MW / Accueil / Articles / INTERVIEWS - ABIGAIL’S GHOST (LE 03/08/07)
TITRE:

ABIGAIL’S GHOST (LE 03/08/07)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



Dans le cadre de la sortie de “Selling Insincerity”, le bassiste/compositeur d’Abigail’s Ghost -Kenneth Wilson- reçoit Ping Ping pour répondre et sans détour aux questions de Music Waves concernant la surprise « wilsonnienne » de cette année 2007
STRUCK - 11.09.2007 -
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Ping Ping : Salut, je suis Ping Ping l’interview star de Music Waves ? Ca te parle ?
Kenneth Wilson : Je ne peux pas dire oui, mais ton nom sonne familier à mes oreilles…

Ping Ping : Quoiiiii, tu ne me connais pas ! Enfin, ce n’est pas l’objet de cette interview… Peux-tu te présenter rapidement aux lecteurs de Music Waves qui ne te connaitraient pas encore ?
Kenneth : Et bien, je suis Kenneth Wilson d’Abigail’s Ghost.

Ping Ping : M’ouais… C’est un peu court mais bon, je n’aurais pas dû te demander de te presenter “rapidement”… Enfin, quelle est la signification d’Abigail’s Ghost et pourquoi avoir choisi ce nom ?
Kenneth : Et bien, le nom vient d’un heureux accident et raconte un peu les idées lyriques de l'album et d'une fille nommée Abigaïl. Ce n'est pas vraiment un concept-album concernant cette fille particulièrement, mais elle est mentionnée brièvement et une partie de l’album raconte sa vie affligée.
En fait, le nom vient d’une plaisanterie entre Joshua et moi-même. Nous inventions des noms pour un groupe “Zappa-esque” que nous avons voulu commencer et beaucoup de noms était idiot ; typiquement dans la nomenclature de Frank Zappa. J'ai inventé Abigail’s Ghost et tous les deux avons pensé qu'il ferait un grand nom de groupe et on l'a gardé pour ce projet.

Ping Ping : Super… « Selling Insincerity » est votre premier album : content de la critique et du retour du public ?
Kenneth : Je suis assez content des retours que nous avons obtenu des fans de l'album. Je ne peux pas dire que je pense que l'album est parfait. Etant le producteur principal du groupe, je n'ai pas vraiment estimé que toutes les chansons étaient en accord avec mes espérances initiales, mais les autres membres du groupe semblaient les apprécier ; donc j’ai fait avec...
Je n'aurais jamais pensé que nous aurions tant de personnes intéressées par cet album. Les chansons sont un mélange d’anciens matériels que nous avions écrit à notre adolescence et que nous avons réarrangé à plusieurs reprises.

Ping Ping : Ooooh. Tu veux dire que tu n’es pas seul dans le groupe ? Je dis ça rapport à ta première réponse… Dans ce cas, peux-tu présenter le groupe plus en détail ?
Kenneth : (Rires) Non, je ne suis certainement seul. Je joue de la basse et fais quelques parties additionnelles de guitares, de claviers et des vocaux additionnels, j’écris la plupart des textes et suis le producteur principal. Joshua est le guitariste / chanteur principal, il fait également quelques parties de claviers et il est l'arrangeur musical principal. John Patrick est notre batteur et percussionniste. Randy Paul est le guitariste rythmique. Brett Guillory est en charge des claviers, du piano et de la programmation des claviers…

Ping Ping : Ah. C’est mieux ainsi... Tu as dis être content des retours concernant “Selling Insincerity”... Avez-vous déjà des fans français ?
Kenneth : Et bien, nous avons eu quelques français qui ont achèté notre album sur notre site en ligne, donc je suppose que nous devons avoir des fans en France maintenant.
Comme je l’ai dit, l'album n'est pas exactement sorti de la façon dont je l’espérais, mais il sonne assez bien malgré tout. Je pense que notre obsession sur la minutie des chansons et notre attention aux détails ont dû toucher les fans de l'album qui apprécient ce que nous y mettons. Le nouveau matériel sur lequel nous travaillons m'a excité pour entrer à nouveau en studio car nous avons beaucoup appris de la fabrication du premier album et avec cette connaissance dont nous avons tiré profit, je suis confiant ; l'album suivant sera fantastique !

