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TITRE:

PSYGNOSIS (01 JUIN 2017)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

METAL PROGRESSIF



Psygnosis pratique un death metal avec du violoncelle. il n'en fallait pas plus pour intriguer Music Waves : interview....
STRUCK - 03.07.2017 -
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Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?

Raph : Concrètement, c’est ma deuxième interview, donc… difficile de répondre ah ah

Rémi : "Pourquoi vous n'avez pas de batteur ?" est la grande championne !


Votre actualité est la sortie de votre nouvel album "Neptune", comment vous sentez-vous quelques mois après ?

Raph : L’album est sorti il y a un peu moins d’un mois (le 15 mai) et pour l’instant nous sommes très satisfaits des retours que l’on a. Beaucoup de gens sont sensibles à ce nouveau Psygnosis instrumental « sans chanteur, ni batteur » et pour ma part (qui étais un peu anxieux de savoir comment serait perçu le violoncelle), je suis vraiment touché de constater des réactions aussi enthousiastes !

Vos albums précédents ont reçu de bons retours, comment avez-vous vécu ça ?

Rémi : Très très mal, je déteste qu'on dise du bien de notre musique, je déteste qu'on en parle d'ailleurs ! Je me serais senti beaucoup mieux si on nous avait dit que notre musique était horrible. C'est pour ça qu'on a fait un morceau intitulé "Psygnosis is Shit" !... Evidemment qu'on a bien vécu les bons retours, mais ça ne nous a pas mis plus de pression, on se met nous-même la pression pour faire mieux que l'album précédent, ce sera toujours le cas je pense.

 

Vous avez récemment participé à un festival dans un opéra, qu’est-ce que vous retirez de cette expérience ?

Raph : En fait j’avoue avoir du mal à mesurer ! Sur le coup, c’était vraiment un truc incroyable. Il y avait cette énergie et cette excitation qui nous électrisait tous, ce lieu à la fois grandiose mais pourtant très intimiste… ce sont de sacrés souvenirs ! C’était un live où l’on s’est vraiment fait plaisir et je crois que les gens l’ont ressenti.


J'aime cette idée de "la limite avant l'inconnu", c'est flippant et fascinant


Vote actualité est la sortie de votre nouvel album "Neptune", pourquoi ce titre ?

Rémi : Pour plusieurs raisons. Neptune représente plusieurs choses pour moi, elle est la dernière planète de notre système Solaire, c'est un peu le dernier astre connu avant de tomber dans l'infini et l'inconnu. C'est loin de chez nous mais elle reste malgré tout plus familière ! Et j'aime cette idée de "la limite avant l'inconnu", c'est flippant et fascinant. C'est un peu ce que j'ai voulu faire quand j'ai composé cet album, toujours rester un peu en terrain familier tout en y mettant de nouvelles choses !

Raph : Je trouve que l’album permet de visualiser beaucoup d’images, mais des images qui ne seraient pas uniquement liées à notre propre référentiel terrestre, à notre propre contexte. Il donne cette impression de voyage, de déplacement vers un autre part, une impression de mouvement. Neptune est un mot qui, comme le dit Rémi, renvoie à l’inconnu. Et de ce fait, il autorise les fantasmes et les projections. En gros, c’est un mot de tous les possibles.

 

Est-ce un concept album ?

Raph : Non, il n’a pas été composé dans ce sens. Enfin je ne crois pas, Rémi ?

Rémi : Non, il y a une idée derrière chaque morceau mais pas pour l'intégralité de l'album.

 

Cet album est totalement instrumental, pourquoi avoir abandonné le chant ?

Rémi : En fait la première sortie de Psygnosis en 2009 n'avait que très très peu de chant, certains diraient que c'est plutôt un retour aux sources. Si on nous avait demandé pourquoi on avait pris un chanteur en 2011, on aurait pu répondre "pour faire comme tout le monde", ce qui est une mauvaise raison. On a abandonné le chant pour plusieurs raisons, Yohan a dû quitter le groupe suite a des raisons de santé, on en a auditionné plusieurs mais aucun qui arrivait à son niveau. Plutôt que d'avoir un moins bon chanteur on a décidé de partir dans une direction différente et on a demandé à Raphaël de nous rejoindre à temps plein !


Je n'aime pas faire quelque chose qui existe déjà, de refaire la même chose. Ça n'a pas de réel intérêt artistique.


Est-ce difficile de sortir des sentiers battus et de proposer un album de musique et pas de chansons ?

Raph : Sortir des sentiers battus n’est pas un objectif en fait. Nous faisons la musique qui nous parle et qui nous correspond : on ne cherche pas à « paraître » ou bien à faire de la musique pour tel ou tel type de public. Donc dans ce sens, il n’y a pas de difficulté, non. Psygnosis, c’est juste un reflet de ce que nous sommes. Par contre, composer du violoncelle sur tout le barda de Rémi, ça c’était un sacré challenge ouais !!

