En ces belles journées automnales qui semblent vouloir prolonger un aussi bel été, permettez-moi de revenir sur un événement estival se déroulant à Clisson et très bien narré par mon ami Platypus courant août : la Hellfest.
Loin de moi l'idée de vous refaire l'historique de cet événement musical puisque cela a déjà été fait de fort belle manière mais il est malheureusement nécessaire, une nouvelle fois, de se pencher sur les comportements particulièrement désuets, et malgré tout encore d'actualité, générés par l'étroitesse d'esprit et la censure qui se manifestent régulièrement sous couvert de bien-pensance.
Un peu d'histoire, musicale ou non, ne faisant de mal à personne, rappelons simplement quelques épisodes survenus à des époques plus ou moins anciennes :
Depuis le premier souffle humain, hommes et femmes se soignaient par les plantes, communiaient avec la nature, célébraient des rites suivant le rythme des saisons et de la nature jusqu'à ce que, au Moyen-Age, certains esprits chagrins estiment que cela suffisaient, que l'affront était insupportable, et accèdent à un pouvoir leur permettant de faire régner la terreur, déclarer hors-la-loi ces pratiques ancestrales et remplacer les fêtes païennes d'antan par leur propres célébrations. Ridicule, certes, et même risible si le bilan ne se comptait pas par milliers de morts d'innocents conduits au bûcher.
La faute à qui ? La faute à l'absence de droit à la différence.
Moins tragique, beaucoup plus récent et portant cette fois à sourire, le retour dans les années 70's de cette bien-pensance se manifestant par la dénonciation de ces démons qui se cacheraient derrière l'image d'artistes. Si l'on peut comprendre, tout en ne l'approuvant pas, que des groupes tels que Black Sabbath soient victimes de l'image provoquante qu'ils ont eux-mêmes choisie, on ne peut s'empêcher de sourire en se souvenant que les baba-cools rêveurs des Eagles se sont vus taxés de satanisme.
Encore plus récent : Judas Priest, après le suicide dramatique de deux jeunes adolescents, est mis en cause. Ben oui, il est quand même bien compréhensible que l'on aille chercher les motivations de ces deux jeunes enfants dans leur discothèque plutôt que dans leur passé personnel, leur éducation ou les événements de leur vie qui auraient pu les fragiliser. Et quel dommage de ne pouvoir faire comparaître Bach ou Mozart aux procès des nombreux tueurs en série épris de musique classique !
Dans le cas de la Hellfest, revenons-y, l'événement qui me fait réagir aujourd'hui est le suivant : certaines organisations se manifestent pour que la Hellfest ne soit plus subventionnée (à hauteur de 2% du budget total, rappelons-le) par des organismes publics et privés tels que le Conseil Général ou Coca-Cola.
Que l'on vienne me dire que ces organismes ne sont en rien concernés par ce type d'événement, je veux bien l'admettre. Mais dans ce cas, en ma qualité de contribuable qui paie ses impôts et qui alimente également la trésorerie du Conseil Général, suis-je en droit de m'opposer au financement par celui-ci de ce qui ne m'intéresse pas (événements sportifs dans leur ensemble, associations de défense ou de promotion de la chasse, de la pêche, du scrap-booking, de l'astronomie, j'en passe et des meilleurs) ?
Evidemment non, c'est heureux car nous sommes dans un pays où la liberté d'opinion, de goût, et tout simplement de choix de vie est, en théorie, garantie.
Le problème réside donc dans le fait que malgré la bienvenue séparation de l'Eglise et de l'Etat, qui a maintenant plus d'un siècle, la pseudo-morale qui veut nous faire admettre que la simple nature humaine doit être combattue et que toute forme de plaisir est néfaste pour l'âme a encore bien des adeptes beaucoup trop écoutés par nos décideurs politiques.
Remettons les choses en perspective : la Hellfest est un événement qui a une particularité indiscutablement néfaste, à savoir le déferlement incessant de décibels sur trois journées. En cela les pouvoirs publics ont le devoir de faire en sorte que la tranquillité de leurs administrés soit garantie. C'est écrit dans le Code Français et n'est malheureusement respecté par aucune commune. Si c'était le cas, tous les stades seraient en plein champ, de même que les festivals musicaux, circuits de sports mécaniques beaucoup trop proches des habitations pour certains, sans parler des aéroports et des autoroutes.
J'admets donc totalement que l'on puisse imposer que cet événement ait lieu à une certaine distance des lieux de vie des habitants.
En revanche, je voudrais comprendre l'intérêt de s'opposer à ce que 5 musiciens montent sur scène habillés en barbares avec des haches en plastique pour jouer leur musique. Ces 5 gars ne font que leur métier et offrent à leur public ce qu'il est venu chercher.
En ma qualité d'ancien musicien classique (si, si, croyez-le ou non !!!), je me suis bien habillé en pingouin durant 10 ans pour jouer une musique que j'aimais autant que le hard-rock et personne ne s'en est plaint à ma connaissance.
Je peux comprendre que l'on ne voit pas l'intérêt de ces accoutrements et de ces comportements sur scène, là n'est pas le propos. Personnellement, je ne comprends toujours pas pourquoi des populations entières font la fête tout un week-end pour célébrer 11 gars en short de même que je ne comprends pas plus l'intérêt d'aller se cailler tous les dimanches matins dans des bâtiments humides et froids pour chanter tous en choeur et écouter un mec nous dire comment on doit penser et vivre.
Malgré cela, je ne fais pas la sortie des églises pour expliquer à mon prochain qu'il doit changer car je considère simplement que la différence de choix de vie fait partie de la richesse de notre société et que personne n'est dans l'erreur, sauf s'il cherche délibérément à nuire.
En clair, si je laisse mon voisin construire sa vie et faire ses choix, je risque en revanche de bien mal me comporter si ce même voisin vient me dicter ma conduite.
Alors pour toutes ces raisons, je dis aujourd'hui à toutes ces personnes qui ont tant besoin qu'on les voit pour avoir le sentiment de vivre : centrez-vous sur votre être plutôt que sur votre paraître. Ma vie est entre mes mains, quoique vous en pensiez, et j'ai le choix d'en faire ce que bon me semble.
Même si vous êtes persuadé du contraire et que vous vous sentez investi du devoir divin de me sauver, sachez que je ne veux nullement de votre aide, que j'ai mes propres croyances et convictions et que c'est finalement grâce à vous que l'expression "pour vivre heureux, vivons cachés" prend, encore aujourd'hui, tout son sens.
Plus d'informations sur http://shelsmusic.com/