On ne peut pas dire que Djam Karet aime la facilité. Ce groupe américain underground qui pratique un space-rock/ambient depuis les années 80 revient avec un nouvel album composé d’un seul morceau de 47 minutes, une longue jam session avec ses moments calmes et d’autres plus enlevés. A cet exercice (l’album/morceau), peu s’y sont frottés et surtout peu l’ont réussi (Mike Olfield, Echolyn).
Ceux qui connaissent la musique du groupe ne seront pas dépaysés par les ambiances sonores déployées même si le côté ambient s’avère peut-être un peu plus marqué sur cet opus. C’est avec le bruit du vent suivi d’une belle introduction à la guitare acoustique que démarre l’album. Le clavier établit ensuite un climat plus inquiétant renforcé par des bidouillages électroniques rappelant les premiers Tangerine Dream("Zeit") ou certains albums de Vangelis. Ce passage atmosphérique est relativement long et pourra décourager les moins patients des auditeurs mais la guitare reprend peu à peu ses droits à partir de 18 minutes pour développer progressivement un solo comme Andy Latimer pouvait le faire à la grande époque de Camel. Le clavier revient alors dans la course et l’on pense alors aux premiers Porcupine Tree ou encore aux projets annexes de Steven Wilson comme Bass Communion.
A ce moment vous êtes bien, relaxé, vos paupières sont lourdes. Vous avez oublié le casque sur vos oreilles (c’est mieux pour le trip et votre entourage ne sait pas ce que vous écoutez), la partie ambient se réinstalle alors pour une longue séquence électronique minimaliste ("Meddle" de Pink Floyd n’est pas très loin). Encore un peu de patience, nous sommes à une trentaine de minutes. La partie la plus intéressante se met en place un peu après la 38ème minute pour un final explosif à la Hawkwind. Vous êtes alors récompensé de votre persévérance et totalement réveillé avant que la guitare acoustique de l’introduction vous redépose gentiment au sol.
Cet album porte finalement bien son titre. A vous de voir si vous souhaitez et avez la patience d’embarquer pour ce long voyage en terres space-rock. J’ajouterais que la note de cette chronique est tout-à-fait subjective (car il est bien difficile de noter un tel album) et peut évoluer en positif ou en négatif suivant l’humeur du moment.