cette optique que Mélodie nous a rejoints. Une fois le nouveau line up formé, il nous a semblé intéressant de travailler sur un format EP dans lequel nous nous sommes contraints à aller à l’essentiel. Il y a eu un travail de sélection des  nouveaux titres que nous avions écrits pour tirer la quintessence de ce virage plus rock.


Est-ce annonciateur d'un album dans un futur proche ?

Tristan : Là encore on ne sait pas encore nous-mêmes si le prochain disque sera un LP ou un EP, mais il est vrai que l’on n’attendra pas autant de temps entre ce disque et le prochain. Il est d’ailleurs très probable qu'on envisage la sortie d'un ou deux singles très vite avant de nous projeter sur la réalisation d’un projet plus conséquent comme un album.


Ne craignez-vous pas que ce format ne vous offre pas une exposition maximale ?

Tristan : Pas forcément, parce qu’on sent aussi que le public ne consomme plus la musique comme avant. Aujourd’hui nous sommes dans un monde où il faut aller vite, et convaincre rapidement. C’est ce que nous avons essayé de faire avec ce disque. Il  n'est d’ailleurs pas rare de voir aujourd’hui des groupes percer avec seulement deux bons titres simplement accompagnés de clips. Ça se fait beaucoup dans d'autres styles, peut-être moins dans le rock.





Sinon : le format EP peut-il être le moyen de proposer des sorties plus régulières ?

Tristan : Oui, en effet ça peut l’être, même si en ce qui nous concerne le choix d’un EP plutôt qu’un LP ne résulte pas d’un manque d’inspiration ou de titres, mais bien d’un exercice que l’on s’est imposés pour produire un disque qui convainc rapidement, quitte à créer un peu de frustration pour ceux qui aimeraient un disque plus long.


Je suppose que Mils n'est pas un full-time group. Comment conciliez-vous l'écriture, les concerts, la promo et la vraie vie ?

Tristan : Effectivement, tout gérer relève parfois du casse-tête quand il s’agit de concilier les plannings. On a tous plusieurs autres projets à coté et il faut en effet jongler avec cela. Ceci étant dit, nous avons la chance que l’équipe se complète bien, et chacun peut prendre ses parts de responsabilité quand il s’agit de devoir gérer les interviews, la communication, la promotion, le booking…


Indéniablement ce disque est plus rock


Mils est souvent catalogué dans l'electro-rock, mais l'EP semble un peu plus rentre-dedans que "Man Is A Lonely Soldier" avec l'arrivée de Cerise qui apporte également dans l'aspect rock avec une seconde guitare. Est-ce un choix artistique délibéré ?

Tristan : Indéniablement ce disque est plus rock, plus direct que le premier disque sur lequel nous avions pris le temps d’explorer plusieurs de nos influences. C’est le parti pris de cet EP, et c’est ce qui nous a conduits à choisir ce format plutôt qu’un LP. Il faut aussi souligner l’influence de Mélodie qui nous a donné de nouvelles inspirations au niveau de l’écriture. De la même manière, l'arrivé de Cerise tient aussi au fait qu'on voulait garder la touche « new wave » notamment sur scène en jouant les basses au synthé analogique. Il nous fallait alors une deuxième guitare pour venir étoffer notre son.


L'arrivée de Mélodie au chant est-elle à l'origine de ce regain d'énergie dans les compos ?

Tristan : Indiscutablement, lorsqu’on a une chanteuse comme Mélodie cela a des influences sur les morceaux, et sur l’inspiration artistique. Mélodie a cette chance de pouvoir chanter tout ce qu’on lui propose avec brio. Elle a également un tempérament de feu qui nous a aussi poussés à explorer ces nouvelles sonorités. Après, l'énergie de l'EP est ce dont on avait envie sur le moment. Ça ne veut pas nécessairement dire que le prochain disque sera exactement dans cette ligne-là, bien que l'on ait la sensation de s'être un peu trouvés avec cet EP. Néanmoins, nous nous laisserons toujours aller là où notre inspiration nous mène, sans frontière de styles, d’influences…


Sa voix est surprenante de puissance sur 'Escape' et sur 'Come Home' notamment, dans un registre entre Pat Benatar et Bonnie Tyler. Pensez-vous que cela peut permettre à l'album de toucher un public plus large ?

