Devant les innombrables questions que nous voulions poser aux deux membres de ce fameux groupe et le peu de temps qui nous était accordé, Progressive Waves a privilégié des questions d’ordre général, laissant aux lecteurs la possibilité de se faire leur propre opinion concernant le dernier album des suédois…
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Pw : En quelques mots pourriez-vous présenter rapidement Pain of Salvation aux quelques rares lecteurs de Progressive Waves qui ne vous connaîtraient pas ? Ou plus précisément comment qualifieriez-vous votre musique ?
Daniel : nous sommes un groupe de prog’ métal même si nous ne faisons pas que du prog’ métal… En fait, nous faisons du métal…
Johann : et du prog’ (rires)
Daniel : En fait, c’est le groupe que j’espérais quand –à 11 ans- j’ai créé mon groupe Reality même si c’était dans une veine totalement différente. En bref, nous jouons sous le nom de Pain of Salvation depuis 1991 et nous sommes des gens vraiment… très bien (rires)…
Pw : Justement d’où vient ce nom Pain of Salvation ?
Daniel : Quand j’ai commencé mon groupe à 11 ans, ce n’est pas comme quand tu créés ton groupe à 14/15 ans. A 11 ans, tu n’es qu’un bébé donc tu dois changer le nom de ton groupe. A la base, je voulais un nom qui fasse réfléchir les gens comme une sorte de Yin et de Yang. Toute chose a une double signification au-delà du sens général et c’est assez amusant car, depuis, le terme « pain of salvation » est devenu une expression quotidienne…
Pw : Comment composez-vous ?
Daniel : Avec beaucoup d’excitations et de sueurs (rires)..
La plupart des musiques me viennent en tête et je dois les garder pendant longtemps…
Pour cet album (Ndlr : « Scarsick »), je voulais revenir à l’identité du groupe et que les mecs ne soient pas seulement dans « l’obscurité »… Dans le précédent album par exemple, j’avais introduit beaucoup de nouvelles idées qui faisaient qu’on n’était pas forcément à l’aise pour les reproduire en « live »… Dans ce nouvel opus, on est revenu à des mécanismes plus traditionnels qui font que la machine est mieux réglée !
Pw : Quels sont vos sources d’inspirations ? Vos influences ?
Daniel : Nous sommes très inspirés par les gens qui travaillent dans les hôtels (en référence aux travaux effectués pendant l’interview)… Je ne sais pas… Les sources d’inspiration sont partout… tout le temps….
Pw : Justement tu es père depuis mai dernier : est-ce que cela a changé ta façon de voir les choses musicalement ?
Daniel : Bien sûr, cela change ta personnalité… C’est un ajout à celle-ci…
En fait, la vie en général est une très grande source d’inspiration et te fournit tout ce dont tu as besoin pour composer… La vie a tendance à te fournir des évènements inespérés qui te donnent une très large palette d’émotions, de sentiments… La vie est régulièrement en même temps hideuse et magnifique et c’est ainsi que je conçois la musique en général et la nôtre en particulier…
Pw : Comment expliqueriez-vous que la Suède soit devenue depuis le milieu des années 90 le pays du métal en général ?
Daniel : En fait, nous avons un très bon groupe et pleins d’autres groupes (rires)…
Johan : Techniquement, la Suède permet d’avoir des salles d’enregistrement et on a plein de possibilités de créer un groupe. En Suède, c’est assez facile d’obtenir un instrument… Le coût est assez faible pour obtenir un studio d’enregistrement qui contient tous les éléments nécessaires à un enregistrement !
Bien sûr, nous avons une école de musique où les gens commencent dès le « 3rd grade » à essayer des instruments. Je ne sais pas si c’est gratuit mais le coût est relativement faible…
C’est vraiment – je pense - la principale raison pour qu’il y ait autant de groupes en Suède.
Je ne sais pas comment ça se passe chez vous en France mais en Suède nous avons un château musical qui s’appelle Bolsta (?) qui contient je ne sais pas combien de studios d’enregistrement ; probablement 200 ?
Daniel : En comparaison, dans notre ville nous avons 90.000 personnes et dans cette même ville, nous avons 300-500 groupes… Tout en sachant que jouer du prog’ est de plus en plus à la mode…
Par exemple, ici, quand vous écoutez la radio, le choix de musique est plus large… Pour jouer de la musique « pas à la mode », il faut aller à l’étranger car premièrement, la Suède est un tout petit marché même si le « petit » est assez grand et on est assez facilement ignoré par les médias si on est pas Britney Spears (rires)…
Hier, justement, nous regardions une chaîne de télé musicale française et il y avait du hip-hop et je me dis que le hip-hop français est meilleur que bien d’autres car il est bien plus « musical » : il a beaucoup de valeurs musicales à mes oreilles !
