Du rock plus ou moins dur de son groupe d'origine Stiltskin, Ray Wilson s'est déjà détaché en plusieurs occasions, notamment lorsqu'il publia, après la fin de Genesis, son premier album solo intitulé "Change", sur lequel certains ont dû être surpris de trouver des relents de Porcupine Tree ou plus folk, orchestraux... Depuis notre homme alterne albums rock, voire un peu hard rock avec Stiltskin ("She", "Unfulfillment") ou plus doux, comme celui-ci.
En l'espace de trois morceaux, on retrouve déjà un mélange de folk, de pop intimiste acoustique, de rock et d'orchestrations de cordes et toujours cette mélancolie qui caractérise une bonne partie de son inspiration qui lui réussit si bien. Car la voix légèrement éraillée et chaude du chanteur possède un charme évident dans ce registre musical. Les musiciens sont un peu les mêmes que sur le précédent opus, à part le nouveau claviériste Darek Tarczewski et le saxophoniste Marcin Kajper.
Le piano (acoustique ou électrique), les claviers aux textures vaporeuses et les cordes tiennent ici un rôle important (le quatuor classique est omniprésent), tandis que les guitares d'Ali Ferguson accompagnent, ou sont mises en valeur le temps d'un solo, parfois secondées ou remplacées par un saxophone tour à tour soyeux et déchirant, ou bien encore par une flûte (sur le triste "Rhianne" chanté aussi par Ferguson pour une bonne partie)... On peut y voir une similitude avec un certain aspect du Floyd et il semble que ces derniers aient bien influencé Wilson. On pourrait aussi bien citer Blackfield mais ce serait aller un peu trop vite. Le chanteur laisse percer des influences très variées, mais reste avant tout un auteur/compositeur qui a des choses à dire. S'il ne s'aventure pas vraiment sur des rivages progressifs, il garde du genre une sophistication indéniable. Cela se retrouve encore sur "No Dreams Are Made Of This", lente ballade planante qui monte finalement en puissance sur la seconde moitié, avec des guitares acérées avant de finir sur des arpèges de guitare acoustique.
"Chasing Rainbows" n'est pas un album de ballades mollassonnes, ne vous y trompez pas. Ray Wilson et son producteur savent insuffler une puissance non négligeable dans la mélancolie touchante, parfois presque désespérée du chanteur... A côté de moments plus introspectifs, on trouve aussi des morceaux plus légers comme le folky et entrainant "What Happened Here". "I See It All" est plus nerveux, avec néanmoins beaucoup de nuances. On pourra penser ici à Mrnorth, de même que sur "The Life Of Someone" qui évoque une fuite en avant. "Follow The Lie" quant à lui démarre sur un tempo moyen avec des intonations bluesy mais possède un refrain plus ample et orchestré, réalisant une fusion de genres que Wilson affectionne.
Le chanteur avec la complicité de son producteur Peter Hoof s'avère une fois de plus capable de composer des mélodies imparables comme "Wait For Better Days" mené par le piano et la guitare acoustique sur un tempo mi-lent, avant de décoller sur le refrain orchestral, dans une atmosphère triste et belle à la fois, avec un solo de sax puis de guitare électrique dans un style à la David Gilmour. Si la radio fonctionnait normalement, ce genre de morceau ferait vite un hit. En fait, si en France son succès semble confidentiel, Ray Wilson semble jouir d'un certain succès en Allemagne et en Pologne (plusieurs de ses musiciens sont d'ailleurs polonais), vu le nombre important de concerts qu'il y donne, sous plusieurs formations, n'oubliant pas de jouer des reprises de Genesis... Il serait temps que notre pays découvre ce musicien !