Telergy est le projet du multi-instrumentiste américain Robert McClung. Contrairement à certains de ses homologues qui composent, interprètent et produisent seuls leurs albums, McClung aiment à s'entourer d'une pléiade de talentueux musiciens pour étoffer sa musique et lui donner l'ampleur nécessaire. "The Legend Of Goody Cole" est le second opus de Telergy. Le second concept album, devrais-je dire. Si le premier, "Exodus", s'inspirait de l'exode narré dans la bible, celui-ci raconte la dramatique histoire d'une jeune femme accusée de sorcellerie qui revient hanter les citoyens de la bonne ville qui l'a condamnée.
L'album est découpé en tableaux qu'on peut regrouper en trois catégories. Six d'entre eux, baptisés 'Scene1' à 'Scene 6', sont de courtes transitions parlées expliquant l'évolution de l'histoire. Les trois titres intitulés 'Meeting House Green' (part 1, parts 2 – 4 et part 5), de durées variables, sont des chansons folk à tendance médiévale rappelant Jethro Tull dans le même exercice. Outre la guitare acoustique, on y entend nombre d'instruments exotiques, du violoncelle au tambourin en passant par les violons, la harpe et le cor. Des titres reposants et mélodiques.
'Rumors', 'Accusations', 'Verdict', 'Incarceration' et 'Ghost', dont trois frôlent les dix minutes, appartiennent à la même famille. Totalement instrumentaux si l'on excepte la présence de chœurs, ils jouent dans un registre de metal progressif et orchestral à tendance gothique où, à défaut d'émotion ou d'atmosphère, on a droit à des mélodies agréables gorgées de belles performances instrumentales. Il faut dire que les invités sont prestigieux, Ty Tabor et Ryo Okumoto, pour ne citer qu'eux, n'étant pas des manchots dans leur catégorie respective. Les divers solos se succèdent, guitares, piano, orgue et autres claviers, flûte, saxophone, violon, le plus souvent jouant à une cadence effrénée et soutenus par une batterie inspirée, même si certains passages sont plus atmosphériques, sur 'Incarceration' et 'Ghost' notamment.
Enfin deux titres sont atypiques. Sur 'Voyage', un accordéon nous emmène au rythme joyeux d'une danse villageoise, accompagné des riffs lourds des claviers et guitares. Telergy a inventé le métal musette, suivi du métal square dance, un violon venant souffler la vedette à l'accordéon. Rafraichissant. 'Exoneration' se résume quant à lui à un mélancolique duo guitare acoustique/violoncelle concluant curieusement un album plutôt orienté métal mélodique.
Sans véritablement innover, "The Legend Of Goody Cole" est un disque plaisant à écouter. Les nombreux interludes permettent d'alléger et de diversifier un propos par ailleurs fort bien défendu par ses protagonistes. Un album pas vraiment original dont on vient à bout sans enthousiasme excessif mais sans ennui.