A l’occasion de son premier disque Opposite Views, Gadi Caplan a inspiré de nombreuses critiques élogieuses un peu partout dans le monde, décrivant un recueil de titres riches et un musicien enthousiasmant. Loin de partager cet avis, la sagesse me conseillait d’attendre pour façonner une opinion. Le successeur d’Opposite Views donne le ton dès son titre : Look Back Step Forward ne sera pas sous le signe de la révolution jazz-rock mais plutôt dans l’héritage perpétué du son des glorieuses années.
Bien qu’ayant remanié en grande partie son entourage (seuls les batteurs et claviers Alex Santiago et Michael Hruwitz ont été reconduits), Gadin Caplan nous invite au même genre de voyage instrumental qu’avec Opposite Views. Sans en faire des monuments d’inventivité, la douce ballade acoustique "Charlotte", le jazz-rock old school "Frostbite" ou la très dregsienne "Tresha" sont des titres non dénués de qualités. Seul "Brother" est chanté et à l’écoute du résultat c’est une bonne chose qu’il soit le seul. Non pas que le morceau soit mauvais, mais un chant très moyen vient gâcher le plaisir que l’on peut goûter à l’occasion d’un des meilleurs titres de Look Back Step Forward.
Ainsi en est-il de ce disque qui offre le strict minimum de structure et de mélodie pour ne pas basculer dans le jazz élitiste et hermétique. Les trames sont rudimentaires mais bien aidées par l’apport salutaire de cuivres (la zappaienne "It’s All The Same") et certaines idées intéressantes tournent trop rapidement en rond (le carltonien "A Latin Winter" ou les mahavishniens "Indian" et "Within The Clouds") ou en improvisation débridée ("Monsoon Season"). Al Di Meola ou John McLaughlin (et son excellent dernier album Now Here This) sont infiniment plus éloquents avec les mêmes ingrédients. Même le jeu de guitare tant vanté de Gadi Caplan n’est pas une grande source de satisfaction ou d’intérêt. Une signature sans relief et bizarrement maladroite de la part d’un étudiant des plus grandes écoles.
Look Back Step Forward viendra confirmer aux uns leur enthousiasme et aux autres leur sentiment mitigé d’ennui et de frustration qui s’expriment dans presque toutes les compositions quand les espoirs qui apparaissent sont rapidement déçus par un essoufflement dans la créativité et l’énergie. Une fois l’album terminé il ne reste qu’une impression d’inachevé qui ne nourrit pas l’envie franche de le réécouter.