Nous vous avons rencontré en 2017 pour la sortie de "Paradigms Lost", 6 ans ce n’est pas si long mais notre époque est tellement troublée que cela semble une éternité ! Comment vous sentez-vous depuis cette époque, tous ces événements, guerres, pandémie et j’en passe ont dû les affecter, ce ne fut pas trop rude d’avoir encore envie de faire de la musique?
GG : A époque trouble, musique sombre et tortueuse… On aura l’occasion de le redire, mais notre nouvel album est le reflet des temps que nous vivons. Comme à notre habitude, nous créons des chansons engagées, dont les thématiques sont forcément influencées par l’actualité, notamment sociale. Alors est-ce que les années difficiles que nous avons passées ont restreint notre envie de faire de la musique ? Certainement pas ! Et ce pour plusieurs raisons : tout d’abord nous ne sommes pas musiciens professionnels, nous avons tous des jobs de salariés qui nous ont permis d’encaisser la crise Covid de façon un peu moins brutale que les intermittents, dont nous sommes bien entendu solidaires… On comprend la crise des vocations musicales qu’a pu provoquer la pandémie, mais heureusement pour nous cela n’a pas entamé notre enthousiasme. D’autre part, le marasme actuel (mouvements sociaux, guerres…) renforce notre détermination à vouloir passer des messages par notre musique, cela devient encore plus important qu’avant.
A l’époque vous nous expliquiez que votre processus de composition était long, cela peut expliquer en partie les 6 années écoulées pour avoir de vos nouvelles? La pandémie de 2020 explique aussi ce long délai je suppose?
GG : Oui, je ne vais pas te mentir, on n’est pas des foudres de guerre en ce qui concerne notre rapidité pour la composition, c’est un fait ! Mais nous avions pourtant l’album presque entièrement composé fin 2020 et nous étions prêts à rentrer en studio. Le déclenchement de la pandémie a mis un coup d’arrêt à nos projets d’enregistrement, puisque nous avions prévu de réaliser la totalité de la production en studio pro. Mais cela n’a pas pour autant stoppé nos activités musicales : le groupe dans sa majorité a pu continuer à travailler les morceaux, et au final les confinements successifs nous ont donné l’opportunité de travailler de façon beaucoup plus intensive et rigoureuse qu’auparavant, et finalement d'aborder le studio fin 2021 affutés comme des rasoirs, et avec beaucoup de sérénité. James pourra préciser, mais on a le sentiment que "Redshift" n’aurait pas été le même album si on l’avait enregistré comme prévu initialement en 2020…
JD : Nous avons en effet un façon de composer plutôt itérative. L’un d’entre nous va amener un ou plusieurs riffs, voire parfois des ébauches de morceau entier, qui vont être testés et travaillés ensemble en répétition. L’ensemble du groupe va y apporter sa touche et petit à petit compléter et améliorer l’idée de base jusqu’à aboutir à un ensemble qui nous satisfait tous. Il arrive qu’on reste dans une impasse, qu’on n’arrive pas à faire progresser une base, et qu’on abandonne des idées. Mais si ça nous plait, on va encore répéter et revoir le morceau, jusqu’à ce qu’on soit pleinement satisfaits du résultat. Le chant vient après tout ça, donc comme tu t’en doutes ça prend du temps. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous composons ensemble, en groupe, en répète, et pas en s’échangeant des fichiers audio depuis un ordi.
D’autre part, dans le cas de "Redshift", il y a eu un maquettage – qui nous a permis d’affiner encore certains détails - puis pas mal de petites modifications et améliorations lors de l’enregistrement, sur l’impulsion de Bruno Varea (l’ingé-son aux commandes), donc effectivement le même album 2 ans plus tôt n’aurait pas été tout à fait le même.
Vous avez aussi tourné de manière intensive jusque 2019, quels souvenirs gardez-vous de cette époque ? Le succès a été réel, votre disque a eu de très bons retours, cela doit être gratifiant de récolter le fruit de son travail? Cela a pu vous aider pendant la pandémie à garder la tête hors de l’eau, se dire que les gens vous attendent de pied ferme?
