Peut-on encore apporter quelque chose de nouveau en matière de metalcore en 2013 ? Avec des groupes comme Bullet For My Valentine, Bring Me The Horizon, Asking Alexandria, Black Veil Brides, la scène semble quelque peu saturée de formations bien similaires. Avec "Ungrateful", les cinq gars de Escape The Fate ne révolutionnent pas le genre, mais apportent de nombreuses subtilités aux morceaux, révélant ainsi une véritable personnalité au sein du mouvement.
Dès le morceau-titre, les lascars de Las Vegas déballent l'artillerie lourde et ce qui fait leur style. On retrouve sans trop de surprises les poncifs de la scène emo/metal core : l'alternance chant clair et hurlé, les gros riffs de guitares particulièrement rythmiques et le jeu avec la batterie, les soli enchaînés à toute vitesse et bien sûr, les classiques breakdowns (ces moments, après un passage uptempo, où les musiciens s'arrêtent pour reprendre sur une rythmique lourde et tout en saccades). Ainsi, on retrouve ces structures dans des morceaux comme 'Until We Die' et son intro in-da face, 'Ungrateful' ou encore 'Forget About Me'. Escape The Fate s'illustre également avec des compos très métal, très riff-driven comme 'You're Insane' ou 'Fire It Up', dont l'intro laisse évoquer des influences de Machine Head.
Mais le groupe ne se limite pas à reprendre les règles établies par ses aînés et apporte également une touche personnelle à sa musique. Ainsi les soli de guitares ne s'arrêtent pas uniquement à la vitesse et la technicité mais laissent parler l'expressivité avec parfois même un côté presque Pantera. On trouve aussi des mélodies d'influence néo-classique, que ne renieraient pas DJ Ashba (Sixx A.M., Guns 'n Roses) comme sur 'One For The Money', ou 'Risk It All'.
On trouve également beaucoup d'effets de production, principalement saccadés, comme sur l'intro de 'One For The Money'. Mais c'est la voix qui bénéficie particulièrement de cette moulinette de studio. Le vocodeur se déchaîne tout au long de l'album, parfois jusqu'à l'écœurement ('Picture Perfect').
Reste enfin un petit ensemble de morceaux très orientés emo / pop. Très inégaux, ces titres frisent parfois la mièvrerie, à l'image des chœurs et du piano de 'I Alone'. 'Chemical Love', quant à lui, sonnerait presque comme du Lady Gaga par moment. Ces refrains, certes catchy mais parfois très irritants, ne sont pas l'apanage de ces morceaux pop mais se retrouvent tout au long de l'album, sur 'Forget About Me' par exemple, ou 'Father, Brother', très rock-FM.
Au final, on est face d'un groupe de metalcore ayant bien appris sa leçon mais qui tente de faire monter sa sauce avec des éléments clairement pop. Parfois c'est bien fait, comme sur 'One For The Money' (surement le morceau le plus intéressant de l'album), et parfois, c'est trop. L'album manque donc parfois un peu de cohérence, et même si les morceaux s’enchaînent bien, on passera certains d'entre eux sans trop de regret.