Ping Ping : Tu veux dire qu’un nouvel album est déjà prêt ? Super…
Kenneth : Et bien, nous sommes à mi-chemin concernant la musique, mais je ne pense pas que l'album sortira avant les 2 prochaines années.
Après avoir fini l’écriture des chansons, ces dernières passeront par une phase de “jam”, s’ensuivra ensuite une démo initiale où on les tord et on les change, puis la démo finale. La démo finale est la base de notre enregistrement studio afin que quand nous entrons dans le studio, nous ne gaspillons pas de temps.
“Selling Insincerity” a été enregistrée en 8 jours au rythme de 12-14 heures de travail par jour. Il n'y a aucun “click track” sur l'album sur lequel nous avions des projets mais cela donne vraiment un sens vivant à l'album. Nous avions les chansons basiques et les avons joué à mort ce qui a rendu le travail studio assez facile.

Ping Ping : Le titre de l’album « Selling Insincerity » signifie t’il que vous n’êtes pas sincères ? Vous faîtes de la musique rien que pour l’argent ?
Kenneth : Non, l’album a pour vocation d’essayer de comprendre les gens. Une grande partie traite des gens qui font semblant d'être quelque-chose qu'ils ne sont pas ou essayent de changer les autres en quelque-chose qui leur convient. L’album traite beaucoup des mauvaises relations où un parti manipule d'autre pour des raisons égoïstes. Il n'a aucun rapport avec le groupe, quoique son nom soit une expression à double sens. L’album semble avoir une signification plus évidente qu’il n’en a réellement…

Ping Ping : Comment définirais-tu la musique de votre groupe ? Et quelles sont vos influences ?
Kenneth : Et bien, chaque membre du groupe a ses propres goûts musicaux. Nos influences sont variées et ils vont du jazz au métal au rock progressif à de la musique dans le “mainstream”. Je dirais que “Selling Insincerity” a des passages de Tool, A Perfect Circle, Dream Theater, des Beach Boys, des Beattles, Radiohead, Porcupine Tree et Steve Vai. Bien sûr, c’est simplifier au possible notre musique. Je dirais que le groupe pourrait être classifié comme du art rock à tendance progressive.
Notre batteur est un grand fan de jazz et apporte beaucoup de ces hâchements jazzy. Il peut être aussi heavy dans le death metal et le thrash, il est donc très polyvalent.
Personnellement, j'ai grandi en écoutant Abba, la pop des 60’s, la pop de rêve et la musique psychédélique. Puis je suis passé une phase rock progressive et maintenant j'écoute tout du moment où il y a des sons intéressants à mes oreilles.

Ping Ping : “Art rock à tendance progressive” ? Peux-tu développer ?
Kenneth : Je n'aime pas généraliser la musique, j'évite donc de classer ma propre musique. Je pense que “Art rock progressif” est la meilleure façon de décrire la musique que nous faisons, si je dois généraliser, mais prends-le pour ce qu'il est. Cela ne nous arrêtera pas de créer indépendamment du type de musique que nous voulons faire.

Ping Ping : Question de Pascalj qui dit que l'album "Selling Insincerity" est excellent mais la ressemblance avec Porcupine Tree est flagrante. Il aimerait savoir si tu n’avais pas peur de ne passer que pour des clones de la bande à Wilson ?
Kenneth : Et bien j'ai déjà entendu cette critique mais je ne me soucie pas plus que ça. Je peux comprendre que les gens nous comparent, mais il y a beaucoup de choses que nous faisons et que Porcupine Tree ne fera jamais et vice versa. Je m’en fous d’être comparé à Porcupine Tree mais dire que nous sommes juste de simples clones de Porcupine Tree ; c'est très insultant, et ce n'est pas juste vrai. Je peux passer chaque section de chaque chanson sur “Selling Insincerity” et donner un résumé de comment chaque partie est arrivée et quels groupes/artistes les ont inspirés. 98 % d'entre eux n'ont rien du tout à faire avec Porcupine Tree.
La production de l'album, cependant, est très inspirée par le travail de Steven Wilson. Je pense que certaines personnes ont du mal à séparer techniques de production et écriture de chanson… C'est probablement pour cela que certains supposent que nous copions Porcupine Tree.
Je pense qu'avec l'album suivant, nous mettrons ça de côté complètement !