Rémi : Je ne fais pas spécialement en sorte de sortir des sentiers battus, mais je n'aime pas faire quelque chose qui existe déjà, de refaire la même chose. Ça n'a pas de réel intérêt artistique. Mais quelle que soit la manière de faire, que ce soit des morceaux de 10 minutes comme nous ou des couplets/refrains de 4 minutes, c'est de toute façon un exercice de composer un bon morceau. Et c'est ça notre objectif au final, ce n’est pas de sonner comme le nouveau groupe mega-innovant mega-original, mais de faire de bons morceaux.

 

Est-ce en lien avec le fait de jouer dans un opéra, de proposer une symphonie moderne et d’étirer les limites du genre ?

Raph : L’album était déjà composé lorsque l’opéra est arrivé, donc il n’y a pas de lien direct entre la composition et cet événement. Après à l’inverse, les groupes qui ont joué lors de ce concert avaient une légitimité car ils proposaient quasiment tous quelque chose qui a à voir avec la musique classique. Pour répondre à ta question sur les limites du genre, ça rejoint nos propos de l’instant : il n’y a pas de volonté directe de repousser des barrières ou de croiser des genres. Disons qu’on ne fait pas cela dans ce but ! Psygnosis, et la musique en général en fait, c’est avant une question d’êtres humains qui ont quelque chose en eux et qui l’expriment. Chacun est différent et vient apporter son truc et c’est dans ce sens que la nouveauté apparaît et que les genres s’étendent et se croisent.

 

On pourrait qualifier votre musique de post-death, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Raph : Hum l’étiquetage c’est une question de sensibilité, c’est donc assez subjectif ! Pour ma part, je verrais plutôt du prog instrumental atmosphérique avec un peu de blast dedans ! Mais tu as raison, il y a un côté post qui est généré par les nombreuses atmosphères. Je trouve aussi que la dénomination « metal cinématographique » qu’a inventé Hypno5e pourrait nous coller plutôt bien.

Rémi : Je préfère dire qu'on fait du "metal qui défonce"

 

Vos compositions oscillent entre le death plein de rage et des parties planantes, presque post metal, est-ce au fond votre identité les climats éthérés plus que la violence pure ?

Raph : Le contraste calme / tempête a toujours existé dans Psygnosis. "Neptune" possède davantage de parties atmosphériques que ses prédécesseurs mais celles-ci n’auraient peut être pas la même sens – ou en tout cas moins de sens – sans leurs antagonistes. Pour moi c’est vraiment l’alchimie des deux qui fait Psygnosis. Après, je pense que le groupe serait aussi capable de sortir des choses sans parties violentes tout en sonnant comme du Psygnosis…

 

Quelle est la signification de ces deux discours en introduction (en russe) et en conclusion en anglais ?

Rémi : Le premier discours est tiré de "Stalker", magnifique film d'Andrei Tarkovski. C'est un discours qui parle du sens de l'art, et plus particulièrement de la musique. C'est une interrogation plus qu'une réponse, et c'est à l'auditeur d'y réfléchir. Le discours sur Sunyata est tiré de "Detachment", film de Tony Kaye, où un professeur de lettre explique à ses élèves qu'ils doivent stimuler leur imagination et cultiver leur conscience pour pouvoir se battre contre ce que nous impose la société via la publicité et les médias. C'est un discours qu'on a depuis le premier album "Anti-Sublime". Via ce titre on voulait montrer qu'on était contre le "beau" tel qu'on nous l'impose et qu'on devait se construire son propre système de valeurs pour apprécier ou non les choses, pas parce que la société nous le dit, mais parce qu'on s'est forgé son propre esprit critique et sa propre opinion. Et le "beau" est quelque chose de subjectif, ce n'est pas un fait.


'To Neptune' est la mise en musique d'un voyage interstellaire, on peut très bien l'interpréter comme un voyage dans sa propre conscience.


Pourquoi les titres, ils sont aussi très mystiques, est-ce un album mystique ?

Rémi : Je ne crois pas que "mystique" soit le bon adjectif. Il y a surtout de la science, de la philo et de la spiritualité, mais surement pas du mysticisme. Pour moi ces trois choses, science, philosophie et spiritualité ne doivent pas être séparées, elles se nourrissent mutuellement. 'To Neptune' est la mise en musique d'un voyage interstellaire, on peut très bien l'interpréter comme un voyage dans sa propre conscience. Découvrir un nouveau paysage, une nouvelle planète, c'est comme découvrir une nouvelle leçon sur la vie, ça te fait grandir. 'Vostok' est sur le même plan. Les deux derniers titres sont l'expression de la conscience ultime, l'atteinte du Nirvana. Chaque titre a un sens, et je préfère vraiment laisser l'auditeur pouvoir se forger sa propre interprétation et sa propre expérience face à la musique.

