NEMO.

J'ai choisi de poser à chaque membre du groupe des questions permettant d'avoir le point de vue de chacun, sans concertation préalable. Le résultat est plutôt sympathique et permet d'envisager pour Nemo un avenir souriant.
Le premier à répondre sera Jean-Baptiste (JB) parce qu'il est le plus jeune et qu'il est toujours caché par sa batterie en fond de scène ! Le deuxième sera Lionel (LG) avec sa grosse guitare lourde qu'on appelle une 'basse'. Puis on aura Guillaume (GF) le maître des touches et enfin le centerman chanteur et guitariste Jean-Pierre (JP).


Depuis quand fais-tu partie de Nemo et comment as-tu été recruté ?
JB Je fais partie du groupe NEMO depuis 4 ans. Mon arrivée coïncide avec le départ de Pascal Bertrand, ancien batteur du groupe et aussi brillant professeur. Je pense qu’il s’est occupé de trouver un successeur, c’est pourquoi JP m’a appelé pour une audition (et ça a marché !).

LG J’embarquais automne 2004 suite à une audition (2 en fait) précédée d’un premier contact par téléphone avec JP, à qui j’avais fait part quelques mois plus tôt que ma 5 cordes faisait à nouveau partie de ma vie.

GF Je fais partie de NEMO depuis la création. J'étais élève à l'école de musique du Puy et connaissais très bien Pascal BERTRAND, le premier batteur du groupe. Pascal a fait appel à Jean Pierre sur plusieurs projets auxquels je participais. C'est comme ça que je l'ai rencontré. Quand ils ont émis tous les deux l'idée de monter un groupe de rock prog, ils m'ont demandé de jouer du clavier dans le groupe et ça a collé...

JP Je suis à l’origine du groupe, avec Pascal Bertrand qui fut notre premier batteur. C’est une histoire de rencontres entre personnes ayant les mêmes références et les mêmes envies musicales. Nous nous sommes connus en 1999 et le groupe s’est constitué en 2000 avec Guillaume aux claviers.

Dans quelle mesure interviens-tu dans la création de la musique de Nemo ?
JB Je pense être de bon conseil dans la structure du morceau, son organisation et surtout, dans l’arrangement des parties, des breaks, des chorus… Non pas qu’il faille négliger le côté harmonique, mélodique, voir plus « solfégique » de la musique, mais cette partie-là n’est pas mon fort. Je préfère me concentrer sur l’esprit à donner au morceau ainsi qu’à l’arrangement des idées et leur développement.

LG Lorsque Guillaume et JP se roulent une clope, laissant 5 minutes leurs instruments et qu’il est possible d’en placer une…
…non, sérieusement j’essaie d’apporter un terrain stable, propice aux développements mélodiques, à l’écoute permanente des rythmiques de JB.

GF Dans un premier temps, je compose quelques thèmes ou grilles en solitaire, suivant l'inspiration, que je soumets au groupe si je pense que ça peut lui convenir. Suivant l'avis de tout le monde, on décide d'en faire quelque chose ou pas, souvent en l'intégrant dans des morceaux déjà entamés ou en le mélangeant avec des thèmes d'autres membres du groupe. C'est ce qui, pour moi, explique en partie l'unité de ce que nous faisons.
Dans un deuxième temps, comme chaque membre du groupe, j'interviens dans l'arrangement et la structuration des morceaux, puisque ce travail se fait pour une grande partie en répétition (même si l'expérience de Jean Pierre fait qu'il a plus de capacités que moi pour appréhender la construction d'un morceau).
Enfin je participe à l'écriture de certains textes et de façon générale à tout ce qui concerne la conception des albums...
Voilà, c'est résumé, mais c'est ça...

JP Au départ, nous avons commencé à travailler sur des morceaux que j’avais écrit pour l’occasion, comme « Abysses » par exemple, ou sur des maquettes que j’avais réalisées pour moi. Ce fut le cas pour « Au dessus des pyramides » ou « Danse du diable ».
Sur le premier album, j’ai été le principal compositeur car il fallait bien partir sur quelque chose, et les idées des autres ont été bénéfiques à la musique. Au fil du temps, la place pour les autres s’est élargie et chacun amène désormais son lot d’idées.
Je pense rester quand même le plus prolifique, et celui qui a une vision claire de la direction artistique. Mais le dialogue est toujours ouvert et les idées ne sont jamais arrêtées.
Je suis aussi le principal créateur des textes, avec quelques contributions de Guillaume, par contre les thèmes abordés sont imaginés par nous deux.

As-tu des activités musicales parallèles (détaille la réponse) ?
JB En effet, je mène une recherche musicologique qui traite de l’informatique musicale. Le but de ma démarche est de montrer que l’ordinateur n’est plus un simple outil au service de la musique mais qu’il tend à devenir un véritable instrument de musique à part entière dans le sens ou la diversité de ces fonctionnalités s’accroît constamment. Il est un outil d’avenir en perpétuelle métamorphose.
De plus, je mène une activité de Disc Jockey. C’est surtout et encore la partie mixage et arrangement (voir mastering) qui m’intéresse. Je fabrique donc des maquettes sur support CD afin de démarcher les discothèques. Il m’arrive de collaborer avec des formations plus funk, cuivrées. La prise de son studio est aussi un domaine très intéressant que j’ai pu découvrir et approfondir lors de sessions de studio avec NEMO.