Pw : Arrivez-vous enfin à vivre de votre musique ?
Daniel : En fait, les gens pensent qu’il y a beaucoup plus d’argent dans le business de la musique qu’il n’y en a en réalité…
Actuellement, nous sommes à un point où tout marche plutôt bien d’une certaine manière…
Mais cela nous a pris quelques années pour comprendre comment réaliser des économies car le business de la musique est construit sur un système où tout le monde prend une part du gâteau !
Et tous les musiciens qui créent de la musique sont tout en bas de ce système et à cet égard, on ne peut pas décider quels sont les coûts ni les honoraires… Par exemple : quand tu vas dans un studio, c’est le studio qui décide du tarif ; c’est son propre chiffre !
En gros, tout ce qui vient se greffer à la composition est une perte pour le groupe… du moins ce n’est pas vraiment un profit !
Actuellement, je vis de ma musique entièrement mais la roue peut tourner. En tout cas, cela signifie surtout que tu dois faire plein de trucs par toi-même… En bref, tu dois t’impliquer dans tout ce que tu fais pour ne pas à avoir à le faire faire par quelqu’un d’autre et le payer !
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Pw : Que pensez-vous de l’évolution du musique business qui a été bouleversé par l’explosion du net ? Justement net : impact positif ou négatif sur votre art ?
Daniel : Tu veux dire par là ce que je pense sur le fait que notre album ait été disponible sur le net 2-3 mois avant sa sortie ? (sourires)
Johan : C’est le mauvais côté de la chose… Et comme Daniel le disait tout à l’heure à propos du groupe, il y a deux faces en même temps. La bonne, c’est que vous pouvez trouver de la musique que vous ne trouverez pas autrement. C’est l’aspect économique qui n’est pas bon pour plein de groupes.
Mais je pense que nous ne sommes qu’un groupe de musique. J’entends par là : la pochette par exemple est une œuvre en tant que telle ainsi que toutes les paroles… L’auditeur a besoin d’un cd entier… Bien sûr, vous pouvez télécharger tout ce que vous voulez mais je pense que nos fans veulent vraiment nous supporter et achèterons notre album… même si cela n’empêche pas que beaucoup le téléchargeront avant….
Daniel :… comme pour les cadeaux de Noël !
Johan : Exactement comme à Noël… Enfant, tu allais à la penderie enlever le papier cadeau en te demandant ce qu’il pouvait contenir…
Daniel : Je ne l’ai jamais fait en ce qui me concerne !
Johan : J’étais trop curieux je suppose (rires) !
Pw : Daniel, le fait d’avoir tourné avec Transatlantic a-t’il influencé ta vision de la musique ?
Daniel : Cela m’a convaincu que tu devais baisser le volume sur scène et c’est en cela que cette expérience m’a vraiment servi (rires)…
Plus sérieusement, c’était la meilleure, la plus intéressante des expériences pour moi comme pour The Flower Kings… j’étais à l’autre bout de la table. En effet, dans Pain of Salvation, j’ai plein de hautes responsabilités et j’ai une vision globale du produit final … Dans ces projets, j’avais juste à être impliqué et… profiter du voyage ! En terme imagé, je n’avais pas à conduire la voiture, juste à profiter de la vue à travers la vitre... et ce n’est pas mal non plus !
Pw : Enfin, pourquoi avoir participé au dernier album du groupe de black métal Axamenta ? En ce qui me concerne, « Ever-Arch-I-Tech-Ture »… fait partie des sorties majeures de l’exercice 2006 avec notamment les 2 titres sur lesquels tu chantes
Daniel : J’aimais les chansons et j’avais les mains libres pour créer mes lignes de chants de la façon que je voulais… A chaque fois que je suis impliqué dans un projet, je veux toujours apporter quelque chose de plus… Je veux faire en sorte que le titre sur lequel je participe soit le meilleur de l’album !
Pw : Justement, est-ce que cette collaboration t’a donné des idées pour le futur comme on peut le voir sur le titre « Flame in Moth » sur lequel tu pousses des hurlements « à la Bjorn Speed Trip » de Soilwork ?
Daniel : Non, en fait, j’ai plutôt été influencé par Pantera et notamment le titre « This Love »… Quelques fois, tu es plus influencé par des détails ou des idées que le passage global… et je me souviens avoir écouté ce titre et apprécié la technique utilisée !
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Pw : D’autres sides projects en vue ?
