Batteur incroyablement occupé, Mike Terrana trouve encore le moyen de caser l'enregistrement d'un deuxième opus solo dans son planning de ministre. La rencontre avec Cyril Achard l'a marqué, c'est évident. Les nouvelles compos, qui constituent la moitié de l'album, doivent beaucoup au style du français, surtout les deux premières, "the omen" et "native tongue". "easy does it" est plus jazz pur, avec une très belle partition de guitare acoustique. Et on part carrément vers les ambiances chaudes et latines avec "revenge of the cachaca".
Mike Terrana prouve sur ce cd qu'il n'est pas seulement un cogneur martyrisant sa double grosse caisse à longueur de morceaux. Son admiration pour des virtuoses plus subtils comme Virgil Donati éclate sur "spin drifter", le titre le plus accompli mais aussi le plus complexe du cd. Ca fourmille de thèmes, de changements de rythme, de finesse mélodique (un passage planant magnifique)... Quelle claque !
On se serait passé, en revanche, de l'interprétation de la sonate pour piano "clair de lune" de Beethoven (qui joue ? Terrana lui-même ?) mais ça passe, et tout le monde connaît.
Les 5 derniers morceaux, qui représentent une véritable seconde partie de l'album, sont live, avec deux titres de taboo voodoo, "one for the road" et "sorcery", une compo bien prise de tête pas loin de l'esprit d'un Terry Bozzio (autre Dieu de Terrana) "five alive". "Jungle alley" célèbre une fois de plus la qualité de swing de notre batteur iroquois, lui qui déclare justement vouloir faire "swinger le heavy metal" à qui veut l'entendre. Ces titres proviennent d'un enregistrement en public à Moscou en 2003, à l'occasion d'un festival initié par sa marque de batterie.
Mais pour le dernier morceau, un solo de batterie de dix minutes comme il les aime, on se retrouve à Tokyo en 2002. Rien de particulier, hormis ce passage délirant ou Terrana chante "fly me to the moon" de Frank Sinatra en caressant ses cymbales, et le tout avec une voix de velours imitant parfaitement le crooner ! Ah ces batteurs, quels joyeux plaisantins !