LG Non. (C’est assez détaillé ?) Le peu de temps libre dont je dispose est consacré à Nemo.

GF Oui, j'ai des activités parallèles mais que je ne peux te dévoiler sous peine de trahir ma couverture... Bon tant pis, j'me lance, je fais partie des services secrets anglais et je tente d'infiltrer un groupuscule écolo très dangereux qui réalise des actions sous couvert d'une association nommée Quadrifonic. J'ai réussi à remonter la piste jusqu'au président, le jour même de son anniversaire...
Mis a par ça, j'ai pas mal de projets musicaux relatifs à mon travail de professeur de piano, mais rien de comparable à mon investissement dans le groupe.
Je pratique également le théâtre en amateur et participe à quelques spectacles pro.
Voilà, en gros.

JP Oui, j’ai jusqu’ici enregistré trois albums sous le nom de JPL, qui compilent tout ce que je peux écrire en dehors de Nemo. Les styles abordés sont divers, mais toujours rock. Il me reste en magasin des dizaines de maquettes qui feront peut-être l’objet de futurs albums.

Quels sont tes groupes ou musiciens de références ?
JB J’aime beaucoup les ‘grooves’ de Porcaro, les ‘breaks’ de Portnoy et les mises en place de Weckl ; sans oublier le ‘feeling’ d’Elvin Jones.

LG Yes, Rush, Marillion, Black Sabbath, Sting.............

GF Led Zeppelin, Deep Purple, Genesis, Muse, Peter Gabriel, Porcupine Tree, Spock's Beard, M, Radiohead,… c'est pas exhaustif.

JP Je préfère les musiciens créatifs aux techniciens purs. Mes guitaristes de références jouent rarement très vite. Michael Schenker, Roine Stolt ou Steve Lukather représentent bien mon idéal et le niveau que j’aimerais atteindre.
Pour les groupes c’est la même chose : peu importe le style, mais j’ai besoin pour apprécier une musique qu’elle soit recherchée harmoniquement et bien exécutée. Mes héros se nomment Led Zeppelin, Yes, Thin Lizzy… Mais j’aime aussi beaucoup de groupes encore vivants.

Quels disques écoutes-tu en ce moment ?
JB 'Tribute to the Funk’ de Dj Kéops et ‘Food for Funk’ de Maceo Parker.
PS : Anglagard est aussi dans ma voiture.

LG Saga - Trust, Peter Gabriel - So, Flower Kings - Paradox Hotel.

GF Muse - Absolution, Porcupine Tree - In Abstentia, Dream Theater - Falling into Infinity, Camille - ?, Sinclair - Supernova...

JP Gentle Giant - Free Hand, Kate Bush - Hounds of Love, Iron Maiden - A Matter of Life and Death, plus toutes mes vieilleries qui tournent régulièrement sur la platine : Come Taste the Band ou Burn » de Deep Purple, les albums de UFO ou de Black Sabbath…

Quel disque (et, si tu peux préciser, quel titre) de Nemo correspond le plus à ta sensibilité ?
JB J’aime beaucoup Prélude à la Ruine et surtout le titre ‘Ogre’. Tous les chemins est aussi un morceau génial de part le groove et l’énergie qu’il entretient. On pourrait dire que j’ai un petit faible pour les morceaux plutôt dynamiques et rythmés…

LG Je suis tenté de dire Si partie II , mais comme il n’est pas sorti, disons Prélude à la Ruine avec ‘Le monde à l’envers’. J’apprécie beaucoup aussi ‘La mort du scorpion’ et ‘Désolation’ dans Présages.

GF Sans hésiter Si partie 1, "Douce mort". Long, parfois très violent, parfois extrêmement calme et surtout très original (pour moi).

JP Pour le moment, l’album qui me ressemble le plus reste Prélude à la Ruine. J’aime son côté énergique et la relative concision des morceaux qu’il contient. Je pense aussi qu’il recèle quelques uns des meilleurs titres de Nemo comme ‘O.g.r.e.’ ou ‘1914’. Mais je crois qu’il va être sérieusement concurrencé par Si partie II.

Et celui qui te satisfait le moins (disque, titre) ?
JB Sincèrement, j’en sais rien. Vu que les morceaux sont élaborés en groupe, si quelque chose ne me plait pas, je le dis. En outre, il y a parfois des concessions à faire, mais ça ne dure jamais un morceau entier !

LG Il n’est pas simple pour moi de répondre à cette question…n’ayant participé ni à la création ni à l’enregistrement des trois premiers albums.
Maintenant, en tant que musicien de Nemo, reprendre Les nouveaux mondes, qui tourna en boucle sur ma platine serait un réel plaisir.

