Bonjour. Pouvez-vous nous faire une rapide présentation d’AmartiA ?
Vince : Amartia s’est créé, il y a maintenant 10 ans ! Le groupe est actuellement composé de Britta au chant, moi-même à la guitare, Cyril au clavier, Nico à la batterie et Alexandre à la basse. Nous avons sorti un premier album, « Maïeutics » en 2002, qui a tout de suite été bien accueilli par le public et la presse. Nous avons, suite a cet album, joué au festival de Raismes avec Freak Kitchen et The Gathering. Suite au départ de Marielle, notre première chanteuse, Britta a récupéré le poste de chanteuse au sein du groupe en 2004/2005. « Marionette » est sorti en mai 2006 ! Cet album nous a permis de jouer en première partie de groupe tels que Epica, Stream Of Passion, Agua De Annique, Headline et The Old Dead Tree ! Et voilà « Delicately » est sortie depuis le 13 février 2009.
La stabilité ne semble pas être une caractéristique de votre line-up. Y voyez vous une raison ?
Nico : Oui, Vincent… Il fait peur à tout le monde (Rires) ! Non, je plaisante. Je pense juste qu’il nous a fallu du temps pour stabiliser le groupe. Aujourd’hui, le groupe n’a jamais aussi bien sonné.
Vince : Le groupe est quand même stable depuis la sortie de « Marionette » ! Cyril s’est juste absenté 2 ans suite à des choix professionnels. Il a été remplacé par Anthony Broggia durant ce temps. Il n’y a juste que le poste de bassiste qui a été mouvementé ces deux dernières années ! Mais tout se passe bien depuis l’arrivée d’Alexandre. On nous parle souvent des changements de line up dans les interviews, alors que le groupe est plus ou moins stable depuis 4 ans.
Quelles sont vos principales influences ?
Britta : Ma jeunesse a été particulièrement empruntée par des artistes comme Ricky Lee Jones, Janis Joplin, Chris De Burgh, Herbert Grönemeyer, Barbra Streisand. Eh oui, rien à voir avec le milieu rock prog ou le metal mais il n’est jamais trop tard pour apprendre…
Cyril : Personnellement, je me force à écouter de tout. Mais mes influences sont surtout orientées vers le rock progressif. J’ai aussi beaucoup de plaisir à écouter du jazz, jazz fusion et j’en passe. En fait j’aime la musique…
Nico : J’écoute beaucoup de styles de musique très différents. Mes principales influences viennent de groupes tels que Agua De Annique, Flukt, Benny Greb, …
Vince : Je suis mordu du Metal/Hard Rock depuis plus de 25 ans ! J’ai donc suivi et connu toutes les évolutions du style depuis ce temps ! Mais mes principales influences sont : Iron Maiden, Queensrÿche, The Gathering, Mike Oldfield, David Gilmour, Nine Inch Nails, etc …
Comment sont répartis les rôles au sein d’AmartiA ?
Britta : Il ne faut rien me demander, je ne suis que la chanteuse (Rires) ! Accessoirement j’écris les textes et sur « Delicately » j’ai créé la majorité des lignes de chant.
Cyril : En fait les choses ne sont pas strictement définies. Chacun apporte sa part de créativité, en apportant des arrangements sur certains morceaux, ou en apportant de nouvelles idées. Pour tout ce qui est organisation, démarchage et autre, Vincent est le plus actif d’entre nous, mais là encore chacun peut ajouter sa pierre à l’édifice. Il ne faut pas oublier non plus que d’autres personnes gravitent autour des musiciens et font quelque peu partie du groupe : Laurent Depla pour les photos, Sylvain Ecrepont pour le booking de dates, Alexandra Dekimpe pour les visuels de l’album et j’en passe … C’est cela aussi qui fait la force d’un groupe !
Britta, votre chanteuse, est allemande. Pouvez-vous nous expliquer votre rencontre ?
Britta : Allemande, mais bien ‘franchouardisé’ au bout de presque 19 ans de présence dans votre si joli pays. J’avais entendu parler d’Amartia par le frère de Cyril (notre pianiste) que j’avais croisé lors d’une soirée. Un jour il m’a fait un mail pour me dire qu’Amartia cherchait une chanteuse. Naïve comme je suis, rien que le mot « Metal » m’a fait mal aux cordes vocales. J’ai donc été agréablement surprise lorsque je suis allé sur le site Internet du groupe. J’ai voulu tenter l’aventure et depuis je n’ai pas été déçu.
Et quel style faisais-tu avant de rejoindre AmartiA ?
Britta : Et bien j’ai toujours chanté plus ou moins du folk-rock mais les années juste avant Amartia j’étais à fond dans la découverte du jazz et de la soul pour laquelle j’ai un gros faible. J’ai également fait beaucoup de gospel.
Votre dernier album a de bons échos dans la presse spécialisée et sur internet. Cela se ressent-il niveau des ventes ?
Britta : Je crois que c’est encore un peu tôt pour en parler.
Vince : Nous avons pas mal vendu d’exemplaires de notre côté lors de nos concerts ! Mais l’album étant en bacs depuis un mois, nous n’avons pour l’instant pas de chiffres à te donner.
