Après les voyages de Christophe Colomb ("Il Viaggio Di Colombo" paru en 2008), les italiens de Il Cerchio d'Oro nous invitent à découvrir leur nouveau concept album intitulé "Dedalo E Icaro" (le titre étant suffisamment explicite pour qu'il soit inutile d'en dire plus). Pour ceux qui n'auraient pas entendu parler d'Il Cerchio d'Oro, rappelons que ce groupe, créé au milieu des années 70 par les frères Terribile et Franco Piccolini mais n'ayant laissé aucun témoignage de cette époque à la postérité, décida de se reconstituer trente ans plus tard.
Comme s'il avait hiberné durant cette longue période, Il Cerchio d'Oro sort de la naphtaline un progressif à l'italienne pur jus auquel des groupes tels que PFM, Le Orme ou Banco Del Muttuo Soccorso ont donné ses lettres de noblesse. Il s'entoure d'ailleurs pour ce faire de quelques invités issus de cette scène progressive italienne : Giorgio "Fico" Piazza (PFM), Pino Sinnone (The Trip), Marin Grice et Ettore Vigo (Delirium). La musique est une gracieuse alternance de passages vigoureux et de moments plus mélancoliques, ces derniers majoritaires bien que l'album conserve une belle énergie tout du long. Côté référence, si l'on veut sortir du cénacle RPI, on retrouvera des faux airs de Pink Floyd pour les nappes d'orgues atmosphériques ('Oggi Volerò'), d'Ange pour une certaine théâtralité ('Il Sogno Spezzato'), de Wishbone Ash pour les harmonies vocales et d'ELP le temps d'un solo d'orgue ('La Promessa').
Il faut dire que les claviers prédominent largement, qu'ils soient acoustiques ou électriques, et régalent l'auditeur de digressions aussi nombreuses qu'efficaces. Les guitares plus discrètes jouent aussi régulièrement avec bonheur la carte de l'acoustique. Le groupe a le don pour des mélodies raffinées, douces amères, qui distillent une tendre mélancolie, en se gardant de sombrer dans la mièvrerie. Seul bémol à cette belle harmonie, un chant inégal. La voix cassée possède certes un timbre agréable mais atteint parfois ses limites en puissance et en justesse. Un inconvénient qui reste néanmoins marginal, Il Cerchio d'Oro, peut-être conscient de cette faiblesse, privilégiant les longs développements instrumentaux même dans les titres les plus courts, invitant inéluctablement à une douce rêverie.
La force du groupe vient de ce pouvoir de nostalgie qui se dégage de sa musique et qui vous enveloppe l'âme dans un cocon soyeux. Grâce à une qualité d'écriture qui ne se dément pas, et en dépit de quelques défauts (léger manque d'originalité, vocaux pas toujours convaincants), Il Cerchio d'Oro délivre avec "Dedalo E Icaro" un album propre à satisfaire tout amateur de RPI à l'ancienne.