Tristan : Oui, Mélodie a vraiment une voix qui est unanimement appréciée, reconnue, et surtout qui ne passe pas inaperçue. Sa voix se marie pour le coup parfaitement à notre musique, et en ce sens oui, nous pensons que ce mariage de la voix et de la musique devrait nous permettre de toucher un public plus large, en tout cas on l’espère.


Parlez-nous de la collaboration avec Duja sur 'No Body'. D'où vient ce choix ? Une opportunité ?

Tristan : Duja on le connaissait déjà par son travail dans MXD, groupe qu’on apprécie tous énormément. Par la suite, nous avons eu la chance de pouvoir faire plusieurs dates avec eux, et l’idée de l’inviter sur notre disque est apparue naturellement.  Cela s’est ensuite fait naturellement aussi grâce au Dowtone Studio (chez qui nous avons enregistré nos deux disques) qui fait partie de MXD (et SAMAEL aussi). Au final, comme sur le premier disque avec Benjamin (Sybreed) et Steve (This misery garden) on a utilisé ce "réseau suisse" qui fait partie de notre entourage mais  surtout qui est composé d’excellents artistes avec lesquels il est toujours stimulant de travailler.


Vous sentez-vous proche de son travail avec MXD ? Il œuvre dans un metal beaucoup plus électro.

Tristan : Effectivement MXD est un groupe de metal ce que nous ne sommes pas. Néanmoins nous nous sentons proches de leur univers et de leurs inspirations, notamment grâce au travail de SOLEX et sur les disques. La recherche et le travail effectué sur le son sont aussi des éléments sur lesquels nous nous rejoignons.  Même si au final nous ne faisons pas la même musique, nous avons des aspirations qui se rejoignent et peut-être même qu’à l’avenir il se pourrait qu’on fasse plus d’emprunts à l’univers de MXD car on ne veut pas se fixer de limite ou de barrière en terme d’inspirations ou de style.


Nous [ne nous sentons pas] directement influencés par des groupes metal au niveau de la composition même si nous aimons beaucoup faire des emprunts à ce style



De quels autres artistes de la scène metal (ou non) vous sentez-vous proches ?

Tristan : Ça va sembler bizarre mais il ne nous semble pas que nous soyons directement influencés par des groupes metal au niveau de la composition même si nous aimons beaucoup faire des emprunts à ce style. Par contre, nous sentons proches du metal notamment pour tout ce qui concerne le son, l'approche, la production.  Nous avons d’ailleurs de solides références en commun au sein du groupe comme Paradise Lost, Rammstein, Katatonia, ….


Quelles sont vos influences en général ?

Tristan : Au niveau de la composition,  des groupes comme Depeche Mode, Nine Inch Nails, mais aussi Muse et Pink Floyd. La dimension épique nous vient plutôt de compositeurs comme Hans Zimmer. Après dans le son effectivement nous aimons nous inspirer du metal pour la puissance, mais aussi la créativité avec des groupes comme Leprous.


Le line up du groupe semble bien mieux équilibré désormais. Vous inscrivez-vous dans des perspectives d'avenir ensemble ? Quels sont les projets de Mils ?

Tristan : Le line up correspond effectivement bien aux aspirations du moment qui sont très rock, et qui nous donnent envie d’assurer une grosse présence sur scène. Le groupe vit bien ensemble donc les ambitions grandissent également. Aujourd’hui beaucoup d’efforts vont être portés sur la partie booking car ce disque nous donne vraiment envie de le défendre sur scène. A côté de cela,  nous travaillons aussi sur d’autres projets pour Mils mais dont malheureusement nous ne pourrons pas parler maintenant. Il faudra rester connecté pour avoir les prochaines infos …. Ce qu'on peut vous dire c'est que l'on ne manque pas d'idées et que l'on va se montrer ambitieux.