Ping Ping : Ah bon ? Tu comptes de détacher de cette étiquette et nous sortir un album de death progressif au risque que les chroniqueurs qui aiment coller des étiquettes vous collent celle de nouveau Opeth ?
Kenneth : (Rires) Non, rien de tel. Le nouveau matériel sonne toujours Abigail’s Ghost, mais je pense qu’avec le temps, les gens auront l’habitude de nous entendre et ils arrêteront d'essayer de nous associer avec d'autres artistes. Il n'y a aucun effort conscient de notre part pour changer de direction, mais depuis “Selling Insincerity” dont le début de l’écriture a commencé en 2003, nous avons grandi en tant qu’hommes et compositeurs.

Ping Ping : Pour être réducteur jusqu’au bout ; je trouve la pochette magnifique… Mais avez-vous été inspiré par celle de « Deadwing » ?
Kenneth : Les photographies pour l'album ont été trouvées avant que l'album “Deadwing” ne soit. Un photographe polonais qui s’appelle Konrad Krol a pris des photos de son book et il n’a jamais écouté Porcupine Tree, donc aucune illustration n'est inspirée par “Deadwing”.
L'illustration de l'album a été choisie autour de 2004. En réalité, j’ai fait la disposition de l'illustration de l'album, mais les photos sont toutes de Konrad.
L'idée entière de l'illustration était que les photos donnent l’idée du détachement et de l'isolement, comme on peut le voir sur la couverture montrant deux femmes assises plutôt loin l’une de l’autre. Le sommet du cadre disparaît et leurs visages sont effacés ; ce qui donne l’idéee qu'elles n'ont aucune personnalité discernable ou une âme ; thème lyrique majeur de l'album.

Ping Ping : Bon ok, je te laisse avec ça… mais Kenneth Wilson, hum… Dis-moi ; aucun lien de parenté avec Steven ? Et Brett Guillory avec Matt ?
Keneth : Il n'y a aucune relation entre nous, quoique je crois savoir que Brett correspond avec Mat via internet parfois. C'est une coïncidence plutôt étrange, mais rien de plus qu’une coïncidence. Nous n'avons pas choisi nos noms de naissance. (Rires)

Ping Ping : De toute façon, c’est le jeu de nous autres critiques qui n’ont pas votre talent et se cantonnent à coller des étiquettes… Et y’a pire comme comparaison ! Justement, elle vous a permis d’attirer facilement une nouvelle frange de fans notamment sur Music Waves…
Kenneth : Oui, la comparaison a été une aigre-douce pour nous. D'une part, nous avons tiré profit de beaucoup de fans en raison du bouche à oreille parmi les fans de Porcupine Tree, mais d'autre part nous avons subi les répercutions des partisans de Porcupine Tree qui sont très défensifs et protecteurs de leur groupe.
Je suis totalement d'accord avec toi sur la notion que les gens doivent avoir un point de référence pour une nouvelle musique. Je suis fier que les gens nous considérent près du calibre d'un groupe comme Porcupine Tree et je prends en considération toutes les éloges et les critiques.

Ping Ping : Pourquoi cette intro originale ; une mazurka ? Les origines de l’un d’entres vous ? du photographe justement ?
Kenneth : Une mazurka est une danse polonaise vive dans un temps triple ; style de l'intro. Je suppose qu'il y a un style très polonais passant dans l'album entier, comme nos photos d'illustration prises en Pologne. Tout est venu ensemble accidentellement, mais peut-être il y avait un peu de raisonnement subconscient à tout de cela.

[IMG]http://www.musicwaves.fr/pics/upload/articles/extras/ABG01.jpg[/IMG]

Ping Ping : Te Mówié po polsku ?
Kenneth : Je ne parle pas polonais, mais je connais un peu de la langue.

Ping Ping : Toujours à propos de la Pologne : connais-tu Riverside ?
Kenneth : Oui, j'aime vraiment Riverside.

Ping Ping : Je délire en disant que Joe Satriani n’est pas loin sur certains soli et notamment celui de « Dead Peoples Review » ? J’ai l’impression d’entendre du Joe Satriani avec des atmosphères Porcupine Tree…
Kenneth : Je pense que tu te référes probablement à l'utilisation de Joshua du phrasé de legato. C'est une technique que Satriani aime utiliser. Je dirais que le solo de “Dead Peoples Review” est plus proche du style de Steve Vai que Joe Satriani. Les implications modales sont très inspirées par le style de solo de Vai.

