Après un premier effort en 2010, tièdement accueilli dans nos pages, Morild revient avec ce deuxième album, "Aves", qui pourrait confirmer que le combo norvégien a des capacités qui n'étaient pas entièrement révélées sur "Time To Rest". Le groupe a au moins rectifié une chose, mise en avant par mon collègue chroniqueur, à savoir l'absence de guitariste à part entière. On trouve donc maintenant dans le line-up un certain Hans Kristoffersen crédité à la guitare.
"The Patient Fisher" ouvre le bal sur un tempo qui va de la ballade à l'invitation à danser la gigue (ou autre joyeuseté moyenâgeuse), l'instrumentation acoustique et folklorique ferait penser à Blackmore's Night avec un chant masculin n'ayant pas, loin s'en faut, le charme de celui de la belle Candice. Cette petite introduction (8 minutes quand même !) pas si désagréable, nous amène au premier épique de l'album, "Wildflower", qui, comme toute longue compo progressive, développe des thèmes et alterne les changements de rythmes. Des soli de guitare aux sonorités de grandes orgues, tous les ingrédients classiques sont là, mais on pourrait reprocher à cette composition un ou deux passages un peu fouillis. La faiblesse du chant, déjà relevée dans le premier album, et plutôt bien contournée sur les deux premières pistes, revient malheureusement dans "Time River" qui, sans ces inexactitudes vocales, aurait été un bien sympathique instrumental piano-violon.
De la même façon le chant mal maîtrisé nuit au long "Labour Day" dont les cinq dernières minutes sont superbes, dans un style symphonique à la Genesis 'old school'. Et que dire du deuxième épique de l'album ? Les presque 25 minutes de "Waiting for the Ferry, Part 1 & 2" laissaient présager une pièce multi-facette qui aurait du charmer l'amateur de rock progressif à long développement. Si musicalement Morild nous propose une composition plaisante, la voix qui force vers la septième minute est agaçante, et ce n'est rien à coté du massacre hurlé de la neuvième minute. A la treizième minute, les choeurs religieux sur fond d'orgues d'église, frisent le ridicule.
Ce deuxième essai de Morild se révèle bien décevant et pourtant il y a de très bons passages dans ce "Aves". Il est difficilement compréhensible que des musiciens capables de composer et d'interpréter des mélodies aussi inspirées que la fin de "Labour Day", laissent passer des parties vocales dont la tonalité est souvent désagréable et dont la justesse est même parfois douteuse.