Quatrième album pour nos français d'Hemoragy ! Dans le fond comme la forme, peu de changement majeur. Notre trio, dont la musique est faite pour être jouée live, poursuit son bonhomme de chemin en mâtinant avec toujours autant d'à propos son trash Old School d'ingrédients mélodiques issus de la NWOBHM.
Le son se bonifie au fil des albums et c'est un point positif. Par contre, le chant de Johannes reste toujours un cas délicat ! En effet, celui qui découvre le groupe pour la première fois pourrait avoir l'impression d'entendre un Lemmy très fâché chanter en se pinçant le nez sur une musique ronde, testostéronnée et gavée d'explosion de guitare à la Malmsteen. Ce qui donne un genre : "j'ai mis une cravate sur un T-shirt sans manche" ! C'est en tout cas l'effet que pourrait vous faire 'The Crazy Race' et 'The Cockroach Man', vous laissant l'impression que tout est ici prétexte à fourrer sur une rythmique linéaire des riffs et soli à chaque interstice, faisant fit de la moindre profondeur.
Pourtant, dès le quatrième titre la trame se densifie et si déjà 'Machination' faisait preuve d'un beau travail rythmique, 'The Coffin Trap', à la très belle intro évoquant la période "Piece Of Mind" de Maiden, se révèle très bien foutue et accrocheuse. On pense encore à Maiden sur le titre suivant '1518' quand la basse de Lynda explose l'intro à la manière d'un Steve Harris. C'est toujours elle qui, sur les chœurs (et c'est une constante sur tout l'album), vient porter un refrain martelé et entêtant !
Et puis arrive le déclic, le titre phare : 'Gallia Cometa'. Là c'est la grosse claque ! Et ce pour la simple et bonne raison que nous n'avons plus à subir un chant anglais à l'accent plus que douteux. Johannes triple son taux de crédulité en chantant français et le groupe dégage alors une personnalité bien plus intéressante et remarquable, la musique et le chant étant bien mieux assortis (chemise/cravate pour le coup, classe !). Nous savons pourtant que l'exercice du Trash chantant français est délicat et que nombreux s'y sont cassés quelques dents. Eh bien Hemoragy n'a aucune crainte à se faire de ce côté-là et grand bien lui ferait peut être d'en tenir compte à l'avenir !
Le slow tempo haché et épique d' 'Evil Sausage' fait encore une fois forte impression, gavé de grosse basse, clavier et rires déments et le final éponyme fait honneur au jeu de mot en son titre, alternant matraquage Trashy et passages grivois fort comiques. Dernière faute de gout, des moindres, un Artwork qui tient du gag et ne rend pas hommage à l'effort musical développé. Car même si le groupe propose une musique simple et décomplexée, le côté gros beauf de la pochette va ravir le détracteur fainéant qui se limiterait à une simple écoute rapide des premiers titres.
Le verdict est simple, Hemoragy gagnerait beaucoup à poursuivre en anglais avec un chanteur plus imposant sans pour autant perdre de son entité musicale, ou mieux encore à passer le cap du tout (ou presque) en français, à l'instar d'un Melusine, où il gagnerait en assise. "The Thirst World War" n'est pas un mauvais album mais il aura un peu de mal à trouver son public.