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TITRE:
DÉCÈS DU CHANTEUR ARNO
TYPE:
INFORMATIONS
GENRE:
ROCK
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Le chanteur belge Arno est décédé à l'âge de 72 ans.
Natif de la ville d'Ostende, tout comme le peintre expressionniste James Ensor, Arno, Arnold Charles Ernest Hintjens de son vrai nom, avait commencé à faire parler de lui outre-Quiévrain dans un étrange groupe TC Matic, dont le nom rendait hommage à un poète serbe surréaliste (Dušan Matić). Tout au long de ses 4 albums, le groupe mené par son chanteur à la voix rauque, qu'on surnommera le Tom Waits belge, et son guitariste Jean-Marie Aerts, s'est distingué dans une entreprise d'expérimentation tous azimuts, nous proposant un rock dur, fantasque, new wave, expérimental, au même titre que leurs collègues d'Aksak Maboul et Les Tueurs de la Lune De Miel. Après 'Oh La La La (C'est Magnifique)', le groupe belge s'est imposé avec un mini-tube européen 'Putain Putain' pourvu d'un texte aussi démentiel que critique vis à vis de nos institutions européennes. En 1986, les deux têtes pensantes mettent un terme aux aventures técématiques pour se consacrer chacune à une carrière solo (on retrouvera notamment Jean-Marie Aerts au sein de JMX ou sur l'album "Novice" d'Alain Bashung mais également sur des albums d'Arno).
Riche de 13 albums (le dernier "Santeboutique" est paru en 2019) oeuvrant dans tous les genres musicaux, la carrière solo d'Arno se décline autour de trois mots :
-déconstruction : Arno reprend des tubes bien connus et les passe à la moulinette, ralentissant le rythme à outrance et ajoutant des instruments hétéroclites. C'est ainsi qu'il transformera 'Les Filles Du Bord De Mer' de Salvatore Adamo, ou 'Le Pull Over Blanc' de Graziella de Michele, laissant les originaux quasi méconnaissables, à tel point qu'on pourraient penser que ces reprises sont de son cru. Il s'autorise également des mariages assez réussis comme 'Jean Baltazaarrr', double reprise de 'La Fille du Père Noël de Jacques Dutronc couplé un 'Jean Genie' de David Bowie, chantée en duo avec Beverly Jon Scott. Ou encore 'Ils Ont Changé Ma Chanson', en duo avec Stephan Eicher, qui atomise la version de Dalida par son esprit aussi caustique que désespéré.
-fantasque : Arno n'a pas sa langue, qu'elle soit anglaise, française ou flamande, dans sa poche. Certaines de ses chansons sont ponctuées d'un humour truculent, pince-sans-rire et mordant. 'Le Tango De La Peau' ("J'ai vu elle avec elle/J'ai vu lui avec lui/Et tout ça finit en problèmes"), 'Vive Ma Liberté' ("Quel bruit fait mon cerveau quand je pense à rien/Je n'suis pas malheureux mais je n'suis pas bien/Merci bonjour salut ça va/Je suis jaune vert bleu lilas/La vie des autres c'est pas une vie pour toi Je chante une chanson de n'importe quoi). Mais derrière ce vernis clinquant, surréaliste et foutraque, se dissimule une réalité plus sordide et désespérée.
-émouvant : porté par sa voix grave écorchée, Arno semble vouloir nous transmettre une émotion pure à fleur de peau débarassée de tous filtres, comme s'il s'adressait un à un à tous ses auditeurs. Le chanteur livre un combat au micro, nous atteignant droit au coeur mais sa salve n'est jamais mortelle. 'Dans Les Yeux De Ma Mère' est une confession d'un enfant pas toujours digne à sa mère qu'il aime malgré tout et dont il connaît les pouvoirs de séduction (''Ma mère elle m'écoute toujours/Quand je suis dans la merde/Elle sait quand je suis con et faible/Et quand je suis bourré comme une baleine"). Enfin, il se surpasse dans la reprise de 'Comme à Ostende' de Jean-Roger Caussimon, qui conte les années d'insouciance et le cafard qui en a découlé ensuite dont a été témoin sa ville natale.
Arno se créera un personnage de poète lunaire décalé lors de ses passages dans les médias, utilisant en guise de référence pour calculer les années non pas Jésus Christ mais le sacro-saint Coca Zéro! Le cinéma lui ouvrira brièvement ses portes et si l'on se souviendra de sa performance dans le "Camping Cosmos" de Jan Bucquoy (en compagnie de Lolo Ferrari), on se rappelera de sa scène dans "J'ai Toujours Rêvé D'Etre Un Gangster' de Samuel Benchetrit face à son homologue français Alain Bashung ou encore son rôle de père dans "Préjudice" d'Antoine Cuypers.
A l'instar du personnage féminin de cette chanson, Arno n'était pas un ''bathroom singer'', un chanteur de salle de bain, mais un poète écorché vif qui réussissait à trouver une alchimie à partir de mots déjà pourtant bien machés par d'autres. Jive to the beat in Paradise, so long, the artist.
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