Après deux albums - The Jewel et Kowtow - révélateurs, Le groupe anglais Pendragon, un des leaders de la scène néo-progressive, aborde le délicat cap des années 90 en sortant ce The World. C’est clairement à partir de cet opus que le combo trouve définitivement son identité, se contentant d’enrichir leur musique sans rien révolutionner au fur et à mesure des sorties ultérieures.
En effet, The World contient, ni plus ni moins, qu’exactement les mêmes éléments que The Window Of Life, son successeur. Des caractéristiques dont il est à l’origine. Même guitare planante pleine de feeling, mêmes claviers proéminents typiques de Clive Nolan, même chant de Nick Barrett pas toujours irréprochable mais agréable, même sens des compositions hyper mélodiques (que certains s’empresseront de qualifier de faciles), mêmes ambiances assez enjouées et même sensation de plénitude auditive…
Bien évidemment, tout cela en moins abouti à tous les niveaux. Sensation largement confirmée par une qualité sonore plus que très moyenne, l’album ayant d’une manière évidente assez mal vieilli. C’est d’autant plus frappant que The Window Of Life pourtant sorti seulement deux années plus tard semble avoir creusé un vrai fossé…
Peu importe toutes ces considérations, l’essentiel c’est que la musique de Pendragon nous fasse voyager. C’est peut être moins le cas sur The World, mais Nick Barrett a toujours le talent pour nous sortir le petit solo qui va nous transporter. De plus, son talent pour composer de belles mélodies et des chansons efficaces n’est plus à démontrer, et l’amateur de néo-progressif ne pourra qu’être comblé.
Des titres comme la longue pièce Queen Of Hearts, comme The Voyager ou And We’ll Go Hunting Deer constituent de très bons morceaux et méritent largement le détour mais il faut bien reconnaître que The World n’apporte pas grand-chose comparé aux bien supérieurs albums lui succédant. Pourvu d’un son aplatissant largement l’ampleur musicale, l’euphorie « pendragonienne » se veut nettement moins marquante. Une partie du charme musical se trouve donc un tant soit peu amoindri…
Malgré tout, il s’agit là d’un bon album fort agréable constituant une bonne base de départ pour connaître ce qui reste le modèle de la scène progressive « néo ». Car, chose évidente, Pendragon a toutes les qualités pour attirer un public bien plus large. Reste que, pour se pencher sur leurs meilleures réalisations, il faut s’intéresser à ce qui viendra après ce The World…