Ping Ping : Autre question lecteur ; Vibrato nous dit que dès la première écoute de cet album, on distingue une basse proéminente sur la plupart des titres, qui est non sans rappeler un Dave Meros des Spock's Beard ou bien un Pete Trewawas de Marillion...Est ce que l'on peut avancer que c’est votre marque de fabrique ?
Kenneth : Et bien, j'ai eu le même ton de basse pendant des années. J’ai un “fingerstyle” et un “tapping” très semblable à Billy Sheehan ou John Myung.
Le secret derrière le ton, en plus bien sûr de mes doigts, est mon ampli, ma basse et la façon dont ils agissent entre eux. J'ai utilisé une basse que j'ai conçu moi-même avec Gerard Melancon luthier, il y a environ 7 ans. Elle a une noix épaisse en arrière avec une couche en bubinga ce qui lui donne un ton énorme. De plus, elle a des preamp EMG de 18 volts et des pickups EMG faits sur mesure. Les amplis que j'ai utilisé sur l'album sont mon Mesa Boogie M2000 et un Mesa Boogie Triaxis preamp modifié pour des textures déformées.
La basse est passée par mon installation d'ampli, par mon speaker Mesa Boogie et mixée avec trois micros séparés pour que je puisse mélanger et correspondre aux tons différents de chaque chanson sans avoir à changer de micro et gaspiller du temps en studio. Ceux-ci sont passés par des preamps Neve 31099 pendant une fin très moelleuse mais serrée.

Il y a les photos de cette installation sur notre site Web pour les férus de mécanique et les audiophiles qui seraient intéressés…

Ping Ping : Si tu devais choisir un titre de ton album pour faire découvrir la musique d’Abigail’s Ghost à un néophyte : laquelle choisirais-tu et pourquoi ?
Kenneth : Et bien, mon titre préféré personnel de l'album est "Close", mais je dirais que la chanson la plus indicative de notre style serait “Cerulean Blue”. Elle englobe la plupart de ce que nous aimons, du tempo Nine Inch Nails de la batterie et l’interaction de la basse à la foudre de John Petrucci qui rencontre les soli de guitare d’Adrian Belew. Il y a des indications de mesure impaire partout et quelques changements de tempo. Il a aussi beaucoup de sons manipulés et des effets, que j'aime tout particulièrement utiliser. Le solo de guitare et les riffs y induisant sont quelques-uns de mes moments préférés sur l'album.

Ping Ping : Est-ce votre style de musique marche et passe en radio aux States car en France sorti des tubes r’n’b ou rap issus de majors : rien ?
Kenneth : L'industrie musicale est la même aux Etats-Unis. Nous obtenons seulement une infime part de temps de passage à l'antenne de radio et la plupart du temps, c’est sur des radios internet. La radio passe de la musique mais cela n’est pas vraiment fait pour nous.
Je crois qu’internet prend l’ascendant lentement mais sûrement, donc j'espère que nous construirons en ligne notre base de fans par opposition à celle de la vieille voie modelée. Jusqu'ici cette mentalité marche pour nous, mais c'est un très long processus.

Ping Ping : Question bateau : Que penses-tu d’internet en tant qu’artiste ?
Kenneth : Et bien jai toujours enchanté par internet depuis que je suis enfant. J'avais mon propre ordinateur à 10 ans et ai été un drogué d'internet dès lors. J'enregistre de la musique avec des ordinateurs depuis l'âge de 13 ans environ ; chose que je n'aurais jamais faite sans la richesse des informations disponibles sur internet. Je pense qu'il a fait des miracles pour notre groupe. Nous n'aurions pas cette conversation sans internet, donc tu peux dire que j'y dois ma vie.

Ping Ping : Justement en particulier que penses-tu de Music Waves ?
Kenneth : L'anglais est ma langue maternelle et ma compréhension de la langue française est très rudimentaire. Cependant, j'aime vraiment la disposition de votre site. J'imagine que si j'étais français, je l'aimerais beaucoup. C'est super pour le musicien anglophone que je suis de pouvoir parler avec ceux qui ne partagent pas sa propre culture et langue. J'attends avec impatience le jour où la langue ne sera plus une barrière et alors Music Waves et d’autres sites de cette qualité deviendront des sources d’infos sans frontières.

Ping Ping : Est-ce qu’un passage en France est prévu pour qu’on se boive une binouze ?
Kenneth : Et bien, actuellement, nous n'avons pas les fonds nécessaires pour un tour européen, mais quand la situation pour nous le permettra, nous viendrons en France et tu me montreras où je peux obtenir une bonne bouteille de vin ou une bonne absinthe aux extraits de wormwood.