Daniel : Non et ce n’est pas faute d’opportunités… mais j’essaie d’éviter car cela prend trop de temps… Souvent vous avez plein de musiques au fond de votre tête sur lequel votre esprit travaille et ces projets vous distraient de votre objectif et vous perdez du temps pour revenir sur ces idées…
Pw : Sachant que PoS est souvent vu au travers de son maître à penser Daniel ? Johann, comment toi et les autres membres vivez-vous le fait d’être dans l’ombre de Daniel ?
Johan : C’est vraiment très dur… Je n’aime pas du tout ce mec… Je suis juste un esclave ! Plus sérieusement, je n’ai aucun problème avec ça et je ne pense pas vivre dans l’ombre de qui que ce soit : ça ne fait pas partie de ma personnalité !
Daniel : Il faut que tu parles de Jack Sparrow… parle de Jack Sparrow ! Comme il était indiqué dans le script (rires) (Ndlr : en référence et en comparaison avec le personnage de Jack Sparrow… Si ce dernier a le succès qui est le sien à ce jour, c’est autant en raison du travail de Johnny Deep que du réalisateur)…
Johan : Durant cette promo, on m’a souvent posé cette question concernant Daniel…
On n’aime pas ça : nous sommes un groupe, nous sommes complémentaires les uns des autres…
Personnellement, j’adore travailler avec Daniel. Quelques fois, il me fatigue mais je n’ai pas à me plaindre outre mesure. Je suis fier de faire partie de ce groupe : c’était ce que je voulais faire quand j’étais gamin. C’est vraiment une famille, tu suis le courant. Je ne pense pas que qui que ce soit « soit dans l’ombre » de quelqu’un : nous jouons tous notre rôle, ajoutons nos propres concepts et idées !
En bref, vivre dans l’ombre de Daniel est facile, oui !
Pw : Daniel, toi qui est très branché écologie quel effet ça te fait de voir que le débat des prochaines élections présidentielles en France est centré sur la sécurité et l’écologie ? A ce titre connaissez-vous Nicolas Hulot qui a un certain moment était pressenti comme potentiel candidat aux élections ?
Daniel : Que l’écologie soit au centre des débats de vos élections ; c’est bien !
Concernant la sécurité…. Je pense que politiquement on est plus concentré sur un sentiment de sécurité que la sécurité elle-même !
C’est le type de « produit » qui est facilement vendu depuis 1991 et c’est ce que les gens veulent !
Dans le monde politique, on veut un pouvoir fort… Les nations doivent éviter de prendre cette direction car nous sommes en démocratie ce qui signifie intégrité personnelle, humanité dans le monde etc…
Cependant si vous effrayez assez les gens, ils vont acheter et nous en sommes assez attristés !
Pour l’écologie, c’est super… En Suède, il fait 14-15° actuellement, la végétation est verte… En Janvier ! C’est malsain…
Les orages vont et viennent ! Il se passe des catastrophes naturelles tragiques tous les mois alors que c’était tous les 100 ans auparavant ! ! !
(Solennel et pesant chacun de ces mots) Il est temps que les gens prennent conscience…. Et même si nous ne connaissons pas Nicolas Hulot que tu nous cites, c’est la preuve que les masses commencent à prendre conscience justement de ce problème !
Pw : Malheureusement, l’aspect financier pèse lourd dans d’éventuelles prises de décisions nécessaires…
Daniel : Effectivement mais il faut savoir que l’argent ne peut pas tout diriger… Le coût pour réparer tous les dégâts actuels et futurs sera gigantesque… Il faudra payer un prix très élevé…
Les générations qui ont vécu avant nous ont emprunté l’argent des générations futures
Pw : Tu as raison dès l’interview terminée je vais, de ce pas, botter les fesses de mes parents !
Daniel : Tu as raison (Rires)… Mais malheureusement pour clore le sujet, l’écologie n’est pas bonne pour l’économie… Ceci explique cela !
Pw : Pour finir sur une note plus gaie : que peut-on vous souhaitez pour 2007 ?
Daniel : Et bien… Dominer… le monde entier (rires)… Non plus sérieusement, juste une bonne année et une bonne réception pour « Scarsick ».
Pw : Merci pour le temps que vous nous avez accordé et rendez-vous au 03 mars à l’Elysée Montmartre pour présenter sur scène votre nouvel opus « Scarsick » … A ce titre, depuis un concert de Madonna en France à Paris où elle a lancé sa petite culotte à Jacques Chirac : savez-vous qu’il est de tradition de lancer sa petite culotte au public ?
Daniel & Johann : … (Rires)
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