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TITRE:

MHUD (09 mai 2023)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

POP



Interview de cet artiste, auteur de "Post Parade", à découvrir avec un univers musical et littéraire bien à lui
NIST - 07.06.2023 -
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Qui est MHUD ? En gros qui se cache derrière le D partant du principe que MHU est pour Matthieu Hubrecht ?

En fait MHUD n’a aucune signification, j’aime juste bien visuellement et que tout n’est pas obligatoirement un sens me plaît. C’est vrai que ‘MHU’ peut porter à confusion, mais en réalité je ne m’en suis rendu compte qu’après que des journalistes m’en aient fait la remarque.


La chronique de Music Waves indique que ton album "Post Parade" est « inventif et présente un alliage qu’il n’est pas habituel de rencontrer : de la chanson française (au sens de « avec des paroles recherchées, énigmatiques voire poétiques ») allié à des sonorités électroniques typées 70’S/début 80’s ». Qu’est-ce qui t’a poussé dans le sens de cette union peu commune ?

De manière générale, la musique et les paroles vont de pair chez moi (sinon pourquoi faire de la musique avec des paroles), dans ‘J’ai Voulu’ par exemple, l’intro synthé 80’s’ ’toutes voiles dehors’’ correspond à la naissance avec un mélange énergie/enthousiasme/naïveté débordant.  La musique doit donner une dimension supplémentaire au texte ou continuer l’idée du texte et inversement. Pour cet album, ce son de synthé a un coté nostalgique qui correspondait à l’ambiance que je souhaitais donner au texte, maintenant si on écoute bien l’album il y a aussi pas mal de sonorités indus/électro plus modernes. L’autre chose qui m’a fait aller vers ces sons, c’est tout simplement une certaine passion que j’entretiens pour mes vieux synthétiseurs analogiques avec leurs instabilités mais aussi avec leur côté plus chaleureux et plus instinctif qui m’a naturellement donné envie de les utiliser.


Musicalement, cet album nous évoque « Depeche Mode pour leur amour immodéré des mélodies et des boucles hypnotiques, et aussi Pet Shop Boys qui eux ont plutôt pour coutume de nous raconter des histoires de la vie quotidienne au second degré ». Ces groupes font partie de tes influences musicales ?

Pour Depeche Mode, oui, j’aime beaucoup notamment l’album ‘Black Celebration’ qui a pas mal de sonorités indus. En ce qui concerne les Pet Shop boys, je ne connais pas bien, je suis allé écouter vite fait, à priori on est dans des sonorités qui me conviennent moins. De cette période il y a aussi les albums "Security" de Peter Gabriel, "The Pleasure Principle" de Gary Numan, "Radioctivity" de Kraftwerk, sur lesquels je me suis souvent attardé.


On cite des groupes des années 1980 mais qu'écoutes-tu d'actuel ? Et à quels artistes ou scènes souhaiterais-tu être associé ?


En fait, j’ai écouté beaucoup de musique pendant longtemps et en ce moment j’aime bien poser une oreille plutôt sur le chant des oiseaux, une rivière qui coule, ce genre de trucs. Je ne me sens pas spécialement proche d’une scène actuelle. Il y a cependant des groupes en France comme Cosse, Bârlin ou HiFi Klub qui sont intéressants.


Tu as créé tes chansons seul mais tu as fait appel à des musiciens pour les jouer sur l'album. C'était nécessaire pour leur rendu sonore, parce que tu souhaitais un jour les jouer sur scène ou simplement pour enrichir l'orchestration ?

C’est simplement que je voulais que l’album sonne le mieux possible, je dirais à chacun son métier. J’ai rarement (voire jamais) entendu un bon disque où la personne faisait tout (c’est bien pour la com, en ce qui concerne le résultat j’en suis moins sûr). Même des musiciens comme Prince qui était virtuose de plusieurs instruments engageait la plupart du temps des musiciens spécialisés de leur instrument, ce n’est pas pour rien. C’est bien d’être de temps en temps le point de vue extérieur de son album pendant l’enregistrement, on a un regard plus global de ce qui est en train de se passer, ce qui permet de mieux diriger et de mieux discerner les modifications à réaliser.


As-tu eu peur de l'équation chanteur électropop = artiste avec son laptop?

Euh pas vraiment, déjà parce que j’ai dû chercher sur Google ce que voulait dire laptop ! Je suis très mauvais avec un ordinateur, à savoir que je fais mes démos non pas à partir d’un logiciel mais à partir de mes instruments, le logiciel ne me servant qu’à enregistrer des pistes mais pas à créer des sons ou écrire des partitions.


Ont-ils contribué à modifier les chansons, les arrangements, ou tout était prêt avant leur arrivée? Bref MHUD est-il un vrai groupe ou plutôt un projet solo ?


MHUD est un projet solo. J’ai travaillé avec Romain Dowska (réalisateur de l’album) sur les arrangements de l’album et chaque musicien est venu y ajouter une touche personnelle.


Comme on l’a indiqué, les paroles jouent un rôle tout particulier dans l'ambiance qui se dégage de cet album. Comment se passe ton processus créatif et dans quel ordre écris-tu les titres (musique ou paroles en premier) ?


Ce n’est pas vraiment méthodique ou arrêté comme manière de faire. Souvent, je crée des sons, (ça peut être à la guitare accoustique/électrique, à la basse, au synthé/machine, piano, BAT…), à un moment je tombe sur un qui va m’inspirer un texte et je vais commencer à improviser dessus, ça peut tout aussi bien être un refrain, un couplet, une intro… D’un autre coté j’ai pendant longtemps eu un carnet sur moi dans lequel j’écrivais ce qui me passait par la tête, je pioche régulièrement dedans, j’ai la chance d’y trouver souvent des trucs qui correspondent à ce que je suis en train d’écrire. Il y a aussi des titres qui sont partis d’un texte complet et la musique a été faite après et inversement.


