Contrairement aux apparences, Los Disidentes Del Sucio Motel, que nous appellerons dans la suite de cette chronique Lddsm, est une formation française évoluant dans le Stoner. Si vous ne connaissez pas ce genre où qu'il fasse pour vous l'objet d'un blocage, votre serviteur vous conseille toutefois de lire l'intégralité de cette chronique et plus encore d'écouter "Arcane".
Le voile étant levé sur l'avis final, revenons à nos cinq Strasbourgeois. Lddsm c'est tout d'abord un univers gravitant autour des cinq frères Maverick et de leur ennemi juré le Shérif Rudolvski. C'est ensuite du gros son avec des guitares bien lourdes et des motifs qui reviennent parfois en boucle ('Ouija'), une batterie survoltée avec des breaks puissants et rapides, bref de la musique riche en testostérone. Cerise sur le gâteau, le groupe ne tombe pas dans le travers d'hurler ni de faire du guttural. Si la majorité des titres sont écrits en Anglais, il y a aussi quelques passages en Espagnols. Le chant, assuré par trois des membres de Lddsm et une invitée (Caro) pour 'Santa Muerte', est ainsi plutôt agréable. Certes puissant et éraillé, il reste toutefois audible et surtout varié.
Si la musique sent bon le fuel et donne envie de foncer à travers le désert (non fourni) à bord d'une Chevrolet Camaro (vendue séparément) une main sur le volant et le coude à la fenêtre, d'autres influences sont également présentes. Vous retrouverez ainsi un peu de punk, des sonorités des années 70 voire même une larme d'ambiance mélancolique (toute proportion gardée) sur le magnifique 'Journey' qui clôture l'album avec une mention spéciale pour le chant. Parmi les subtilités 'A.T.A.R.I.', qui débute l'album en force, évoque l'histoire des cartouches du jeu E.T. pour la console 2600 (1983). Ce jeu développé à la va-vite fut un gros bide commercial. La légende raconte que les invendus (2,5 millions d'unité) auraient été enfouis de nuit et en secret dans le désert du nouveau Mexique. 'Z' pour sa part est enrichi de dialogues issus de films de série B (ou Z j'avoue mon ignorance) ce qui renforce le coté sombre du titre. Si 'Deathproof', légèrement en retrait, introduit les Mother Fucker et Son Of A Bitch toujours aussi jouissifs dans ce style de musique, le summum sera atteint avec 'Kraken' (encore une légende) plongeant l'auditeur dans une ambiance lourde mais surtout bien épaisse et brumeuse.
Vous l'aurez compris "Arcane" n'est pas loin d'être l'album parfait. Il ravira les amateurs éclairés mais également les simples curieux. Comment faire mieux ? Peut-être en proposant une édition collector incluant la Camaro et 300 kilomètres de désert !