GF Très difficile ! et à contre coeur je te dirais Les nouveaux mondes, non pas parce que je ne l'aime pas, bien au contraire, mais parce qu'il me semble naturellement très éloigné de ce qu'on fait maintenant. Tout cela est très subjectif et peut changer demain. Cela dit, il n'y a rien dans nos albums qui ne me satisfait pas et c'est vraiment histoire de répondre...

JP Sans nul doute Les nouveaux mondes, car aujourd’hui nous n’écrivons plus de la même manière. Nous n’avions pas non plus encore trouvé notre place chacun dans le groupe. Ce n’est pas que je le trouve mauvais, loin de là, mais c’est le moins réussi. Mais n’est-ce pas normal ?

Aujourd'hui, créer avec Nemo c'est pour toi toujours plus de bonheur ou un passage vers autre chose ou un plaisir qui s'étiole .... ?
JB Créer de la musique, partager une passion commune et se faire plaisir, c’est le cas avec Nemo. On s’entend plutôt très bien et chacun joue son petit rôle, tant dans la création, l’élaboration des idées ainsi que dans l’écriture des textes. Alors je dirais que ‘c’est toujours plus de bonheur’.

LG Sans hésitation : plus de bonheur !
Les échanges, ou plus, les mélanges et interactions de nos idées sont de plus en plus riches, c’est un réel plaisir.

GF Sans NEMO dans ma semaine, je suis très irritable. C'est pour moi un espace de liberté motivant et très gratifiant. Bonheur donc.
Pour ce qui est de la création, nous sommes toujours en train d'avancer vers quelque chose de nouveau et cherchons toujours à nous améliorer. Tant que nous avançons comme ça, je ne vois pas ce qui pourrait s'étioler.

JP L’entité ‘groupe’ est l’espace de création qui me convient le mieux. Avec Nemo j’ai trouvé un cadre parfait, sans limite, avec des musiciens capables de tout jouer et humainement très agréables. Que demander de plus ?
Le plaisir d’écrire ensemble ne s’étiolera que lorsque nous penserons avoir tout dit, ce qui est loin d’être le cas, et pourrait même ne jamais arriver si on y fait attention.

Et sur scène, même plaisir ou même lassitude ?
JB Sur scène, c’est un grand plaisir et de plus en plus. On joue de mieux en mieux ensemble (sinon on aurait arrêté !). C’est pourquoi l’on n'hésite plus à parcourir des kilomètres pour jouer.

LG Du bonheur aussi, malgré les soucis de santé que tu connais, il y a de la complicité, un partage qui est en plus porté par le public.

GF Pour ce qui est de la scène, je me sens limité pour l'instant car je pense tout bêtement que nous n'en faisons pas assez (malgré nous). Je pense malgré tout que c'est de mieux en mieux et en tout cas, c'est toujours un plaisir de rencontrer un public (même si ça rend malade parfois...).

JP Même réponse, quoique la scène ne soit pas ma facette favorite. J’aime beaucoup ça, mais mon réel plaisir reste de créer, de remplir l’espace avec des sons qui n’existaient pas avant. Nous modelons l’espace sonore comme d’autres modèlent les paysages. Je ne sais pas si cette notion peut être appréhendée par quelqu’un qui ne crée pas, mais c’est très grisant et ça donne l’impression d’exister.

Donc comment envisages-tu ton avenir musical et celui de Nemo ?
JB J’espère travailler dans la musique et si possible dans l’enseignement. Le groupe se porte bien et cela nous permet de vendre quelques CD. Avec l’arrivée d’un président dynamique, j’espère voir grandir le phénomène Nemo et si possible un jour en vivre (ou pas ?).

LG Riche de toutes ces sensations, et avec Nemo car c’est le groupe plaisir.
Nemo ne fait pas de la musique suivant les impératifs qui règnent sur la plupart des formations, cela se ressent et notre musique rassemble toujours plus de monde, pourquoi ne pas envisager que Nemo soit toujours là dans 20 ans ?

GF Mon avenir musical sera fait de travail et d'investissement sans que je puisse te parler de projets concrets. En tout cas, Nemo toujours.
En ce qui concerne l'avenir de Nemo, j'espère beaucoup de concerts pour 2007 et une sortie réussie et appréciée pour Si partie 2.

JP J’espère que le groupe continuera le plus longtemps possible, avec la même motivation et la même liberté. Tout le reste sera superflu.

Est-il nécessaire que j'apporte une conclusion à cette interview ?
Nemo n'est pas le groupe qui accompagne un leader et si cela se lit dans les réponses des musiciens, cela s'entend plus nettement encore quand on a le bonheur de voir le groupe sur scène.
Il y a des regards complices et une telle joie de jouer ensemble chez ces quatre-là que le plaisir est toujours au rendez-vous.
Je soupçonnais cette osmose, maintenant je sais qu'elle est réelle !