Ping Ping : Mais alors est-ce qu’une tournée est prévue ?
Kenneth : Oui, je pense que dans un proche avenir nous n’aurons pas d’autres choix que de faire une tournée. Mais actuellement ce qui bloque c'est juste une question de soutien financier pour trouver les fonds nécessaires à une tournée de cette ampleur. Nous espérons signer un bon label indépendant qui comprendra les besoins du groupe et nous donnera les fonds nécessaires pour une tournée.

Ping Ping : Quel est ton meilleur souvenir de scène ou lié à ta musique ?
Kenneth : Je n'ai pas vraiment de meilleur souvenir. Il y avait tas de moments amusants notamment lors de nos premiers concerts. Nous avons deux petits concerts d’ici la fin de ce mois (août). J'aime l'interaction avec l'audience dans ces petites salles.

Ping Ping : Quel est ton rêve en tant qu’artiste ? Je crois savoir par notre pote commun Struck que tu as réalisé un rêve de beaucoup de musiciens : tu peux nous raconter ?
Kenneth : Quand j'ai suivi le Conservatoire de musique Berklee, il m’est arrivé de rencontrer plusieurs de mes idoles musicales. J'ai rencontré et ai parlé avec Mike Portnoy dans les rues de Boston.
J'ai fait un concert au Centre de Performance de Berklee avec Mike Mangini et j’ai eu le plaisir de jammer en tête-à-tête avec lui. Après que nous ayons terminé, il est venu me complimenter sur mon jeu. J'avais 19 ans et c'était énorme pour ma confiance d’entendre dire de telles choses de la part de quelqu'un que je respecte tant. Il m’est aussi arrivé de rencontrer Steve Morse, Dave LaRue, Bootsy Collins, Dave Mustaine et Greg Howard pour nommer les plus spéciaux.
Je pense que mon rêve suprême comme un musicien est de faire une bonne carrière dans la musique. J'aimerais être une source d'inspiration pour les générations suivantes de musiciens comme mes idoles et mes mentors l’ont été pour moi.

Ping Ping : Comment vis-tu le fait d’interviewer comme une rock star ?
Kenneth : Je ne me considère pas vraiment comme une rock star, donc il est dur de répondre à cette question. Je reste la même personne que j'ai toujours été et je ne me vois pas vraiment changer dans un avenir proche. J'aime vraiment parler avec des musiciens et partager ma philosophie, parce qu'une de mes inspirations les plus grandes a toujours été d’écouter ce que disent les musiciens que je respecte.
Je pense que c'est important pour des musiciens et des fans de musique de comprendre la personne ou les gens qui créent la musique qu'ils aiment. Cela approfondit et enriche ton amour pour la musique, le travail et l'amour qui entre dans la fabrication de celle-ci.

Ping Ping : Pourrais-tu me citer un groupe français ?
Kenneth : Je suis un grand fan d'Air. J'admire aussi le travail de Vangelis et Jean Michel Jarre.
Magma aussi ; une fois, j'ai été appelé pour jouer et ouvrir pour un concert américain de Magma qui ne s'est jamais fait en définitive. A l’époque, je devais avoir environ 17 ans et n'avais jamais entendu parler d'eux jusqu'à ce qu'un mec d’un magasin de musique m'ait entendu jouer et m'ait demandé d'apprendre quelques chansons de Magma dans le cadre de ce concert qu’ils devaient faire ici aux États-Unis. Je n'ai jamais compris pourquoi ce concert ne s’est jamais fait mais c'était ma première introduction à eux.

Ping Ping : Super… Mais Vangelis n’est pas français, il est grec…
Kenneth : Oui, mais il était très populaire en France et je crois qu'il a été fait un Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres. Je l'associe toujours à la France, mais effectivement, il est techniquement grec (Rires)…

Ping Ping : Jolie pirouette ! Et à propos de Jean Michel Jarre, j’aime beaucoup le guitariste Patrick Rondat qu’il l’a accompagné sur une de ses tournées !
Kenneth : Oui, c’est vrai ; Rondat est un guitariste fantastique !

Ping Ping : Quel est le dernier concert que tu as vu ? Le dernier album que tu as acheté ?
Kenneth : Je crois que le dernier concert auquel j'ai dû voir était celui de Collective Soul. Le dernier CD que j'ai acheté était probablement Dream Theater "Systematic Chaos".