Avez-vous déjà d'autres titres pour un futur album ou un autre EP ?

Tristan : Oui, nous n’arrêtons jamais d’écrire de la musique. Nous avons déjà beaucoup de titres qui sont déjà prêts à être produits. Il nous restera à choisir ceux qui feront partie du prochain disque ou pas, et si le prochain disque sera un EP ou un LP. Il nous semble aujourd’hui, qu’après avoir sorti un EP, nous puissions avoir envie de produire un LP. L’avenir nous le dira.
Ceci dit, nous travaillons déjà à nos futures collaborations, et il n’est pas impossible que nous sortions un ou deux singles avant le prochain disque.


Qu’attendez-vous de ce nouvel album ?

Ben : Personnellement j'aimerais qu'il nous donne le moyen de franchir un palier, et nous permette de tourner au maximum et dans de bonnes conditions, ce qui n'est malheureusement pas souvent le cas en France quand on n'est pas soutenu par un tourneur ou un label puissant.

Tristan : Oui mais je rajouterai aussi que tout simplement nous attendons que les gens aiment le disque et nous aiment nous par la même occasion. Et si grâce à ça le groupe peut franchir un palier ça sera tant mieux.





Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?

Ben : Le fait d'avoir joué sur plusieurs gros festivals, le live reste le meilleur endroit pour s'accomplir en tant que musicien. Quand en plus c'est devant du monde et dans des endroits magiques, à mon sens on ne peut pas rêver mieux !

Tristan : C’est pareil pour moi aussi. Même si j’adore le travail en studio, se produire sur une scène, jouer notre musique et avoir un retour positif de la part des gens est très grisant. En ce sens j’aurai du mal à dégager un moment en particulier car aller à la rencontre des gens réserve à chaque fois son lot d’émotions et il me serait impossible d’en ressortir un plus qu’un autre.


Au contraire le pire ?

Ben : Honnêtement je n'en ai pas, même les plans les plus foireux je m'en suis toujours servi pour avancer. Au final j'aurais un tas d'anecdotes à raconter mais je n'ai pas de pire souvenir ! Ça reste de la musique on se doit de rester optimiste (Sourire)

Tristan : Les pires ça serait facile de parler de toutes les galères de route avec les camions qui ne marchent pas, la promiscuité de certains plans logement après les concerts… Mais après tout, c’est aussi ce qui rend tout ça drôle et nous donne envie de continuer le combat "We Fight / We Love".


Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?

Ben : Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour le futur du groupe ? J'aurais beaucoup à déballer (Sourire)

Tristan : Puisque c’est partie libre on va en profiter : veux-tu faire la première partie de Muse ou Rammstein au Stade de France ?


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?

Ben : Continuez de soutenir vos groupes locaux, nationaux, la France du rock en a bien besoin ! Il y a beaucoup de qualité dans notre pays. Les groupes indépendants qui ne sont pas soutenus par les grands médias ne peuvent compter que sur vous et sur les webzines comme Music Waves pour faire vivre le Rock et le Métal en France ! Je me rappelle avoir vu Gojira live il y a 15ans, le reste du monde ne les découvre que maintenant, et c'était déjà monstrueux à l'époque, alors bougeons-nous ! Il y a moyen de prendre une baffe tous les week-ends avec des groupes made in France.

Tristan : En effet, sans le public et les webzines comme Music Waves, les groupes indépendants et autoproduits comme nous auraient du mal à exister. Alors continuez à soutenir la scène indépendante, allez aux concerts, chroniquez les disques pour que vive longtemps la diversité dans la musique !


Merci à ProgRacer pour sa contribution...