Après une journée de dimanche bien remplie à participer au déménagement d’un ami, rien de tel qu’un bon petit concert pour se détendre les oreilles en sirotant une bonne petite bière bien fraîche. Tel devait être le programme de mon dimanche soir du 21 octobre.
Le concert en question : c’est celui des DEVIL’S SLINGSHOT, un trio formé par trois musiciens virtuoses, connus pour avoir tous les trois collaboré aux cotés du maître Steve Vai. Le trio en question est ainsi composé du guitariste Tony Macalpine, du bassiste Billy Sheehan et du batteur Virgil Donati. Ils réalisent actuellement une tournée européenne pour la sortie de leur premier opus intitulé ‘Clinophobia’. Certains d’entre vous savent également que Donati et Macalpine ont récemment collaboré sur la tournée de notre Michel Polnareff national : et oui, Michel recrute aux states, et pas parmi les plus mauvais – il peut se le permettre vu le prix de la place à un de ses concerts.
Le concert se déroule dans la salle Jas’Rod qui se trouve aux Pennes Mirabeau, dans la région marseillaise. Du coup, en première partie il fallait, de préférence, un artiste instrumental qui assure au niveau technique. Et voilà qu’on l’on retrouve à ce poste Alex Brachet : souvenez-vous, son premier album ‘Experimental Fusion’ a été chroniqué dans les colonnes de MW il y a quelques mois. Et bien, sa carte de visite lui a permis d’accéder à une prestation scénique aux cotés des cadors du genre.
Avec ce casting, je pensais donc passer une bonne soirée… Eh bien c’était sans compter sur une certaine malchance et une super mauvaise signalisation de la salle de concert ! Voilà que je perds un temps fou à trouver, en pleine nuit noire, cette salle assez paumée (et cela bien que j’y sois déjà allé, mais de jour). Ça commence mal !
Certains d’entre vous connaissent certainement la salle Jas’Rod, plus particulièrement connue pour accueillir le festival Prog’Sud chaque année. C’est une salle fort sympathique (mise à part la difficulté liée à la signalisation routière) d’une capacité de près de 500 places.
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Première partie : Alex Brachet
Ayant eu du mal à trouver la salle (je l’ai déjà dit, non ?), j’arrive donc en retard et n’assiste qu’aux trois derniers morceaux d’Alex Brachet. Première surprise : il va y avoir pas mal de monde ce soir. Grâce à leurs notoriétés associées, le trio attirera près de 350 personnes dans la salle. Deuxième surprise, Alex Brachet se trouve seul sur scène… En effet, pour la petite histoire, celui-ci n’a été contacté qu’une quinzaine de jours avant le concert par l’organisateur qui lui proposait de réaliser cette première partie : chose qui ne se refuse pas ! Mais compte tenu du peu de temps imparti et de la technicité de la musique développée par Alex Brachet (je rappelle que c’est une fusion très technique, à la Steve Vai), Alex ne parviendra pas à réunir en si peu de temps un line-up qui tienne la route et il devra donc assurer la prestation seul sur scène !
C’est donc le premier concert d’Alex avec son premier album et c’est clair qu’il n’est pas facile d’occuper le terrain seul sur scène, même avec un public acquis à la cause guitare. Même si je n’ai assisté qu’aux trois derniers morceaux, la prestation s’avère quelque peu triste du point de vue scénique : l’absence de line-up complet ne permet pas de restituer toute la dynamique, la présence et la puissance des compositions d’Alex. Il joue donc, avec l’aide de son ordinateur portable, sur des pistes en playback en assurant les parties de guitare et de clavier. Notons qu’Alex est tout aussi virtuose à la guitare que sur des touches blanches et noires. On sent tout de même un peu de tension dans son jeu, certaines notes sortent mal, quelques problèmes de bourdonnement liés à quelques effets, mais tout cela reste très mineur face à la maîtrise technique dont il fait preuve tout au long du show qu’il tient seul à bout de bras (imaginez quand même le stress que ça doit être, en même temps que le plaisir que cela doit procurer)… Du point de vue musical, on est pile dans le coup ! En effet, le public est là pour assister à de la déboule et se prendre des décharges de milliards de notes dans les oreilles : ça, Alex sait très bien le faire ! Le public réagit d’ailleurs assez positivement et on entend ci et là des commentaires positifs. Avec une Jem en bandoulière (modèle gaucher), la silhouette longiligne, les cheveux mi-longs et le sweeping facile, la comparaison avec Steve Vai est immédiate. Gageons que cette première expérience scénique soit le début d’une longue série pour Alex. Allez, la prochaine fois, tu nous trouves un vrai line-up complet et tu nous fais un peu plus de sourires. ;-)
Pour info, vous pouvez voir quelques vidéos de sa prestation sur son website : www.alexbrachet.com
Tête d’affiche : DEVIL’S SLINGSHOT
Après une rapide préparation de la scène pour assurer la transition, les lumières s’éteignent et les hurlements de la foule laissent deviner que le trio ne va pas tarder à faire son entrée en scène. Un, deux, trois, c’est parti, on sent que ça va cracher des watts !
