Après leur passage remarqué dans la galaxie angélique et l'aide du Père Décamps sous la forme d'un texte fourni clés en mains et publié sur leur troisième album (Planète Germinal), les aubois d'Isatys poursuivent leurs aventures avec la publication en cette année 2013 du Cri du Fœtus, nouvelle collection de chroniques douces-amères du monde qui nous entoure et de ses dérives, au jeu de mot facile et à l'ironie parfois acerbe.
A l'image de celui qui les a pris sous son aile, Isatys joue en effet facilement de la plume pour trousser des textes dont la poésie tient plus dans la faculté de ses auteurs à jouer sur les mots que dans la richesse de leurs rimes. A titre d'exemple, on retrouvera ainsi certaines locutions récentes légèrement détournées de leur sens premier ("Casse-toi pauv' pion" dans Cassus Belli) ou encore des utilisations de mots à double sens (La Ruée vers Laure …). La lecture entre les lignes est bien entendu fortement conseillée !
Côté musique, pas d'évolution notable depuis la précédente publication. Sauf en de rares exceptions, Isatys nous propose un univers sonore porté par la ligne claire des deux guitares, soutenues par des nappes de synthés planants. De son côté, la section rythmique se révèle d'une belle sobriété, même si les lignes de basse auraient mérité une mise en avant un peu plus prononcée. Le tout nous délivre un rock plutôt convenu, du genre de celui que l'on se plait à écouter entre amis, sans prise de tête. Point de technique superflue par ici, ni de compositions à tiroirs, mais des titres efficaces et simples d'accès où la mélodie prime avant toute chose, rappelant en cela Saqqarah, autre groupe français surfant sur la vague néo-progressive. Les fans d'Ange pourront toujours arguer que Barbarie sur Mer semble tout droit sorti de Vu d'un Chien, mais cette référence reste somme toute marginale.
Néanmoins, au contraire des bretons susnommés, les passages instrumentaux et les soli sont peu développés sur ce nouvel album. En effet, reprenant un schéma similaire à celui maintes fois éprouvé par Saga, Isatys base l'essentiel de ses compositions sur une structure couplet/refrain/couplet/refrain poursuivie par un pont instrumental (qui ne vient d'ailleurs pas forcément rompre l'unité mélodique) avant une reprise de thème pour boucler l'ensemble. Si l'effet est garanti, une légère lassitude finit par se faire jour à force de répétition d'un titre à l'autre, aussi bien dans la structure donc qu'au niveau des sonorités proposées.
Cela n'enlève rien au plaisir que l'on prend à l'écoute de ces dix titres rafraîchissants. Simplement, et pour paraphraser la conclusion accolée au précédent album par mon collègue, je pourrais dire que ce breuvage gouleyant est à considérer comme un plaisir immédiat. De là à en faire un cru de garde …