Ping Ping : Après la question bateau ; normal que je te pose celle de l’île déserte : tu ne peux y emmener que 5 albums : lesquels choisis-tu ?
Kenneth : Je pense que j’apporterais "Mezzanine" de Massive Attack, "In Absentia" de Porcupine Tree, "Splinter" des Sneaker Pimps, "Awake" de Dream Theater et "Talkie Walkie” d’Air.
Il y a beaucoup d'autres albums que j'aime, mais je pense que ceux-là seraient le meilleur mélange d’humeurs pour la vie solitaire d'un habitant d'île déserte. (Rires)

Ping Ping : Comment composes-tu ? Je crois savoir qu’à ce moment de l’interview, il est très tôt dans le matin chez toi : tu dors jamais ?
Kenneth : Je compose surtout dans ma tête et j’essaye ensuite de transposer ce que j'entends dans ma tête à la guitare, au piano, à la basse, ou quoi que ce soit autour de moi. Parfois, je crée de bonnes idées juste en jouant comme ça ou en pratiquant mon instrument donc je les enregistre sur mon ordinateur portable pour les sauvegarder. Beaucoup de “Selling Insincerity” est composé de riffs que j'avais enregistrés des années auparavant. Je n'ai aucune méthode de composition de jeu réelle. J'attends juste que l'inspiration me frappe pour ensuite partir de cette base.
Actuellement, il est 4:30 au petit matin. Je dors, mais pas très souvent. Mon esprit court toujours avec des idées et j'ai du mal à m’endormir tant que je n'estime pas avoir accompli quelque chose de particulier ce jour-là. Si il y a quelque chose de non résolu dans ma vie, je ne dors pas tant que je n'estime pas qu'elle ait été résolue d'une certaine façon.

Ping Ping : Arrives-tu à vivre de ta musique ?
Kenneth : Je suis étudiant-boursier à plein temps dans une université où j'étudie la Biologie et la Chimie. J'ai suivi le Conservatoire de musique Berklee, mais je me suis rendu compte qu’être étudiant en musique, n'étais pas quelque chose fait pour moi.
Donc je n'ai pas de travail "réel", je me fais assez d'argent avec la musique pour avoir ce luxe. Cependant, certains des autres membres du groupe ont vraiment des emplois quotidiens.

Ping Ping : Quel âge as-tu ? Est-ce que le fait d’être musicien t’a aidé avec les filles ?
Kenneth : J'ai 23 ans. Et la question qu’être musicien aide avec les filles ne me concerne pas vraiment. J'ai une fiancée et vis une relation heureuse avec elle.
Etre musicien ouvre vraiment beaucoup de portes avec les femmes, particulièrement en Amérique. Mais je ne me suis jamais vraiment intéressé aux groupies. Je pense que la plupart de ces filles est plus intéressée par l'idée du musicien que la personne en soi et cela ne peut donner que des relations très malsaines.

Ping Ping : Oui mais bon… certains s’en contenteraient ! Je savais bien que j’aurais dû faire de la musique et être américain…
Kenneth : Je suppose que ce sont les petits bénéfices d’être musicien américain (Rires).

Ping Ping : Que penses-tu de la reformation de groupes tels que Police ou Genesis… ?
Kenneth : Notre batteur a vu Police récemment au festival Bonnaroo et il a dit que c'était bon, mais ils ont semblé “vides” sans claviériste. Je suis un grand fan de Police et Sting ainsi que Genesis que ce soit avec Peter Gabriel que sans. Je pense que bien que Phil les ait dirigé vers un son plus “mainstream” ; ils ont fait de la musique très mémorable et significative.
Je pense que ces réunions sont une grande idée ; elles permettent de faire connaître deux grands groupes à un auditoire plus jeune.

Ping Ping : Que penses-tu de la politique de votre président ?
Kenneth : Je me méfie généralement des politiciens, la plupart fait carrière en essayant de contenter chacun par le biais de la manipulation. Personnellement, je n'aime pas la position de l'administration Bush concernant la guerre qui l’a commencé en croyant que la situation entière est une issue pour relancer l'économie déclinante des Etats-Unis. Ces derniers sont logistiquement remis en cause et je considére leur campagne comme échouée.
Je me considére comme un conservateur politique, mais j'ai vraiment une attitude très rebelle et radicale comparée à la plupart des conservateurs américains.

