Avec Paradise Lost et My Dying Bride, Anathema est le troisième grand rejeton britannique du courant death doom qui a vu le jour au tout début des années 90. Il se forme courant 1990 à Liverpool et à l'image de ses deux grands frères, il est rapidement repéré grâce à ses démos, sorties fin 1990 et début 1991 qui vont leur permettre de signer à leur tour avec Peaceville.
Musicalement il ne faut pas chercher chez Anathema le visage qu'on lui connait à présent tant à cette époque il pratique un death teinté de doom et de gothic . "The Crestfallen" est le tout premier Ep du groupe des frères Cavanagh, mené vocalement par Darren White, qui s'inspire pas mal des opus de ses confrères. On y retrouve en effet 4 titres dans la grande tradition du genre avec la voix caverneuse classique, de longs passages instrumentaux lents et funestes et une face sombre et triste bien mise en valeur par de très beaux riffs atmosphériques.
"Crestfallen" se met en évidence avec ses dix longues minutes de procession. Servie par un très bon riff introductif, on se laisse facilement prendre au jeu de ce doom chargé d'émotions malgré un chant manquant de variété. A côté "…And I Lust", "The Sweet Suffering" et "The Die" sont moins fortes, elles évoluent dans un doom teinté de death très classique mais encore une fois, la voix de White pourra facilement lasser. Malgré tout l'élève Anathema montre déjà de belles dispositions. Aux guitares les frangins Cavanagh se montrent inspirés et proposent de bons riffs longs et ténébreux dans l'esprit du genre. Et au milieu de tout cela Anathema nous propose une pure pépite avec "Everwake". En moins de trois minutes il nous sort une ballade acoustique splendide avec chant féminin, celui de Ruth Wilson, et nous prouve qu'il a plusieurs cordes à son arc laissant entrevoir de bien belles choses.
Ce premier Ep a essentiellement une valeur d'archive et permet de s'intéresser aux premiers pas d'Anathema. Il a certaines qualités, notamment dans les atmosphères, mais reste en deçà de ce que la concurrence propose. On sent néanmoins qu'il ne manque pas grand-chose à cette formation pour s'envoler.