GG : On a effectivement bien tourné entre 2017 et 2019, joué sur de belles scènes et surtout fait de très belles rencontres. Malgré tout, quand la pandémie a stoppé net les concerts, on avait encore envie de faire vivre "Paradigms Lost" sur scène, en parallèle de la promotion du nouvel album. Ça restera une frustration, quelque part, de n’avoir pas pu achever la promo live de cet album. Mais bon, on s’en sort quand même mieux que beaucoup de groupes qui ont sorti des albums en 2019 et n’ont pas pu tourner du tout…
Concernant les retours que nous avons eus sur cet album, effectivement, tant de la part de la presse que du public les commentaires ont été très majoritairement élogieux. C’est très flatteur, mais on a toujours eu tendance chez
Worselder à garder la tête froide et à faire preuve d’humilité. Le fait d’avoir eu un petit succès d’estime avec "Paradigms Lost" n’est pas un gage de succès pour l’album suivant, d’autant qu’en 6 ans, le public a eu largement le temps de nous oublier !
Ce qui nous a motivés pour la création et la production de "Redshift", ce n’est donc pas le fait que le fait qu’un public nous attendait, mais réellement notre envie personnelle d’aller plus loin, de faire mieux que "Paradigms". On avait conscience des forces et des faiblesses du premier album ; on n’avait qu’une envie, c’était de corriger le tir et de faire un second album sans faille. Je ne sais pas dire si nous avons réussi (on laisse ce jugement au public et aux chroniqueurs), mais en tout cas on est très fiers de ce nouvel opus, et les premiers retours que nous avons sont tous absolument fantastiques !
J’ai vu une interview de Guillaume au Hellfest 2022, ça nous amène deux questions. En 2017 la question que le groupe aurait aimé qu’on lui pose il était répondu jouer au Hellfest, cela reste un but ultime pour vous ? Rien que le fait de s’y rendre doit mettre des étoiles dans les yeux ?
GG : Jouer au Hellfest reste toujours le Graal pour tout groupe de metal français ! Mais il faut savoir garder les pieds sur terre. Je pense qu’aujourd’hui c’est totalement inaccessible pour un groupe de notre calibre. D’autant plus depuis que le festival s’est ouvert aux investissements de très grosses sociétés de production. Je me trompe peut-être mais j’ai le sentiment qu’être programmé au Hellfest aujourd’hui, ce n’est plus une question de qualité de musique, mais plus d’avoir un label ou un
booker puissant (et donc financièrement inaccessible pour un groupe comme nous). Attention, ce n’est pas un reproche que je fais au festival, c’est l’évolution logique pour un évènement de cette ampleur.
Parallèlement, il y a en France de nombreux festivals de plus petite envergure, qui continuent de miser sur les groupes émergents. Le fait d’avoir travaillé sur le
booking de
Worselder m’a fait réellement ouvrir les yeux sur cette partie de la scène metal, et j’aurais tendance aujourd’hui à voir comme un but déjà très ambitieux de participer à nombre de ces festivals locaux !
Deuxièmement il explique que le disque est prêt à sortir, pourquoi avoir attendu 6 mois pour le sortir finalement ?
GG : Oui, la production de "Redshift" était terminée en juin 2022. C’était une volonté de ma part afin de pouvoir en commencer la promotion justement lors du Hellfest.
La question s’est posée, avec Elodie, la boss de notre partenaire promo et presse Ellie Promotion, de la date de sortie officielle de l’album. Son avis était de décaler au maximum la sortie, pour deux raisons : d’une part pour ne pas être noyés dans le flot de sorties post-Covid, et de garder une certaine visibilité ; d’autre part pour nous laisser le temps d’une promotion bien ficelée, avec plusieurs temps forts (sorties de clips, de singles etc…). Nous lui avons fait confiance sur cette décision, et force est de constater qu’elle avait raison, puisque la promo de l’album se passe super bien, et que nous avons une bonne mise en avant nationale. De plus, sortir l’album début 2023 nous permet de l’exploiter comme une nouveauté sur toute une année, ce qui est fondamental !
