Big Daddy Wilson s’imprègne des racines du blues en gamin amusé gagnant un peu d’argent dans les champs de coton et de tabac après l’école. Une approche qui n’est pas encore musicale car il est principalement nourri du gospel qui résonnait quotidiennement dans sa Caroline du Nord natale. C’est tardivement que Big Daddy est initié au blues en tant que musique, par l’entremise de sa femme et à l’occasion d’un concert de blues en Allemagne, pays dans lequel il habite maintenant. Il devient ami avec Eric Bibb, qu’il admirait déjà et qu’il rencontra dix ans auparavant lors d’un concert de celui-ci dans ce même pays. I’m Your Man est le troisième album de Big Daddy sous son propre nom depuis Love Is The Key en 2009.
I’m Your Man est un disque aux charmes multiples. Tout d’abord la voix de Big Daddy, celle que l’on se fait d’un bluesman, mélange de quiétude, de virilité et d’humanité, et qui donne de l’épaisseur à une musique déjà fortement expressive. Cette voix terreuse et chaude est porteuse d’une bouleversante sensibilité notamment dans la délicate et magnifique ballade "Please". I’m Your Man est un album viscéralement blues et les notes de "Travellin Blues", "Baby’s Coming Home Again" ou "I Wanna Be Your Man" nous emportent au début du siècle, dans les sonorités rendues populaires par Robert Johnson faites de percussions légères et de guitares acoustiques et cristallines.
Le blues plus moderne et plus en phase avec son époque est aussi parfaitement chanté par Big Daddy dans les morceaux "Hold The Ladder", composé par son acolyte Eric Bibb, et le magnifique "I’m Your Man". I’m Your Man est un recueil de chansons dédiées au blues et ses formes musicales héritières. Ainsi Big Daddy puise dans la folk avec "Showdog", la soul dans "I’m So Glad" et le rock très marqué par la blue note dans "Hurricane" et "Born Loser". La guitare steel et le rythme de "My Day Will Come" font références à cette country américaine qui a put bercer la jeunesse de Big Daddy avec un supplément d’âme noire dans les envolées gospel en fin de morceau (aussi présentes sur "Hold The Ladder").
Bien que Big Daddy ne soit pas directement porteur de cette douleur dont ses aïeuls exprimaient la mémoire à travers un blues plein de pudeur il se place dans cette tradition orale et instrumentale. Ses influences multiples trouvent une magnifique expression dans I’m Your Man, un album teinté de mélancolie, de sagesse et d’optimisme.