Malgré un parcours semé d’embuche, Eric Ter a toujours su rebondir. Les rendez-vous manqués (avec Mike Taylor ou Richard Bronson), les tracas juridicos-contractuels et les problèmes personnels n’ont jamais eu raison de cette envie viscérale de faire de la musique. Les appétences blues, rock et psychédélique, Eric Ter les doit à Zappa, Hendrix et Dylan, qu’il a la chance de voir à l’Olympia dans les années 60. Mine de rien, le franco-américain poursuit son chemin musical depuis près de quarante ans et ce Soundscape Road est son dix-septième album.
De Frank Zappa, Eric Ter (E.T pour les initiés) tire sa grande liberté et ce côté un peu fouillis qui se retrouve dans la globalité du disque, faisant de celui-ci un patchwork de titres pas toujours achevés et souvent différents les uns des autres. Eric Ter se base sur des riffs assez originaux et des phrasés qu’il a puisé chez Hendrix ("Soundscape Road") pour la construction de certains morceaux. Malheureusement, aux bonnes idées harmoniques ("Square Funk Taboo", "Matter Of Time" ou ce "The Bells" très beckien) succèdent des bribes de morceaux qui se terminent trop brutalement ("Things To Visualise").
Au final c’est quand Eric Ter expérimente le moins qu’il est le plus convaincant. Entre le bon blues à l’ancienne ("Got Me Bad") ou plus moderne ("Walking The Dog") et le rock à la J.J Cale ("Wild Child" et "The Fella") s’intercalent de trop nombreux interludes instrumentaux ou chantés pas forcément nécessaires (les claviers kitch de "Himalaya" ou la psyché "She Said It"). Enfin, il faudra adhérer au chant atypique du bonhomme pour donner sa chance à Soundscape Road. Celui-ci, plus parlé que véritablement chanté, colle bien aux passages les plus expérimentaux ("Just A Thing"), mais reste pauvre sur l’ensemble du disque.
Soundscape Road est un disque de rock non identifié entre l’underground psychédélique et le blues-rock plus traditionnel. De par le format original et déstabilisant de l’album, on comprend mieux pourquoi Eric Ter est relégué à une quasi-totale confidentialité depuis toutes ces années, hormis dans les milieux culturels branchés. Au-delà des défauts précités et d’une production un peu terne, nous ne sommes pas peu fiers à Music Waves de vous faire découvrir cet artiste inclassable.