En 2017 vous avez travaillé avec le label label, Slitptrick records et Elie promotions, pour le nouvel album je ne vois plus de trace de ce label mais une distribution par Season Of Mist, le travail effectué par le label (viser l’international) ne vous a pas totalement satisfait ?
GG : Nous avions signé en 2017 avec Sliptrick Records un deal de label et de distribution mondiale, qui ne concernait que l’album "Paradigms Lost". On ne peut pas reprocher à Sliptrick de ne pas avoir fait le job (le disque était en vente physique jusqu’aux US et au Japon !). Mais paradoxalement, le label n’avait aucune présence en France, raison pour laquelle nous avions également signé un contrat avec Ellie Promotion pour la promo française exclusivement, mais nous n’avions alors aucune distribution dans notre propre pays… Avec du recul, même si c’est flatteur pour notre égo d’être distribué mondialement, le plus important est d’avoir une très bonne promo en France et une distribution solide dans l’hexagone.
Pour "Redshift", nous avons donc revu notre copie. Ellie Promotion nous a proposé un contrat plus étendu, qui couvre la promotion, mais aussi l’édition et la distribution numérique de l’album. En parallèle, nous bénéficions de leur accord avec
Season Of Mist, qui distribue donc notre album. Nous sommes très satisfaits de ce deal, qui nous donne une visibilité accrue auprès des acteurs français de la scène metal. Après tout c’est ça le plus important !
A l’époque de notre première interview nous avions évoqué de petits défauts, notamment sur la guitare un peu en retrait, vous avez tenu compte de ce genre de remarques en bossant les nouvelles compos et pendant l’enregistrement ?
GG : Oui, bien sûr ! "Paradigms Lost " était loin d’être parfait (même si nous en sommes toujours très fiers !). Le mix était un peu déséquilibré, bien que Bruno ait déjà fait à l’époque des miracles avec le matériel brut que nous lui avions donné (nous avions fait nous-mêmes les prises de son dans notre studio, avec un matériel très moyen). Notre technique de jeu était également très limite à certains moments, du fait de notre peu de préparation au studio.
Nous avons tiré les leçons de ce premier album pour l’enregistrement de "Redshift". Tout d’abord, nous avons fait le choix d’une production intégralement en studio pro, toujours chez Bruno. Il faut se rendre à l’évidence, rien ne vaut l’expérience d’un ingénieur du son, qui plus est spécialisé metal.
Nous nous sommes également bien mieux préparés à notre entrée en studio, notamment en travaillant tous nos morceaux au métronome avec acharnement, de façon à éviter les flottements de rythme. Nous avions également préparé à l’avance tous les arrangements, que ce soit pour les instruments ou le chant, afin de ne pas perdre de temps inutilement.
Ce travail, additionné à l’expérience et au talent de Bruno, a été payant. Nous avons un niveau de production sur "Redshift" que nous n’aurions jamais rêvé atteindre !
Le petit nouveau c’est "Redshift", un terme scientifique qui évoque le décalage vers le rouge, doit-on voir dans ce titre et dans vos textes une métaphore envers une société de plus en plus violente et sanglante où la colère et la haine ont pris une place énorme ?
GG : Oui, tu eu une lecture parfaite du concept de l’album ! Comme je l’ai déjà évoqué, nos chansons sont presque toujours très engagées. Les textes sont marqués notamment par les mouvements sociaux que nous avons vécus (et vivons encore). Le terme scientifique "Redshift" est effectivement détourné pour évoquer le basculement populaire dans la révolte (à noter tout de même que ce mot est utilisé dans les paroles du morceau 'Pillars Of Smoke' avec son sens premier !) Le concept visuel du digipack est également raccord avec cette thématique, comme tu l’auras certainement remarqué !
Je voulais d’abord évoquer le ton général du disque, je trouve que les guitares sont plus en avant dans le mix, ça donne un côté dynamique et percutant certain, c’était votre idée en bossant les titres d’apporter une énergie brute plus directe ?
