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Les changements de personnel étant presque devenus une marque déposée chez Yes, le groupe ne réussissant que très rarement à maintenir un line-up stable plus de deux albums consécutifs. Aussi, après le convaincant (à défaut d’être brillant) « Fly from here », Yes revient avec un nouveau chanteur (exit Benoît David) et un album, « Heaven & earth ». Si l’œuvre précédente laissait entrevoir ici ou là une certaine filiation avec « Drama », en revanche, ce qui frappe d’emblée avec cet album, co-composé majoritairement par Jon Davison (nouveau clone andersonien), c’est le peu de similitudes avec le grand Yes ou le Yes west. Composé de titres pop et très légèrement vêtus d’enluminures progressives, l’album s’écoute sans déplaisir (« Believe », « In a world of our own »), mais pas de quoi s’extasier non plus, l’ambition attendue ayant cédé la place à la simplicité. Rassurez-vous, on est tout de même loin du naufrage « Open your eyes », album criard et surproduit. Non, « Heaven & earth » place l’auditeur entre une aimable torpeur et de polis bâillements (« To ascend »). Seul Howe, à travers quelques jolis soli (mais hélas trop courts) parvient à tirer son épingle du jeu. Néanmoins de façon plus manifeste sur le dernier morceau « Subway walls » où le groupe retrouve enfin la cohérence qui lui faisait tant défaut jusqu’alors.
S’il ne sera pas une pièce maîtresse dans la longue discographie du groupe, l’album, n’est pas si désagréable, lorgnant vers une pop progressive à la manière d’un Asia avec lequel la consanguinité se fait de plus en plus ressentir…
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A l’écoute du teaser et au vu de la pochette, « The road of bones » nouvel album d’IQ, s’annonçait comme plus sombre que certains de leurs ouvrages précédents. Le thème troublant véhiculé par les anglais laissait à penser qu’on y trouverait des contrastes impressionnants, entre riffs sombres et synthés lumineux.
Si l’album est intéressant avec ses guitares atmosphériques (bien qu’en retrait par rapport à « Frequency »), son excellent travail de synthé et sa rythmique originelle retrouvée, il n’en reste pas moins que rien ne s'oppose ni ne s’entrechoque. Aucun des instruments ne semble vraiment inspiré et la fâcheuse impression que tout a été dit précédemment ne tarde pas à poindre. De progression, il n'en est plus vraiment question depuis longtemps, tant le paradigme musical d'IQ semble inamovible depuis l'excellent "Subterranea", le groupe s'évertuant désormais à façonner son art, sans aucune prise de risque. Rassurant pour certains, insuffisant pour d'autres. Les 20 minutes épiques de " Without walls" devaient être la pierre angulaire de cet album, au lieu de cela, on y rencontre seulement une poignée de moments mémorables, le titre se perdant peu à peu, laissé à lui-même, sans direction. D’autre part, les lignes vocales de Peter Nicholls, bien que très bien interprétées s’avèrent totalement banales et plates, pour in fine s’oublier très vite.
Toutefois, « The road of bones » est sauvé par la chanson-titre : ici, IQ se montre à son apogée. Après une longue progression mélodieuse et mystérieuse, survolé par un chant habité par une kyrielle d’émotions, le titre s’achève dans une flamboyance échevelée. Une étincelante chanson ni plus ni moins. J’y ajouterai le dernier titre du second cd « Hardcore » qui après quelques minutes de rythmes syncopés, s’apaisera et s’évanouira dans des limbes oniriques et planantes à souhait. Au final, deux titres mémorables, hélas bien esseulés…
Depuis les retrouvailles de 93, IQ n’avait (presque) jamais déçu mais à la lumière des arguments avancés, force est de reconnaître que ce n’est plus le cas en 2014. “The road of bones”, un album ironiquement bien titré.
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Commenter cet album d'Asia n'est pas simple, car il nous faut lever une ambiguïté sur l'entité Asia. En effet, membre fondateur, éminent guitariste et désormais démissionnaire, Steve Howe, a toujours su apporter un supplément d'âme, et cela malgré son manque d'implication créatif dans le groupe. Que serait cette "pop prog" de luxe sans ses magnifiques enluminures guitaristiques ? La réponse, Wetton & Downes l'ont donnée en 2004 ; Icon. Asia n'est plus tout à fait lui-même sans Howe, au reste son remplaçant au son abrasif, fait bien pâle figure. Le duo Wetton/Downes éprouve beaucoup de difficultés à faire de la place à un guitariste. Seul Howe en 82 eut l’espace nécessaire pour faire jaillir son exceptionnel talent. Pourquoi ne pas avoir alors embauché John Mitchell (Icon I & Icon II) ? Guitariste d'Arena (entre autres), il possède un touché exceptionnel, un son soyeux, compatible avec le groupe. Erreur de casting, dommage. Mais tout est affaire de goût et reconnaissons que la qualité générale des compositions de Gravitas s’avère certes, quelque peu inférieure à ses deux prédécesseurs, mais certainement pas d’une différence abyssale. Si l'album comporte son lot de jolies mélodies (« valkyrie », « heaven help me now, « I would die for you », « joe dimaggio's glove »), il est également traversé par des faiblesses :
- quelques refrains ici ou là pas assez catchy, flagrant sur le titre « gravitas » (ne manquant pourtant pas d'emphase) et la ballade « russian dolls » ;
- le travail linéaire et sans relief de Palmer, qui batteur fougueux autrefois, apparaît aujourd'hui bien cramé (on est loin d'ELP !) ;
- la surenchère récurrente (depuis la réunification) de ballades épuisantes de mollesse (sic), à l’instar «the closer I get to you » dont le refrain est toutefois réussi ;
- enfin, l’absence de Howe révèle quelques carences mélodiques et harmoniques. Lui seul pouvait relever le niveau d'une "banale composition" en une puissante et lumineuse chanson.
Néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, les fans d'Asia trouveront encore en Gravitas de quoi satisfaire leur amour du bel ouvrage et du lyrisme exacerbé dont le groupe a toujours fait montre. De toutes les façons, nous ne sommes plus en 82, Asia ne sera plus ce groupe miraculeux qu’il a été. Toutefois, il est encore capable sporadiquement, de produire de belles fulgurances, mais hélas, dépouillées de toutes ambitions progressives. Howe, en était en quelque sorte l’ultime caution. Si vous voulez retrouver le paradigme musical originel d’Asia, alors foncez sur l’intro et l’outro de « hour of need » (bonus version Japan) extrait du dernier album de Yes. Assurément une madeleine de Proust ! Ce qu’Asia n’aurait jamais dû cesser d’être en somme…une icône !?
13,5/20
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