 

Le violoncelle apporte une saveur mystique et romantique, est-ce que votre musique est romantique ?

Raph : c’est une excellente question et je suis content que tu la poses. Ma musique de prédilection en classique c’est clairement la musique romantique. Au violoncelle, c’est la musique slave, très passionnée, dramatique et débordante d’émotions qui m’a toujours passionnée. Tous ne se réclament pas du romantisme mais le sont intrinsèquement : Kabalevski, Rachmaninov, Chostakovitch, Dvorak, Tchaïkovski… Donc clairement, oui, je pense que mes parties de violoncelle en son imprégnées.

 

On a l’impression que le violoncelle remplace la voix humaine, était-ce votre intention de proposer une alternative au chant ?

Raph : L’idée n’était pas de « faire une voix » avec un violoncelle, non. Tout simplement car ce n’est pas possible ! La voix humaine est intimement liée à la parole et sa diction, chose impossible à reproduire avec un instrument. Et concrètement, ça ne m’intéressait pas de pasticher une voix. L’objectif c’était d’apporter de la mélodie ou des ambiances qui colleraient au matériau de base. Rémi avait composé la majorité de l’album alors que le violoncelle n’était pas encore dans le groupe et pour le reste, il n’a pas spécialement changé sa façon de faire. L’enjeu ça a surtout été de créer des parties qui colleraient aux morceaux et qui ne sonneraient pas comme « rajoutées ». Créer des parties qui feraient corps avec le reste. C’était ma seule vraie intention en fait !


Ce n'est pas le but de l'art que de brosser dans le sens du poil.


Etes-vous conscients qu’une musique instrumentale peut rebuter les gens et notamment vos admirateurs de la première heure ?

Rémi : Rebuter nos fans, je ne creois pas, je pense que ceux qui avaient compris "Anti-Sublime" et "Human Be[ing]" comprennent aussi très bien "Neptune". Et je pense que dans l'absolu, une musique instrumentale rebut moins de gens qu'un mec qui hurle. Mais peu importe que ça rebute ou pas, si j'avais voulu ne rebuter personne et rester dans le moule j'aurais fait de la pop. Ce n'est pas le but de l'art que de brosser dans le sens du poil.

Raph : J’aurais même tendance à penser que cette formule instrumentale rend la musique plus accessible… plein de gens qui n’écoutent pas du metal m’ont donné des avis très positifs sur l’album !

 

Votre musique peut faire penser à Insomnium qui rencontre Apocalyptica, était-ce votre intention de réunir deux genres et de proposer une fusion de genres ?

Raph : J’aime bien ces deux groupes, ça fait donc plaisir d’entendre ça ! Apocalyptica sont de sacrés musiciens et j’avoue m’être pris une sacrée claque la dernière fois que je les ai vu… Après, je ne trouve pas que "Neptune" se rapproche trop de ces deux formations. Le violoncelle fait évidemment penser à Apocalyptica car c’est du violoncelle dans du metal, mais concrètement… c’est le seul point commun ! En fait Apocalyptica est beaucoup plus heavy metal tandis que Psygnosis est beaucoup plus climatique. Pour faire simple, Psygnosis c’est plus Gojira et Apocalytica c’est Iron maiden !

 

Etes-vous des musiciens metal qui font du classique ou des musiciens classiques qui font du metal ?

Raph : (Rires) Bonne question !... Les deux en même temps ?

Rémi : J'ai plutôt l'impression d'être un compositeur de musique électronique qui fait du metal.

 

Qu’attendez-vous de cet album?

Raph : Qu’il touche des gens, qu’il provoque des émotions. Mais concrètement il a déjà rempli son rôle premier : celui de me faire vibrer moi…

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?

Raph : Tout bêtement l’écoute du master finale de "Neptune" ! j’ai mis du cœur dans cet album (même si j’en mets dans chaque musique que je compose, évidemment), mais cet album est le premier pour moi… il a donc quelque chose de particulier !

Rémi : Il y en a beaucoup, mais je pense que le simple fait d'être sur scène et partager sa musique avec le public sont les meilleurs souvenirs !

 

Au contraire le pire ?

Raph : Je me souviens d’une audition au violoncelle où je jouais seul sur scène. Le morceau était assez compliqué et certains passages semblaient se répéter mais avec quelques nuances. J’avais oublié une des nuances et donc je me retrouvais à jouer en boucle le même passage sans en trouver la sortie, comme coincé dans une boucle !!!

Rémi : Les pires moments pour moi sont ceux qui précèdent les sorties. La finalisation des albums avec mix et mastering, le tout avec la pression de devoir finir à temps.

 

Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?

Rémi : "Pourquoi fais-tu de la musique ?"

 

Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?

Rémi : Cyclopentanoperhyhénanthrène

Raph : Merci d’avoir lu cette interview. J’espère que NEPTUNE vous plaira !



Plus d'informations sur https://psygnosis.bandcamp.com/
 
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