"Quand j'écoute du Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne" disait Woody Allen. On pourrait écrire la même phrase en remplaçant Wagner par Angels Of Babylon et la Pologne par Les Terres du Milieu, Narnia, ou n'importe quel autre univers de fantaisie. Mené par Rhino, ancien batteur de Manowar, AoB fait partie de ces groupes qui ne sonneront jamais mieux que lorsque les membres sont habillés de cuir et éventuellement de peaux de bêtes. Alors on attrape son canasson, ses bottes, son gourdin et c'est parti pour une aventure musicale épique !
Depuis la dernière livraison du groupe, "Kingdom Of Evil" en 2010, le line-up a considérablement changé : exit David Ellefson (oui, celui de Megadeth), David Fefolt et Ethan Brosh. Seul Rhino garde ses positions et prend même du grade car il s'occupe maintenant également le chant.
Dès l'introduction de l'album, avec le morceau éponyme, Angels Of Babylon pose son propos : un heavy métal très lourd et très rapide, entre Slayer et Motorhead. Telle une locomotive lancée à plein régime, 'Thundergod' frappe fort. Vocalement, Rhino assure parfaitement, rejoignant les deux groupes pré-cités, proche d'un Araya (pour les montées dans les aigus) et d'un Lemmy (pour le grain un peu gras de la voix). Les guitares sont incisives, alternant entre rythmiques pachydermiques, riffs ultra-efficaces, et soli furieux, tout en vitesse et en technique. Mais ce qui vient faire le caractère de AoB, c'est l'ajout de nappes de synthé et de mélodies de piano au milieu de ces riffs déchaînés. Ainsi viennent-ils gonfler les guitares, donnant une forte dimension épique à certains morceaux à l'image de l'intro de 'Sondrio' ou encore 'White Star Line'.
Mais "Thundergod" propose également des titres plus calmes, des balades tout en douceur, profitant de l'intimité qu'apporte le piano. 'Turning To Stone' constitue ainsi une respiration dans cette cavalcade furieuse, tandis que 'What Have You Become' est la vision de la chanson romantique de nos 3 larrons. On pourra toutefois reprocher à "Thundergod" de flirter allègrement avec les clichés du genre et de ne jamais être très loin du kitsch. Ainsi, les refrains de 'Sondrio' ou 'White Star Line' deviennent-ils rapidement irritants alors que les synthés sont parfois dégoulinants et ridicules, évoquant les pires heures du métal symphonique. De même, les paroles ne volent généralement pas très haut, même dans le style Heroic Fantasy qui caractérise le groupe : "Take off your sword, you will die", "Destroyer, Avenger, Empowered, Queen Warrior" (sur 'Queen Warrior' donc), ou encore 'True Borthers', dont le thème est assez évident.
Dans l'ensemble, les morceaux sont cohérents, s’enchaînent très bien les uns aux autres, bien que l'on puisse critiquer la position de 'Turning To Stone' qui arrive un peu tard. Cela dit, si les refrains sont catchy (parfois un peu trop), aucun morceau n'émerge de la masse, la faute à des riffs souvent trop communs et des soli impersonnels. Avec ses synthés, Angels Of Babylon apporte quand même une originalité et une fraîcheur au style qui permet de se laisser prendre aux aventures du Chevalier Rhino et de sa bande...