Ping Ping : Certes, mais j’en suis à quelques interviews de tes compatriotes et j’ai toujours plus ou moins la même réponse… Est-ce une honte de votre part d’être pro-Bush (comme en France d’être Lepeniste) ? ou tout simplement les élections ont-elles été truquées ?
Kenneth : Ce n'est pas nécessairement une honte, mais la plupart des américains n’est pas d'accord avec beaucoup de ce qui a été fait durant les années durant lesquelles il a été le président. Il est triste de se dire qu'il pourrait probablement représenter les idéaux américains aux yeux d'autres pays qui ne peuvent pas être familier avec la vraie culture américaine pour qu’ils puissent avoir l’éclairage nécessaire pour nous juger au même titre que notre président.
Je dirais qu'il est un très pauvre représentant de notre pays et son peuple, qui veut ce que tous les autres dans le monde veulent ; un certain degré de liberté et le droit de poursuivre sa propre idée du bonheur sans empêcher les autres de vivre.
Je pense que n'importe quel être humain logique devrait se méfier de n'importe quel établissement gouvernemental à un certain degré. C'est idiot de ne pas questionner ceux qui exercent une emprise sur vous.

Ping Ping : A l’inverse que penses-tu de la France en général ?
Kenneth : De la même façon que n’importe quel autre pays. Je ne définis pas les citoyens d'un pays par l'emplacement géographique. Les gens sont des gens partout où tu vas. La culture peut être légèrement différente ou très différente de celles dans d'autres parties du monde, mais l'homme moyen veut essentiellement la même chose que chaque autre homme.
Je pense que la France a une grande culture et est responsable de beaucoup de mouvements artistiques très importants dans l'histoire, donc j'ai beaucoup de respect pour cela.
Et toi que penses-tu des Etats-Unis ?

Ping Ping : Hum… Je pense qu'un tel pays mériterait le meilleur président qui soit ! Malheureusement, vous avez un des plus mauvais excepté les dictateurs… En effet, comme tu le disais, le président focalise toutes les attentions des médias et de ce fait, l’idée que nous nous faisons d’un pays est souvent celle que nous voyons d’un président… De ce fait, le français moyen que je suis peut facilement avoir une représentation cliché des américains : le plouc sans éducation focalisé sur ses propres problèmes...
Kenneth : C'est effectivement la façon dont je pensais que nous étions perçus. Malheureusement, c'est le triste fait de représentation de quelqu'un à l’attitude si égoïste, centralisée.
J'essaye de ne pas avoir une attitude critique et je me rends compte que la définition d'un pays et son peuple par sa politique gouvernementale est une plutôt mauvaise idée. On s’aperçoit malgré tout que beaucoup d'américains se soucient de ce qui se passe et fort heureusement, nous ne sommes pas tous des péquenauds innés. J'espère au moins que tu ne me perçois pas comme un Yankee arrogant à l’éducation minimal. (Rires)

Ping Ping : T’inquiètes… Loin de moi cette idée sachant que de surcroît, je crois savoir par notre pote commun Struck que tu as une ascendance française : c’est vrai ?
Kenneth : Et bien, ma généalogie remonte à la famille Hebert d'Alsace et Lorraine. Il y a un mélange de français, d'allemand et d'italien dans ma lignée familiale. J'ai aussi grandi au coeur de la culture française Cajun (ou Acadian) en Louisiane du sud, mais je ne suis pas très familier avec la langue française.

Ping Ping : Mais tu peux nous dire quelques mots français malgré tout ?
Kenneth : Je ne connais que quelques gros mots en français, mais je doute que tu aies vraiment besoin de moi pour les apprendre ! (Rires)

Ping Ping : Avant de te quitter, je voudrais te remercier pour la nuit blanche passée à répondre à mes questions et celles des lecteurs de Music Waves… et je te souhaite donc une bonne nuit !
Mais avant cela, mon frère Kiku m’a appris que pour être bien élevé, je devais laisser les derniers mots à l’artiste interviewé… A toi de jouer donc…

Kenneth : Et bien je me suis bien amusé en répondant à tes questions et ainsi parvenir à te connaître un peu mieux. Je suis toujours heureux de partager mes pensées avec ceux qui sont intéressés, donc c'était très vivifiant dans un sens.
De plus, j’espère que cette interview permettra d’en savoir un peu plus sur Abigail’s Ghost et moi-même dorénavant et donnera envie de nous découvrir !


Plus d'informations sur http://www.abigailsghost.com/
 
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