Le CD glisse dans le lecteur, la musique s'élève, d'abord discrète. Tiens, Tangerine Dream a fait un nouveau disque ? Coup d'œil sur la pochette. Ah non, (re-)tiens, ce n'est pas Tangerine Dream ! C'est Bertrand Loreau, un compositeur nantais amoureux des synthés depuis son plus jeune âge et qui a décidé pour son onzième album de rendre hommage à ceux qu'il a tant admirés dans sa jeunesse.
Mélangeant claviers Roland réels et mini-moog virtuels, "Nostalgic Steps" nous invite à une promenade contemplative et fantasmagorique au cœur des années soixante-dix. Passée l'introduction inquiétante de 'Modulator' qui nous accueille de ses bruits d'eau, de vent et de ses cliquetis, on plonge dès le second titre dans une atmosphère tangerinienne de l'époque "Phaedra", "Rubycon" et autres "Ricochet". Sur les trames en boucle des séquenceurs se déroulent les arabesques vagabondes des synthétiseurs, alternant mélodies plus ou moins enlevées qui laissent parfois le champ à de belles plages atmosphériques. 'Nostalgic Walk', 'Semblance Of A Mysterious Dream', 'Mind Floating', 'Mini Mood', 'A Light Of Encore' ou 'Sense Of Heart' sont des clones parfaits de morceaux interprétés' par le combo allemand, Bertrand Loreau jouant même sur les titres qui rappellent en écho ceux de leurs illustres prédécesseurs ('Mysterious Semblance At The Strand of Nightmares', "Encore").
Tous ceux qui auront aimé le trio allemand ne pourront qu'être ravis à moins d'éprouver peut-être une certaine lassitude à partir de 'Mini Mood', chaque titre ressemblant beaucoup au précédent. Dommage car l'intention était bonne, mais si la première demi-heure est convaincante, la seconde sent la redite. Seuls 'Noises And Voices' et 'Birds Of Nowhere' introduisent un peu de variété. Le premier est la curieuse rencontre de plages lentes et sombres et d'un synthé clownesque faisant penser à R2D2. Le second avec ses cloches semblables au glas et son orgue quasi religieux, minimaliste et évanescent, réveille paradoxalement l'intérêt.
On l'aura compris : que ceux dont le sang bout à l'écoute de séquenceurs s'abstiennent, que tous les fans de musique planante à l'ancienne se précipitent. C'est bon comme l'original ! Quant aux longueurs, il faut avouer que Tangerine Dream ne les a pas toujours évitées non plus. L'hommage est donc rendu dans les défauts comme dans les qualités même si un quart d'heure de moins n'aurait pas nui au charme désuet de cet album.