GG : A travers nos différents enregistrements, nous avons toujours essayé de restituer la puissance brute de notre son live. Cette fois-ci je pense que nous y sommes entièrement parvenus. Bruno a tout de suite saisi cette intention et a géré la production totalement dans ce sens. Rien n’est surproduit, le son est direct, percutant, les arrangements secondaires de guitares, ainsi que les chœurs, sont très en retrait.
Outre le travail sur le son, le jeu de chacun de nos musiciens est également très important dans le rendu global. Nous avons demandé à Bruno, lors des enregistrements, d’être intraitable et de nous faire refaire des prises tant que le résultat n’était pas bon de son point de vue. De fait, il y a donc vraiment très peu de recalages et d’
overdubs sur les prises. Cela contribue énormément à restituer la rage de notre musique, telle qu’elle peut être entendue en live. Le résultat est à la hauteur de ce que nous voulions rendre !
JD : Nous avions bien sûr quelques références de son pour ce qu’on voulait obtenir avec et album, mais la priorité était en effet d’arriver à restituer le son du groupe tel qu’on peut l’entendre en live. Nous avons donc fait le choix de continuer à enregistrer classiquement, avec de vrais amplis, des haut-parleurs, des micros devant et une batterie sans trig, alors que nous aurions pu utiliser les nombreux outils modernes à disposition aujourd’hui. Nous avons également mis à profit l’expérience de l’album précédent et des 6 années quoi ont suivi pour travailler notre son, en particulier l’équilibre des différents instruments, ainsi que notre technique et notre mise en place. Je reste convaincu que ce dernier aspect contribue en très grande partie à la dynamique de "Redshift".
Ce faisant j’ai trouvé que les titres sonnaient très live, le côté direct est vraiment là et on imagine bien tout ça faire un carton en concert, c’était l’idée ?
GG : Oui tout à fait, c’est ce que j’évoquais à l’instant. Il faut bien voir que nos morceaux sont travaillés, dès le début de leur composition, pour être joués en live. Les questions concernant leur enregistrement en studio viennent plus tard. Tu auras certainement remarqué que nos chansons ne contiennent pas de pistes de samples (à l’exception du dernier morceau 'Ascent to Rebirth'). Tout est vraiment brut et prêt à être restitué tel quel sur scène !
Musicalement j’ai retrouvé une sacrée variété stylistique, on sent que vous ne vous ne cantonnez pas dans un genre, c’est spontané chez vous on dirait, vous composez sans vous imposer de carcan ?
GG : On ne se pose tout simplement pas de question lorsqu’on compose. On développe des idées à partir de riffs amenés indifféremment par tous les musiciens du groupe. On juxtapose, on arrange, on transforme (un riff groovy peut très bien devenir ultra-lourd, ou inversement)… Si ça sonne bien, on garde, sinon on jette. On a toujours construit nos morceaux de cette façon, assez naturellement. Ça pourrait partir dans tous les sens… mais au contraire, on arrive à créer une musique qui me semble très homogène, malgré les nombreuses influences. Je pense que c’est avant tout dû au fait que nous avons tous été formés au metal à peu près à la même époque, et en écoutant les mêmes groupes. On est tous des enfants des 90’s, donc cette base heavy-thrash est facilement identifiable dans notre musique. A cela on ajoute des touches plus modernes, puisées dans plein de styles différents : stoner, death, groove…
J’y retrouve une base heavy thrash qui sait s’ouvrir, sur ‘Para Bellum’ et ‘Point Of Divergence’ j’ai trouvé que vous alterniez entre un son teinté hardcore par le chant, un metal à la Pantera sur le son des guitares et aussi avec un son plus US qui m’a évoqué Alter Bridge ou Alice In Chains avec un chant plus clair et voilé, vous vous retrouvez dans ce mix ?
GG : Le côté hardcore, je suis d’accord, est surtout amené par les lignes de chant, ce qui est assez paradoxal car j’écoute moi-même très peu de metalcore… Mais j’ai trouvé que ce type de chant se prêtait parfaitement à certains de nos morceaux, donc pourquoi s’en priver ?
