Quatre ans après un premier album qui nous avait collé des frissons le long de l'échine, le groupe fondé par Sean Jude avec la collaboration de Daniel Cavanagh (Anathema) nous propose sa nouvelle livraison, The Kiss of Spirit and Flesh.
Premier changement d'importance depuis la parution de Beyond Beyond, Leafblade accueille en son sein un bassiste permanent en la personne de Kevin Murphy, ancien acolyte de Sean Jude dans Valle Crucis. Et, tant qu'à constituer une véritable section rythmique, le duo Jude/Cavanagh n'est pas allé chercher bien loin son batteur, puisque l'on retrouve derrière les fûts Daniel Cardoso, titulaire du poste chez les "cousins" d'Anathema. Faute de distributeur intéressé, il semblerait que ce nouvel album soit dans les cartons depuis 2010 ; il contiendrait également des morceaux écrits par Sean Jude il y a près de 20 ans.
Musicalement, le propos reste globalement dans la lignée du premier album. Les morceaux sont constitués de motifs acoustiques portés par les guitares sèches, et délivrés de manière plutôt répétitive comme trame principale ; à tel point que l'on retrouve par moment l'esprit du Tangerine Dream des années 70, dans lequel la guitare aurait remplacé les claviers (The Hollow Hills) ! Se greffent par-dessus des mélodies vocales elles aussi fortement répétitives, à la tonalité quasi-invariable tout du long d'un même morceau, ouvrant parfois la porte non pas à des développements instrumentaux, mais à des montées en puissance et en tension, à la manière d'un post-rock édulcoré, traversé par moments de saillies électriques.
Car c'est bien là que se niche l'évolution par rapport au premier album : la présence de la section rythmique permet à Leafblade de proposer une musique aux intensités plus variées, passant allègrement de sonorités acoustiques épurées à un univers rock puissant, le tout sans se départir d'une rythmique mid-tempo, rappelant en cela Antimatter, autre groupe avec lequel Sean Jude nourrit de fortes connexions. Du coup, ce que le groupe gagne en puissance et en variété, il le perd quelque peu en subtilité et en élégance d'autant que, à l'exception du premier thème de Portrait, les influences médiévales ont quasiment disparu, de même que les atours celtiques qui enluminaient certains aspects du premier album.
La somme de ces petits détails fait que l'on ne retrouve guère le charme envoûtant qui émanait de Beyond Beyond, cette nouvelle production s'avérant du coup plus fade, mettant cruellement en évidence le côté très répétitif de chaque composition. Reste tout de même un album qui ne déplaira pas, mais qui aura peu de chance de susciter autre chose qu'un intérêt poli relatif à la qualité de sa réalisation et l'authenticité de son inspiration.