Oui, les miracles existent en musique et parfois le business s'efface devant la beauté d'un disque. Car avec "Black Gives Way To Blue", Alice In Chains a réussi le comeback le plus beau, le plus prenant et le plus poignant de la grande histoire du heavy métal. Déjouant pas mal de pronostics, le groupe a trouvé une vie sans son mentor génial, Layne Staley. Quatre ans plus tard, la divine Alice nous redonne le frisson en sortant un 5ème album, "The Devil Put Dinosaurs Here". Frisson de peur tant on craint que l'alchimie parfaite ne se produise pas une deuxième fois, frisson d'excitation tant on attend avec une frêle impatience la suite des aventures d'un des plus fascinants groupe des années 90.
Mais il faut croire que Staley veille sur Jerry Cantrell, Sean Kinney et bien sur William DuVall qui a si bien su se fondre dans le groupe. Car ce jet est un nouveau petit miracle dans lequel on retrouve ce heavy métal sombre et désespéré mêlé à des aspects acoustiques et alternatifs. Le tout est porté vocalement par Cantrell et DuVall qui font de nouveau un travail bluffant avec cette tristesse attachante qui les caractérise. Et au programme de ce très long disque de près de 70 minutes se trouvent encore de superbes pépites musicales.
Citons tout d'abord les titres classiques que sont "Hollow", "Pretty Done" et "Stone" qui forment un trio parfait pour ouvrir le disque et nous faire replonger dans l'univers du groupe. S'ensuivent "Voices", "Choke" et "Scalpel" nous rappellent qu'avec "Sap" Alice In Chains était brillant dans le rock acoustique teinté de sensibilité et de feeling. Il y a aussi de longs titres aux ambiances très travaillées comme la chanson éponyme ou "Phantom Limb" qui toutes les deux prennent le temps d'installer une atmosphère aux allures de voyage mystique avec une alternance entre passages heavy et moments plus calmes amenés par des riffs imparables. Enfin plus discrets et complètement dans le style du groupe "Low Ceiling" et "Hung On A Hook" s'imposent comme de futurs classiques avec un chant parfait et des guitares heavy, le solo de "Low Ceiling" étant un petit chef d'œuvre.
"The Devil Put Dinosaurs Here" est un nouveau cru de très grande qualité. Alice In Chains nous prouve, si cela était nécessaire, que son retour est solide et fait pour durer. Avec cet album profond et intelligent, les Américains prouvent qu'ils sont toujours une des meilleures formations de heavy de notre époque, ni plus, ni moins.