Inventeur du "Humppa Folk Metal", étiquette qui prête forcément à sourir, on a pourtant tort de ne pas prendre au sérieux Finntroll. Parce que les Finlandais sont actifs depuis plus de quinze ans déjà. Parce que bien que sautillant, idéal bande-son d'une virée entre Vikings, leur Metal ne se départ jamais d'une certaine noirceur tranchante tandis qu'une furie dansante le propulse dans la bataille. Parce qu'ils sont Finlandais et donc incapables de décevoir vraiment...
Leurs détracteurs argueront qu'ils ne se renouvellent pas beaucoup, leur signature très tôt fixée, depuis Midnattens Widunder, n'ayant pas bougé d'un iota. Ce n'est pas faux même si la critique appelle quelques nuances car une timide évolution peut être décelée. Nattfödd est très subtilement différent de Jaktens Tid par exemple. Il n'en demeure pas moins toutefois que Finntroll, à l'instar de beaucoup d'autres groupes, est toujours resté fidèle à une recette immuable qu'il cuisine à intervalles réguliers, tous les trois ans.
De fait, avant même de glisser Blodsvept dans la fente de la chaine Hi-fi, on sait déjà à peu près à quoi s'attendre, collection d'hymnes ramassés, mélodiques dans leur véloce agressivité, avec beaucoup de guillerets claviers dedans. L'inspiration toujours égale, encore qu'avec le recul Nifelvind s'avère être en deçà de ses prédécesseurs, une nouvelle cuvée de Finntroll, c'est l'assurance de s'en prendre plein les cages à miel pendant une bonne quarantaine de minutes, sans baisse de régime mais sans grande folie non plus.
Contre toute attente, Blodsverp surprend agréablement. Non pas qu'il se distingue vraiment de ses aînés mais, en renouant avec une énergie sombre et sanglante, il témoigne que ses auteurs ne sont pas prêts de prendre leur retraite ! Emporté par un rythme trépidant, l'opus va très vite, auquel il ne faut guère plus que les quatre minutes et trente secondes de l'inaugural titre éponyme pour se mettre l'auditoire dans la poche avec ses lignes de guitares aux allures de rouleaux-compresseur.
Le groupe imprime une cadence infernale qu'il sait heureusement aérer de temps en temps par de courtes respirations ("Skövlarens Död") ou d'impitoyables cassures ("När Jättar Marschera"). Il prouve aussi aux mauvaises langues qu'il peut encore accoucher de très grands titres, toujours d'une énergie millimétrée dans un style moins figé qu'il n'y parait. "Mordminnen", "Skogsdotter", tourbillon aux sonorités presque western parfois ou "Häxbrygd" et ses aplats plus rampants, pour n'en citer que trois, participent de cette bonne tenue, faisant de Blodsverp un des meilleurs crus des Finlandais, habile synthèse d'une carrière aussi solide qu'homogène.
Que demander de plus ? Tout le monde s'y retrouvera donc, c'est l'essentiel. Finntroll fait du Finntroll : ça tombe bien, il est le meilleur pour cela, renvoyant sa cohorte de copieurs à leurs chères études !