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Poursuivant la voie céleste qu'il pave d'étoiles, Vinc2 nous dévoile le successeur de "Dreams and Hopes", excellent EP évasif et onirique sortit en 2010. "By the Third Sea" commence là ou "Dreams and Hopes" se termine ; sur une chanson. La différence est que la dernière piste de Dreams and Hopes était chantée par la voix légère de Jaana Palonen évoquant les belles heures de AIR (nous faisant nous sentir telle une feuille emportée par un vent frais et doux) ; la première piste de "By the Third Sea", "Chanson de soie", est chantée par Vinc2 lui-même dans sa langue natale. Il s'agit là d'un véritable cadeau lorsqu'on connaît la timidité et l'humilité du musicien. Par cette première piste, Vinc s'offre à nous de la manière la plus généreuse et la plus sincère qu'il soit. Le rythme ternaire sonne comme une invitation à une danse orchestrée par Vincent, danse à laquelle il nous convie en nous prenant par la main. Tout au long de cette première piste, ponctuée ça et là des sons caractéristiques de Vinc (Glockenspiel, textures sonores, …), on sent comme un envol ; lorsqu'on regarde nos pieds, on à comme l'impression de voir se dessiner au sol les nuages desquels Vinc parle. La musique de Vinc2 à parmi ses particularités d'être remplie d'images et de sensations; ce sentiment d'apesanteur dans lequel on se sent si bien. Le final de "Chanson de Soie", à la fois doux et psychédélique , est une porte d'entrée vers l'univers onirique de Vinc2 et révèle les progrès effectués par l'artiste depuis ses précédentes productions. L'arrangement est travaillé dans ses moindres secondes, le son est fourni, et accueil d'autres instruments (en témoigne la très belle clarinette venant conclure ce titre d'introduction). Tout au long de cet album, il est question de voyage ; pour exemple, la seconde piste plus chaotique nous imprègne d'un orage, de vents, de pluie, d'éclaires. Orage se concluant sur l'ouverture de "Fantasia" qui se révèle être l'entrée dans le monde de Vinc ; le refrain donne cette impression d'immensité, de grandeur, de liberté. A titre personnel j'ai ressenti ces 3 premières pistes ainsi ; "Chanson de Soie" est l'invitation dans l'univers de Vinc, "So Long" est le voyage quelque peu tumultueux vers les contrées oniriques promises, et "Fantasia" sont les premières images que l'ont voit de ce monde fantastique. L'arrangements détaillé fourni cette impression d'émerveillement ; on voit la nature en mouvement, on l'entend. Les textures sonores en fond renforcent l'immersion de part ces sons de cascade, de vagues. "Waiting for my Number Come" ne déroge pas à l'ensemble mis en place ; nous nous promenons. Et nous observons une fois encore la variété de genres qu'explore l'album de manière subtile. Il suffit de fermer les yeux pour que les distorsions contrôlées mêlées au piano léger dessinent le paysage. Plus calme, l'instant de repos "Balade in Em" fait la part belle au piano, l'instrument phare de Vinc2. Le piano tombe tel une pluie sur la seconde partie, lorsque l'instrumental se renforce petit à petit. Ce jeu sur les nuances , la douceur sur la progression d'un moment à un autre à de quoi impressionner. Le jeu se calme, l'ambiance s'allège pour arriver sur "Solitude", hymne à une certaine mélancolie. Mélancolie dans laquelle se lit/lie la voix quelque peu fantomatique de Vinc2. L'effet est très réussit. Nous arrivons à la piste 7 de l'album ; une performance de production remarquable et artistiquement puissante et passionnante. L'atmosphère se charge de sons avant de se vider une nouvelle fois. La piste suivante, "After her Call", décrit un sentiment de perte(qui renvoi au titre) ; je l'ai ressenti comme un sentiment inquiétant de solitude soudaine. Pourtant, le titre se termine sur des notes plus optimistes ; un rayon de lumière venant nous chercher, venant nous rappeller que nous ne sommes pas seul. A la suite de cet piste nous arrivons sur un intermède percussif expérimental; un capharnaüm sonore délicieux évoquant les influences Shoegaze si propres au post-rock cher à Vinc. Cette piste est une véritable cassure qui permet à Vinc de préparer secrètement le final ; "Loneliness has no end" débute en matérialisant son atmosphère quelque peu apaisante de fin de voyage. L'ostinato de piano par-dessus lequel s'ajoutent des couches de distorsions prend directement aux tripes, avant de laisser un nouvel instant de repos. Enfin, "New Moon" clos l'album sur des notes lumineuses ; sur les souvenirs du merveilleux voyage auquel nous avons participé.
Cet album pourrait s'apparenter à un disque monde ; c'est un véritable univers qui s'offre à nous, dans ce disque. Le paradoxe est le sentiment de pureté que l'album dégage ; la musique est totalement électronique, mais le tout forme un ensemble indéniablement naturel qui au-delà du spectre musical brise le 4eme mur ; telle la sensation de l'écoute de () de Sigur Rós dans le noir.
By the Third Sea pourrait s'apparenter à la Bande originale d'un film qui n'existe pas; ou plus exactement, du film dont nous pouvons rêver. Il est délicat ici de découper l'album en pistes tant le tout forme un ensemble formidable dans lequel il est plaisant de s'émerveiller. Comme un jardin secret, il est intéressant de constater qu'à chaque passage dans ce monde, à chaque écoute de l'album, nous découvrons de nouvelles choses, de nouveaux détails dans ce paysage riche.
Je me souviens d'un album (dans un genre totalement différent) m'ayant procuré des sensations telles ; c'était en 2011, il s'agissait de Grace for Drowning de Steven Wilson. J'avais adoré cet album que j'avais qualifié à l'époque de "Meta-musical" pour cet aspect "tout" ; lorsque je l'écoutait, je n'entendais pas une guitare, une batterie, une basse, … Non ; je voyais des couleurs automnales, je sentais le vent annonçant l'hiver, je voyais Steven Wilson se livrant pour la première fois de façon aussi intimiste.
Merci Vinc, pour de telles sensations. Et rendez vous sur scène … puis au prochain album !
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