Tu cites plusieurs groupes qui font effectivement partie de nos influences, même si ce sont loin d’être les seuls. Mais tu as tout à fait raison quand tu dis que nous avons un son typé US. C’est tout à fait le genre de production que nous cherchions.
Un son brutal et incisif, mais dans un mix qui reste en même temps propre et chaleureux.
Je parlais de Pantera et je retrouve souvent ce groove, cette idée sludge à la Crowbar, il y a les deux titres cités mais je pense aussi à Absurd Heroes, Atheist, The Exoteric Verses, cette scène est une influence forte on dirait ?
GG : Le groove, c’est la vie !
Pantera est effectivement une de nos influences principales, mais on retrouve effectivement dans nos morceaux des touches de
Crowbar,
Corrosion,
Machine Head ou même
Down par certains côtés. Encore une fois, c’est tout ce qui nous a fait vibrer quand on était ados, c’est donc naturel de retrouver ça dans notre musique, même la quarantaine passée !
JD :
Pantera, pour ne citer que ce groupe, nous influence et
Pantera influence des groupes qui nous influencent ! Nous avons bien sûr au sein du groupe plein de références en commun, mais aussi plein de différences, et nos goûts ne se limitent au metal, ce qui participe à cette variété stylistique dont tu parles. On a longtemps cherché volontairement la complexité, les structures bancales et ambiances un peu dissonantes, en s’inspirant de l’existant (pense à Coroner !), mais maintenant on se contente de laisser la musique se mettre en place naturellement, la relative complexité fait juste partie de nous ! Donc quelque part, je dirais qu’on a digéré un peu toutes nos influences pour en faire notre truc hybride.
Cela permet à la basse de se faire une belle place je trouve, on ressent frottement ce groove quand la basse s’en mêle, c’était important de mettre chaque instrument en avant ?
GG : Bien sûr ! Chacun mérite sa place dans le mix. Effectivement, Yannick, notre bassiste, a beaucoup travaillé pour cet album, tant sur le jeu, qui est vraiment très technique et rempli de bon groove, que sur le son (sans citer de marque, il a trouvé un instrument avec une forte identité sonore, qui colle vraiment bien avec la musique de
Worselder). C’est un plaisir d’entendre sa basse vrombir tout au long de l’album. Qui plus est, Yannick étant le véritable
frontman du groupe, il était évident de lui donner une place de choix dans le mix !
Au-delà j’ai aussi apprécié sur 'Insurgents Part 2' un côté hardcore bien mis en avant, c’est important de garder cette influence dans votre musique ?
GG : Le hardcore ne fait pas vraiment partie de nos influences principales. Cependant, c’est cette coloration vocale qui restitue le mieux, à mon sens, des textes vindicatifs et revendicatifs. C’est le cas pour 'Insurgents'. Encore une fois, Il n’y a aucune raison, de notre point de vue, de se refuser d’intégrer un style dans un morceau parce que « ce n’est pas dans nos habitudes », ou bien « ça ne fait pas partie de nos influences ». Si ça matche et ça sonne, alors c’est vendu ! C’est la même chose par exemple, avec l’intro funky de 'Absurd Heroes' ou l’outro jazzy de 'Ascent to Rebirth'.
Sur le chant je suis assez épaté par la prestation de Guillaume, il se fait hurleur thrash, gueulard hardcore mais aussi tape dans les aigus avec facilité, sur 'Pillars Of Smoke' j’ai même pensé à un mix entre Dave Mustaine et King Diamond, il en pense quoi ?