Dès les premières secondes, les effets lumineux conjugués à la puissance sonore et aux jeux de doigts et de bras des trois musiciens montrent bien qu’ils sont là pour envoyer du bois, pas pour faire de la figuration. On va clairement assister à une master class collective. Billy Sheehan, avec sa fidèle Yamaha, ne cesse de faire des acrobaties dans tous les sens en tripotant sa basse de multiples manières. Tony Macalpine assure les rythmiques bien grasses tantôt à la six-cordes, tantôt à la sept cordes : les solos déboulent dans tous les sens. Macalpine assure également les claviers sur quelques passages. Virgil Donati n’est pas en reste derrière son impressionnant drumkit, caractérisé par la présence de deux toms en hauteur, à la place des cymbales, ce qui lui permet la réalisation d’effets visuels sur certains roulements (à la manière d’un Kermit la grenouille). Il frappe tellement qu’on peut se demander s’il n’est pas en train de compenser la frustration cumulée sur la tournée Polnareff. ;-)
En tout cas, nos trois gars sont très bien rodés, chacun fait son show de son côté mais l’unité fonctionne de façon très cohérente. En prenant du recul, cela donne tout de même l’impression d’être au zoo, face à des animaux exécutant méticuleusement leur meilleur numéro, tant ils font ça avec une facilité déconcertante… On leur jetterait presque des cacahuètes pour les récompenser ;-) Y’a pas à dire, les américains sont vraiment doués pour faire des show… à l’américaine !
Comme souvent, lors de ces concerts, le public reste plutôt calme, tels des élèves recevant leur leçon tant attendue. Mais au fur et à mesures des titres, l’interaction se fera de plus en plus vive, notamment en raison du caractère assez intimiste de la salle.
Le trio enchaîne alors les titres du dernier album ‘Clinophobia’ ainsi que des titres des albums solo de Sheehan ou Macalpine. On assiste à toutes les démonstrations possibles : c’est d’ailleurs étonnant de voir les sons qui peuvent être produits avec une basse, cela avec le son très particulier de Sheehan et son utilisation récurrente des harmoniques… Tapping à huit doigts, sweeping, jeu à 4 doigts, tout y passe !
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Chacun aura également droit à son intervention en solo… Ce sera même le cas pour le petit problème technique qui paralysera le set en plein milieu : petit problème de son avec la sept cordes ? Pas de problème ! Macalpine meuble calmement en enchaînant sur un solo de clavier montrant ses talents de pianiste classique. Une fois le problème réparé, c’est reparti pour des riffs dégoulinants, à coup de tronçonneuse, avec une mise en place exécutée aux petits oignons. On assiste à des breaks de furieux où aucun dérapage n’est permis : de tout manière, il n’y a aucun dérapage !
On saluera également l’intervention d’un roadie qui vient étouffer les cordes à vide du manche de la gratte à Macalpine pendant que ce dernier exécute un passage doublé guitare-clavier (guitare main gauche et clavier main droite). Par ailleurs, le roadie assurera, caché au fond de la scène, quelques arpèges et rythmiques sur certains titres.
Au bout d’une heure et demie de jeu, je groupe reviendra pour un rappel d’un quart d’heure, soit près de deux heures de show pour un total de près de trois milliards de notes produites (bon, je ne les ai pas toutes comptées quand même). Le public est ravi. Le groupe reviendra ensuite pour une séance de dédicaces qui leur permettra d’écouler un nombre considérable de CD.
Au final, un bon concert, réservé cependant aux amis de la déboule et aux amateurs de technique, somme toute assez démonstrative : un show à l’américaine, quoi ! ;-)
Plus d'informations sur http://www.vai.com