Collabores-tu pour l'écriture ? Tu te sens inspiré par des chanteurs ou plutôt par des références plus littéraires ?


J’écris mes textes, et dans mon cas une collaboration sur l’écriture me paraît difficile.  Je suis d’une manière générale plus références littéraires et je dois reconnaître être assez fascinés par des grands classiques : "La Mare au Diable" de Georges Sand, "Les Misérables" de Victor Hugo, les Rougon-Macquart de Zola, La Comédie Humaine de Balzac, mais Bukowski m’a quand même souvent bien fait rire. En chanteur francophone j’aime bien le coté décalé et élégant de Stephan Eicher et je me suis assez intéressé à divers peintres comme De Chirico, Goya, Cezanne, Soutine…


Tu te réclames de références obscures mais on sent aussi des influences d'électropop plus évidentes. Comment considères-tu cette scène-là ?


Je ne suis pas vraiment capable de citer le nom d’un groupe de cette scène, j’en entends effectivement souvent un peu partout quand je sors de chez moi.


Tu préfères qu'on te compare aux conteurs poètes français ou à la scène britannique née avec les synthés qui racontent des histoires en apparence plus ordinaires mais à portée en réalité universelle ?

A un mélange des 2, sans le côté conteur d’histoire. Il y a aussi surtout un coté peintre dans ma ma manière de voir ma musique, à l’instar de certaines peintures où après la première impression, il y a plein de détails qu’on découvre et qui donnent beaucoup plus de significations à l’ensemble.


L'univers de tes clips semble aussi assez homogène. Tu travailles toujours avec les mêmes créateurs ?


Oui, j’ai eu la chance de rencontrer, la paire Nicolas Bouf/David Garnacho et Antoine Desanti sur mon chemin, qui ont bien aimé le projet et avec qui une confiance s’est installée.


Tu as une identité sonore bien définie, dans un style qu'on entend peu en 2023 et notamment en France. Pourtant il me semble avoir lu que tu souhaitais changer complètement de style pour ton prochain album. Est-ce par peur de l'ennui ou parce que tes influences vont au-delà de la new/cold wave ?


Déjà je pense qu’il est important de ne pas avoir peur de l’ennui. Dans ma manière de composer l’ambiance sonore est déjà présente, je n’ai pas vraiment à réfléchir sur comment l’album devra sonner, et comme dit précédemment le texte est aussi souvent inspiré de cette ambiance, la direction à suivre est là dès le départ. Je ne suis pas quelqu’un qui cherche absolument à composer quelque chose, soit ça vient naturellement et je suis attiré vers mes instruments et si rien ne vient ce n’est vraiment pas grave, il y a d’autres choses intéressantes à faire dans la vie. De plus mes influences musicales sont multiples il y a effectivement de la New/Cold wave, (DM, Bowie, Alan Vega…), à une période de ma vie je n’écoutais que du blues ( Lightnin Hopkins, Buddy Guy, Sonny Boy Williamson…), j’adore le funk (Funkadelic, James Brown), ce que fait Neubauten est toujours très intéressant, je me suis aussi replongé dans Marillion il y a quelques temps ( "Sound that can be made"/ "Marbles"/"Fear"), Autechre aussi, et il y a des disques  qui me suivent depuis longtemps : Van Morrison ( "Moondance", "Hard Nose the Highway"), Pink Floyd, Miles Davies,  Malher, John Coltrane, Duke Ellington…


Mais au regard de la difficulté dans le monde du disque, n’est-ce pas risqué de changer ainsi d’identité et ainsi ne pas se construire une fanbase stable ?


Je ne me pose pas vraiment ce genre de question, on rentre plus dans le domaine du marketing à ce moment-là.  C’est vrai que c’est très à la mode de viser un public et de faire la musique et le message des paroles en fonction. Pour moi c’est l’inverse de ce que doit être l’Art, l’Art doit permettre de découvrir d’autres facettes de soi, de faire bouger nos bases pour donner d’autres points de vue que l’environnement dans lequel on traîne.D’autre part, il peut y avoir un changement au niveau de la forme mais je reste quand même dans une certaine esthétique et le fond artistique est là : c’est-à-dire que je recherche toujours à ce que le texte et la musique se répondent et s’influencent ensemble et non chacun de son côté. Là-dessus il y a une continuité dans MHUD et c’est ça le plus important.


Des scènes de festival cet été ou des dates de concert ?


Je n’ai pas prévu de concert, je souhaite que les instruments soient joués et pour Post Parade il faudrait être 5 sur scène pour le monter comme il se doit. Je n’ai tout simplement pas le budget ni un réseau de tournée assez important pour le faire. Je préfère me concentrer sur la production du troisième disque en espérant pouvoir le présenter live à sa sortie.


Qu’attends-tu de cet album ?


C’est un disque qui a été réalisé pour être écouté dans sa globalité, j’espère qu’il touchera les personnes curieuses de l’entendre et qu’il poussera certaines à le réécouter plusieurs fois pour y découvrir ses différentes facettes.


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves…


S’ils ont à un moment envie de découvrir quelque chose de nouveau mais différent de ce qui se fait actuellement, ils peuvent poser leurs oreilles sur Post Parade !


Plus d'informations sur https://mhud.bandcamp.com/
 
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