Comment êtes-vous arrivés chez Gofannon Records ?
Vince : En fait nous sommes sur le même label depuis le premier album : Pervade Productions ! Cette société comporte plusieurs label, Thundering/Manitou pour le Metal, Gofannon pour le rock généraliste et Bernett Records pour le groupe typé année 80 comme ADX ou Pascal Mulot ! Nous étions avant sur Thundering/Manitou, mais comme Amartia s’éloigne de plus en plus des « Clichés » Metal, Pervade a voulu nous faire basculer sur Gofannon, voilà tout !
Si vous vous éloignez des ‘clichés’ Metal, comment désigneriez vous votre musique ?
Vince : Nous faisons du Rock/Metal Progressif ! Nous nous sentons plus proche d’artistes comme Marillion, Mike Oldfield ou Peter Gabriel que des groupes comme Dream Theater ou Symphony X ! Mais attention, j’adore ce style, c’est juste que nous ne sommes pas un groupe qui joue sur la technique mais plus sur les ambiances planantes et aérées !
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Cyril : Personnellement, le mot « Metal » ne me convient pas trop, bien que nous ayons de bons accueils dans ce milieu. C’est vrai que les guitares ont un son parfois saturé avec des riffs ravageurs, mais l’utilisation des sons distordus et bruts s’est généralisée dans le rock (On commence même à en trouver dans la variété…). Et le public c’est habitué à ces sons plus violents. Ils sont aussi le reflet de la société dans laquelle nous vivons. Je dirais que notre musique hérite du courant Metal, mais je la qualifierai plutôt de rock progressif actuel. Et encore, dans cette étiquette on trouve des groupes très différents. Allez : disons que nous faisons du Metal/Rock progressif sans clichés (Rires).
D’où vient le titre de votre album (« Delicately ») et celui-ci traite t’il d’un concept particulier
Britta : Non, il n’y a pas de concept en particulier. La composition s’est faite selon le feeling de chaque morceau et sans anticipation. « Delicately » est également le nom du premier morceau de l’album et nous a semblé assez fort pour représenter l’ensemble. De plus il correspondait bien avec l’image de la malle entre-ouverte de la pochette de l’album. Délicatement les choses changent, les souvenirs nous rattrapent, même si cela n’est pas toujours agréable.
Quelles sont vos relations et votre avis sur la scène progressive en France ?
Cyril : La scène progressive française reste à mon avis mal connue. Mais c’est un genre qui n’a pas beaucoup d’échos dans les médias. Le format des morceaux de prog étant généralement très différent du format radio … Ça n’empêche qu’il y a de bons groupes de prog. Je pense à The Last Embrace avec qui nous avons eu le plaisir de partager quelques scènes.
Vince : Il y a aussi beaucoup de groupes qui essayent de reproduire ce que font Dream Theater, Stratovarius etc... C’est-à-dire des parties très techniques, sans réellement s’écouter et travailler dans le bon sens ! Ce qui donne parfois un résultat très peu convaincant ! Donc il y a prendre et à laisser dans la scène prog Française !
Lorsqu’on parle de Prog Metal Français avec chanteuse, on pense souvent à Headline et à Venturia. Comment vous positionnez-vous par rapport à ces groupes ?
Vince : Je ne connais pas Venturia ! Mais Headline sont de vieux amis ! Je les ai rencontré il y a plus de 15 ans ! J’ai enregistré le premier album de mon premier groupe au studio du guitariste, Didier Chesneau, à Dreux ! Nous sommes quand même assez différents d’Headline qui est beaucoup plus Metal que nous ! On va dire que nous sommes un bon équilibre entre la puissance des groupes « Metal Prog » et des groupes Atmo/Gothic Français.
Revenons à quelque chose de plus international : Que pensez-vous de la place prise par Internet dans le monde musical ?
Cyril : Pour nous, c’est une magnifique vitrine, presque gratuite. Internet est un bon outil d’expression et de communication. Il était impensable, il y a vingt ans de se faire connaître à l’autre bout du monde sans se déplacer, sans distributeur. Il suffit d’être derrière son ordinateur et de faire de la communication. Par contre ce travail est très long car, du coup, il y a énormément d’offre sur le net. Il faut jouer des coudes pour se détacher du lot. Et pour cela le plus efficace restent encore les concerts, les médias classiques et les producteurs/distributeurs.
Britta : Internet élargit sans aucun doute la possibilité d’atteindre un max de monde avec sa musique et est donc un outil indispensable aujourd’hui pour un groupe qui veut se faire connaître.
