18 ans. Cela faisait 18 ans que les prêtres les plus célèbres du heavy metal dans leur formation classique n’avaient plus foulé notre bonne vieille France pour nous offrir un concert. Rappelez vous, après le départ de Rob Halford et son remplacement par Tim ‘Ripper’ Owens, le groupe n’avait joué dans notre pays qu’une date. Maintenant le Metal God est de retour, et s’ils ont pu nous oublier sur la tournée d’ "Angel of Retribution", ils n’avaient plus vraiment le choix cette année.
Ce concert s’annonçait donc comme un véritable évènement, d’autant plus qu’il est inutile de se cacher que c’est sans doute l’une des dernières tournées de cette légende du metal dont le premier album remonte à 1974. L’électricité était donc perceptible à l’entrée du Zénith de Paris. Judas Priest est loin de son zénith à lui : le dernier album n’a pas été unanimement reçu, et chacun a dans les yeux en filigranes l’image des vidéos ‘Youtube’ montrant Halford prostré, tentant en vain d’aller chercher les notes de Painkiller ou Sinner. Du coup on parle d’autre chose, de Megadeth par exemple, ou des derniers concerts réussis de Maiden, histoire de se rassurer... Certains, plus âgés, restent muets, le regard inquiet et la silhouette figée dans un t-shirt British Steel, avec l’appréhension du soldat qui part livrer une bataille perdue d’avance, mais inévitable.
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Le premier groupe est Testament, éternelle formation de thrash dont l’objectif est clairement de nous décrasser les tympans un bon coup avant le plat de résistance. Le show commence même un quart d’heure en avance. Musicalement, le registre est un peu linéaire, surtout pour qui, comme moi, ne connait pas leur répertoire. Le groupe ne sort jamais véritablement d’un thrash conventionnel (voire old school) à part pour de petites incursions au feeling rock n’ roll du principalement à l’un des deux guitaristes. Retenons également un jeu de batterie puissant et bien mis en avant au niveau du son est un chanteur très à l’aise. Une plutôt bonne surprise qui échauffe bien les clavicules.
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Arrive ensuite Megadeth le tant attendu, ceux qui peuvent sauver la soirée à en croire les dires de certains. Encore un groupe que je connaissais assez mal, mais heureusement leur set-list alignait tellement de tubes qu’il était dur de s’y perdre au final… "Hangar 18", "Holy War", l’inévitable "À Tout Le Monde" repris en cœur par un Zenith conquis. Il faut dire que l’ambiance est montée d’un cran à l’arrivée du blondinet. Le public de fosse était survolté, à tel point qu’à un moment donné, il fut difficile de se concentrer sur le concert plutôt que sur un voisin suant qui donnait des coups de coudes et de pieds comme d’autres distribuent des tracts. Dommage. Un autre point noir du set de Megadeth était le son. La voix de Dave était complètement noyée dans le fouillis sonore. Quand on connait ses performances vocales, ce n’est pas forcément un mal, mais cela faisait aussi perdre aux titres leur fils conducteurs, laissant l’auditeur désemparé seul face à une forêt de riffs secs. Toutes ces malheureuses circonstances sont d’autant plus déplorables que le groupe semblait en forme, malgré un Broderick très discret, et surtout bien content d’être là. Mustaine affichait un petit sourire satisfait qui faisait plaisir à voir.
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Enfin, l’atmosphère se durcit, se tend. Plus question de se cacher derrière Megadeth. La réponse arrive, on va enfin savoir… Le Priest est-il toujours au niveau ou cette soirée ne sera-t-elle qu’une veillée funèbre ? L’optimisme grandit avec l’apparition des célèbres croix, et achève d’exploser dans les cœurs lorsque retenti le fameux "War Pigs" de Black Sabbath. "Dawns of Creation" s’élève dans une ambiance de plus en plus nerveuse et abouti à l’explosion du riff de "The Prophecy". Et là tout part. Toutes les questions (« Ils commencent à vieillir … Ce come back de Halford ça sent un peu le pognon non ? Quand même, ouvrir avec "The Prophecy". ») s’envolent, balayées d’un revers de sceptre par la silhouette hésitante d’un vieillard courbé, caché par un capuchon. Halford est là, Halford est grand. Une sorte de magie lie immédiatement le public et le Metal God. Certes celui-ci peine dur pour atteindre certaines notes ou enchaîner certaines lignes de chant, mais on le sent à fond. La peau de son coup se tend sous l’effort, et quand il échoue, on lit la déception sur son visage. Ce comportement, après tant d’années, inspire un respect total. Ainsi le « vieux » maîtrise le public, jouant avec charisme de son ralentissement avec des gestes amplifiés et théâtraux, comme sur "Death" ou il préside sur un trône. Le reste du groupe est également au top. Downing nous gratifie d’un solo magistral sur Sinner, et Tipton est simplement irréprochable, illuminé par un enthousiasme évident quant à la réaction de la foule. Scott ‘double grosse caisse’ Travis martèle sans relâche, balançant du 220 volts dans tous les morceaux. Apparemment, selon le placement dans la salle la batterie pouvait être trop sonore, mais là où j’étais il n’y avait aucun problème.
La set-list en avait effrayé certains, mais elle s’est révélée particulièrement efficace. Mis à part un catastrophique trou d’ambiance sur l’enchaînement "Death" - "Dissident Agressor" - "Angel", tous les titres furent interprétés au top, avec un mention spéciale pour "Painkiller", toujours aussi efficace, "Hell Bent For Leather", ou encore un grandiose "Sinner". Avec pas mal de titres des années 80 et seulement trois post-Painkiller, le groupe parvient presque à faire oublier l’absence de "Victims of Changes", "Beyond The Realms Of Death", et autres "The Sentinel". À noter que le groupe nous gratifie d’un "Living After Midnight" qui n’était pas présent tout le temps sur la tournée.
Avec ce concert, Judas Priest réussit un retour fracassant en France. Un tel niveau de passion et d’engagement pour un groupe aussi vieux et célèbre est assez rare pour que l’on ne s’en régale pas quand cela arrive. Les petits problèmes du concert sont effacés par l’impression inébranlable d’avoir vécu un instant de légende avec un groupe légendaire. Définitivement.
Testament
For The Glory Of (intro)
Over The Wall
The New Order
Souls Of Black
More Than Meets The Eye
D.N.R. (Do Not Resuscitate)
Three Days In Darkness
Practice What You Preach
Formation Of Damnation
Megadeth
Sleepwalker
Wake Up Dead
Take No Prisoners
A Tout Le Monde
Washington Is Next
She Wolf
In My Darkest Hour
Symphony Of Destruction
Skin O’ My Teeth
Hangar 18
Peace Sells
Holy War… The Punishment Due
Judas Priest
Dawn of Creation/Prophecy
Metal Gods
Eat Me Alive
Between the Hammer and the Anvil
Devil's Child
Breaking the Law
Hell Patrol
Death
Dissident Aggressor
Angel
The Hellion/Electric Eye
Rock Hard, Ride Free
Sinner
Painkiller
Hell Bent for Leather
The Green Manalishi
You've Got Another Thing Comin´
Living After Midnight
Plus d'informations sur http://judaspriest.com/