GG : Je te remercie pour le compliment ! J’en dirais que bien entendu ça me flatte beaucoup d’être comparé à de telles références, mais que très humblement, et sans fausse modestie, je fais tout simplement de mon mieux pour insuffler de la couleur et de la vie dans les morceaux, avec ma technique vocale et ses limites. A mon sens, cela passe forcément par un chant varié, allant du
clean halfordien au growl death. Je vais te donner quelques exemples. Je suis fan de Randy Blythe, dont j’admire la technique de chant saturé, mais je suis incapable d’écouter un album de
Lamb Of God en entier, parce que la monotonie vocale me gave au bout de quelques morceaux… De la même manière, j’admire les aigus de King Diamond (puisque tu le citais), mais après quatre ou cinq moreaux je zappe parce que je n’entends plus que des miaulements… A mon sens, pour qu’un morceau vive, il faut une explosion vocale, avec plein de teintes qui se mélangent. Ce que je travaille donc surtout, c’est ma capacité à entrelacer des chants dans des registres opposés.
Sa voix est véritablement un instrument comme les autres, pas plus en avant ou en arrière, ce n’est pas juste du chant pour remplir, c’est important pour vous de mettre votre chanteur en avant ? Avec ses qualités il apporte beaucoup et permet au groupe de varier le ton parfaitement, je trouve ?
JD : Comme on le disait précédemment, nos morceaux sont complexes, mais dans le processus de compo de cette album nous avons fait un effort particulier pour laisser de la place au chant (mettant parfois Guillaume dans l’embarras !). Auparavant, rien que répéter le même riff plusieurs fois dans un morceau nous paraissait ennuyeux et trop simpliste mais on a fini par se dire qu’avec un tel chanteur c’était vraiment dommage de ne pas développer de l’espace pour de bonnes lignes de voix, d’autant plus qu’il nous surprend toujours par la façon dont il place ses vocaux.
Nous avions aussi l’impression d’avoir été trop loin dans les pistes de chant de "Paradigms Lost", et avons voulu sur "Redshift"intégrer des parties vocales plus directes, revenir à quelque chose qu’on puisse reproduire en live. Dans ce même contexte nous avons développé la participation au chant de Yannick, notre bassiste
frontman (qui se prête à l’exercice avec beaucoup de plaisir tant qu’il n’y a pas trop de « h » dans les paroles !) : ça permet de garder une certaine intensité dans les lignes vocales, en répartissant l’effort sur deux personnes, et contribue à la variété sonore.
Enfin je voulais évoquer 'Ascent To Rebirth', la voix parlée robotique porte le titre vers un côté plus indus, pas loin d’un Fear Factory pour le côté sombre et intense, c’est une piste de composition que vous pourriez exploiter plus fortement ?
GG : c’est un morceau vraiment à part, le dernier que nous ayons composé, en fait. Au-delà du côté indus, j’y entends surtout une facette très froide et malsaine. C’est cette ambiance qui m’a d’ailleurs inspiré les paroles, traitant de d’enfermement mental et de délire psychopathe. Ce morceau me fait beaucoup penser à la chanson 'Host', qui clôture l’album « Grin » de
Coroner (tu pourras d’ailleurs y trouver une référence !).
'Ascent to Rebirth' nous a posé pas mal de problèmes lors de l’enregistrement, notamment pour les chants. J’ai mis beaucoup de temps à trouver des lignes vocales dont je sois satisfait, et sa structure atypique ne m’a pas permis de caler des enchaînements classiques couplet/refrain. Au final, ce morceau a une saveur très particulière, qui malheureusement n’est pas possible à reproduire en live…
Je ne sais pas te dire si nous referons des morceaux de ce type, mais une chose est certaine, c’est un OVNI dans notre discographie !
La suite c’est la scène bien sûr, vous avez des pistes de tournées ou de festival en vue pour défendre l’album ?
GG : C’est effectivement la finalité ! Nous avons organisé notre
release party en février sur Toulouse, et déjà annoncé quelques dates pour 2023, notamment en mai au Vindhell Fest (Charente) et en novembre au Metal Fest 09 (Ariège). Un mot d’ailleurs au sujet de ce festival, auquel nous sommes très heureux de participer car il marque la renaissance d’un festival metal sur notre terre natale ! Nous aurons la chance de partager l’affiche, entre autres, avec
Acod,
Scarlea,
Monolyth ainsi qu’avec les potes ariègeois de
Host !
D’autres dates seront annoncées prochainement pour 2023 et 2024.