Le cerveau qui se cache derrière Lo-Fi Resistance est celui d’un jeune musicien précoce du nom de Randy McStine. Guitariste dès cinq ans, performeur à dix et chanteur à quinze, le jeune prodige se donne les moyens de ses ambitions en s’improvisant un studio dans son appartement et en sollicitant au culot Nick DiVirgilio pour tenir les baguettes de son futur projet. Son objectif d’un premier album voit le jour en 2010 avec A Deep Breath, l’aboutissement de ses efforts salués et reconnus par la caution solide de DiVirgilio qui s’est même chargé du mixage. Pour son deuxième album, l’américain fait encore plus fort avec Gavin Harrison et Colin Edwin (Porcupine Tree) à la rythmique et quelques invités de marque venus lui porter main forte (notamment Doug Pinnick ou Dave Kerzner de Sound Of Contact qui a co-écrit trois titres).
Chalk Lines est dans la continuité de A Deep Breath mais avec une maturité et une qualité d’écriture qui s’est concentrée sur l’essentiel. Lo-Fi Resistance officie dans un style rock mélodique et légèrement progressif proche de Kevin Gilbert ou du Umphrey’s Mc Gee le plus carré. Les sept premiers morceaux, à la production limpide, sont des condensés de mélodies et de variété portés par des instrumentistes affûtés (la partie d’Harrison sur "Chalk Lines" est dantesque) et un Randy Mc Stine touche à tout et très expressif au chant.
Les idées fourmillent à chaque morceau, partant d’un équilibre astucieux entre claviers ("No Readmission" et "Fall") et riffs de guitare plus pertinents que techniquement recherchés ("Fall" et "The Silent War"). D’une simple série de notes, il installe l’harmonie dans des compositions parfaitement calibrées et envoûtantes ("Fading Pictures"). Les côtés direct et précis de ses mélodies sont à rapprocher de l’AOR dans lequel il puise avec facilité. Ses penchants progressifs se synthétisent à l’occasion du dernier titre "Face Another Day" qui rappellera le Spock’s Beard post-Neal Morse.
A tout juste vingt quatre ans Randy McStine est déjà impressionnant de musicalité et de maîtrise. Il ne lui aura fallu que deux albums pour canaliser l’énergie de sa jeunesse et trouver la justesse de son propos avec ce Chalk Lines plus ramassé et concis que A Deep Breath. Randy McStine a la crédibilité et la confiance que lui portent de prestigieux musiciens et plus rien ne l’empêche de laisser son inspiration vagabonder dans des terres encore plus progressives. En cela on peut nourrir de légitimes espoirs sur une réelle marge de progression de Lo-Fi Resistance.