Lorsque l'on évoque Death SS, il est toujours bon de tuer immédiatement les craintes que certains qui ne le connaissent que de nom pourraient nourrir à son égard : le "SS" ne fait bien entendu pas référence à la Waffen-SS mais aux initiales de Steve Sylvester son chanteur et depuis longtemps le dernier survivant de la formation originelle. Nul doute toutefois que cette confusion ait été totalement revendiquée par un groupe adepte du mauvais goût.
Comme le suggère le titre de son nouvel album, Death SS revient aujourd'hui des limbes, ultime soubresaut d'une carrière chaotique jonchée d'une poignée d'offrandes entre des palettes entières de singles, EP, lives et autres compilations. Si les Doomeux se souviennent de la participation du cultissime guitariste Paul Chain à la première mouture du groupe, entre 1977 et 1984, accouchant alors du tout aussi culte Evil Metal, cela fait longtemps qu'il ne reste plus rien de cette époque si ce n'est un occultisme aussi baroque que bordélique comme tout droit échappé de "The Rocky Horror Picture Show", influence évidente des Italiens (re)convertis par la suite à un Gothic Rock vaguement Indus. Reconnaissons toutefois que la musique de Death SS n'a jamais été à la hauteur d'une réputation qui s'est surtout forgée sur des balbutiements placés sous le sceau funèbre du Doom.
Surgissant déjà après plusieurs années de silence dans l'indifférence générale (hormis dans la péninsule), The 7th Seal a finalement servi de sinistre clou à un cercueil alors presque fermé. Or contre toute attente, Resurrection ne marque pas seulement le retour de la bande à Steve Sylvester mais surtout sa redécouverte, grâce à une inspiration retrouvée, renouvelée même. S'il subsiste bien quelques oripeaux indus, décelables dans ces samples et boucles électro, c'est surtout les mamelles du Rock Gothique que les Italiens tètent avec avidité.
L'opus tire ses cartouches les plus efficaces, les plus faciles peut-être aussi, en début de parcours. Mais "Revided", "The Crimson Shine", auréolé de choeurs féminins séduisants ou le malsain "Eaters" forment un ensemble plutôt accrocheur à défaut d'être indispensable. Bien que plus sombre, plus lourde également, la seconde partie n'échappe pas à certaines longueurs. "The Devil's Graal" ou bien les 9 minutes de "The Song Of Adoration" ne suffisent pas à masquer un programme qui finit par s'essouffler quelque peu.
Avec deux ou trois coups de ciseaux, Resurrection, disque au demeurant bien fait, aurait gagné une vitalité qui lui fait défaut malgré l'impression générale positive qui se dégage de son écoute. A l'arrivée, on tient là un bon cru pour Death SS, sans doute même le meilleur depuis très longtemps mais dont on peut douter qu'il ferre pour ses auteurs un nouveau public...