Vince : Il y a des côtés négatifs comme le manque de ventes des Cds ou des magazines spécialisés ! Il est loin le temps des Hard Rock Magazine, Hard Force et consorts !! Les temps changent et les médias aussi ! Ce qui me dérange le plus, c’est que certaines personnes, surtout chez les plus jeunes, écoutent des MP3 de qualité vraiment moyenne, sans se rendre compte de la finesse de la production d’un album ! Pour certains cela leur passe carrément au-dessus ! Ce qui est étrange, c’est que la production sonore et cinématographique n’a jamais été aussi bonne, mais les moyens d’écoutes n’ont jamais été aussi mauvais ! Écouter un album de grande qualité sur des enceintes d’ordinateur ou des écouteurs de baladeurs MP3, très peu pour moi ! Alors un conseil, si vous voulez télécharger, faites le, car dorénavant c’est dans les mœurs, mais faites attention à la façon dont vous écouter la musique et à la qualité de vos MP3.
Toujours à ce sujet, quel est votre avis sur Music Waves ?
Cyril : Comme la chronique que vous avez faite de « Delicately » est bonne … Non je blague. Pour être honnête, je ne connaissais pas. Mais, maintenant vous êtes dans mes favoris. C’est une mine d’information votre site !
Britta : On vous adore !!!
Si vous deviez faire découvrir votre musique à quelqu’un qui ne la connaîtrait pas : quel titre de groupe lui feriez-vous écouter et pourquoi ?
Vince : Et bien pour ma part, je ferais écouter le titre « NDE » sur « Marionette » et la Trilogie « Your Attention/Spring Evolution/Accuracy » sur « Delicately » !
Britta : Je ferai écouter ‘Not A Detail’ sur ‘Delicately’ car c’est celui qui est le plus facilement abordable à une première écoute. Sur l’album ‘Marionette’ je pense que je ferai écouter ‘Revolution der Marionette’ pour son originalité ; car n’oublions pas : même s’il n’y a pas de morceau « multi –langue » sur notre dernier album, cela reste un coté qui fait partie d’Amartia. Ne nions pas nos origines ! (Rires)
Cyril : Il y a « Chosen One » aussi que je ferai écouter, il est aussi très représentatif de ce qu’on peut faire. En fait je ferai tout écouter, et interdiction de bouger tant que ce n’est pas fini !
Imaginons que vous soyez vendeurs : quels arguments choisiriez-vous pour vendre « Delicately » ?
Vince : Pour l’argument de vente : Si vous aimez les ambiances à la Pink Floyd, des solos de guitares « Mike Oldfieldiennes » et de belles mélodies vocales avec une chanteuse au timbre de voix chaleureuse, Amartia et pour vous ! Ça te va ça ? (Rires)
Cyril : Pour vendre l’album à une personne qui ne connaît pas du tout ce genre de musique, je lui dirais, « tu connais « Evanescence » ? Eh ben c’est pas pareil mais ça va te faire penser à ça ! » (Rires). Et plus sérieusement, je dirais qu’Amartia est un groupe qui mêle puissance et finesse au service d’un univers musical qui lui est propre….
Struck, notre grand maître des interviews, a l’habitude de poser la question Lost. Je vais donc la reprendre à mon compte. Imaginons que votre avion s’écrase sur une île déserte : quels sont les 5 albums que vous gardez avec vous ?
Vince : Iron Maiden –“Somewhere In Time”, Queensrÿche – “Operation: Mindcrime”, The Gathering – “How To Measure A Planet”, Mike Oldfield – “Ommadawn” et Nine Inch Nails – “The Downward Spiral”.
Britta : Je sais que c’est un peu primaire, mais je crois que je vais d’abord penser à quoi manger, où dormir et comment repartir le plus rapidement possible (Rires) !
Cyril : Genesis - « The Lamb Lies Down On Broadway », Porcupine Tree - “Fear Of A Blank Planet”, Peter Gabriel - “Secret World Live”, Marillion - “Brave” et Pat Metheny Group - “Imaginary Day”
Nico : “Air” de Agua De Annique, “Grebfruit” de Benny Greb, “Echoes, Silence, Patience & Grace” de Foo Fighters, “Fear Of A Blank Planet” de Porcupine Tree et “Come Whatever May” de Stone Sour
Avant de conclure, quels sont vos projets pour les mois à venir ? Concerts ? Nouvel album ?
Vince : Nous venons de finir une bonne partie de notre tournée qui s’est très bien passée, avec notamment la première partie de Pendragon au Splendid de Lille ! Nous allons prochainement jouer avec My Pollux et Kells sur un festival près de Lille et à Evreux avec mes vieux amis d’Headline !! (Toutes les infos sont sur http://www.myspace.com/amartia) Cela risque d’être mémorable ! Ensuite nous ferons une petite pause pendant la période estivale ! Nous allons ensuite remettre une couche à la rentrée et nous allons commencer à penser au prochain album à ce moment-là ! Avec peut être une sortie avant cela ! Mais chut rien n’est encore décidé.
Et pour conclure, avez-vous quelque chose à dire aux lecteurs de Music Waves ?
Britta : Maintenant que vous nous connaissez un peu mieux, on serait ravi de faire votre connaissance !
Cyril : Au plaisir de vous croiser un de ces quatre !
Nico : Merci et à bientôt en live près de chez vous….
Vince : Délicatement vôtre
Merci donc à AmartiA pour leur disponibilité, et merci à Struck pour son expérience de l’exercice…
Plus d'informations sur http://amartia.fr/