Ilúvatar est un groupe américain officiant dans le style néo-progressif influencé par Genesis. Il faut bien reconnaître que les groupes américains nous avaient, jusqu’alors, pas trop habitué à évoluer dans les sphères néo-progressives, et c’est donc avec une certaine appréhension que je me suis penché sur ce premier album sorti en 1993. Un premier disque éponyme d’où transparaît l’inexpérience d’un tout jeune groupe.
Dissipons les espoirs les plus fous tout de suite, il s’agit bien de progressif mais absolument dépourvu de la moindre originalité. Ilúvatar, sur ce premier album semble se chercher, préférant reproduire les schémas très convenus afférant à ce style sans trop dévier d’une trajectoire rectiligne préétablie. Et quand par bonheur, le groupe essaye d’être un minimum original, le résultat est loin d’être à la hauteur. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter Dream Visage.
Pourtant, Ilúvatar compte dans ses rangs l’excellent guitariste Dennis Mullin. Celui-ci est archi-présent et constitue à n’en pas douter l’attrait principal du groupe. Le disque dégouline vraiment de soli en tout genre comme sur Wait For The Call. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas muet et qu’il a des choses à dire. Tant mieux ! En revanche, j’aurais préféré que ses nombreuses interventions soient plus intenses et un peu moins froides.
Pour ce qui est du chanteur, Glenn Mc Loughlin, il a une voix proche de Peter Gabriel (en moins bien et sans le côté théâtral). Son chant n’est pas désagréable mais semble un peu manquer de puissance. Il est comme couvert par la musique, c’est particulièrement flagrant sur In The Eye. En revanche, lorsque le spectre sonore est plus léger comme sur la ballade Eagle, sa voix semble nettement plus appropriée. La production, vous vous en doutez, n’est donc pas idéale.
Les claviers, comme le veut le style, servent avant tout de base aux mélodies. Sans aller jusqu’à l’ampleur de ceux de Pendragon, ils n’hésitent pas à prendre un rôle encore plus important pour quelques soli de temps en temps comme sur le meilleur morceau de l’album, Marionette. Certains duels guitare/clavier sont d’ailleurs bien sympathiques.
Sur ce disque, se détache bien un titre (Marionette), ainsi que d’autres plutôt agréables (Eagle, Emperor’s New Clothes, Exodus et l’entraînant New Found Key) mais l’ensemble ne décolle pas suffisamment pour en faire une réussite. Le meilleur exemple étant In The Eye, titre soi-disant épique, gâché par quelques premières minutes plutôt redondantes. Manifestement, il manque encore au groupe le petit plus qui fait toute la différence…
Cet album éponyme, plutôt passable, n’est donc pas indispensable sauf si vous souhaitez vous pencher sur le début discographique de ces américains …