Eresis est un groupe dont les membres se classent eux-mêmes dans le genre plutôt sclérosé du "Metal Progressif"; qu'attendre de musiciens se rangeant sciemment dans une case aussi hermétique que celle du Metal prog ? Après une démo 5 titres au rendu brouillon et peu cohérent, Eresis sort en 2013 son premier album, "Shedding Madness", dont la pochette fait référence à la signification de leur patronyme, Eresis signifiant "Reine des étoiles" dans la mythologie Sumérienne. Le groupe, en développant cet univers, entend aborder des thèmes philosophiques autour des relations entre les êtres humains ou la question de la morale dans la société, de manière littéraire et métaphorique. Un programme alléchant...
Le Metal Progressif distillé par ces 5 français n'en fait pas un clone de Dream Theater, Dieu merci, puisque ses membres vont puiser leur inspiration du côté d'Opeth, Leprous ou encore Haken. Eresis semble en effet appartenir à cette nouvelle vague du Metal Prog incluant des éléments de Death Metal dans leurs compositions comme en témoigne 'Down To Cassiopeia', morceau qui, s'il n'est pas totalement réussi en raison d'un growl assez approximatif et d'une double pédale sans réel groove, illustre cette part que prend la musique extrême dans "Shedding Madness". Le reste de l'album est en revanche bien plus progressif avec 4 morceaux dépassant les 10 minutes proposant des développements complexes et parfois assez indigestes, les thèmes et motifs se recoupant et s'interpénétrant sans qu'on puisse en déceler la cohérence avant une dizaine d'écoutes. En effet, si ces longues suites possèdent toutes un leitmotiv, l'identifier est toutefois difficile et il faudra de la patience avant de maîtriser et savourer pleinement ces compositions.
Les franciliens possèdent un talent certain pour créer des atmosphères comme en témoignent les superbes introductions de 'Masters Of The Invisible' ou 'Tales Of The Green Fairy' mais sont également capables de développer des variations autour d'un thème musical donné. Ainsi, 'Being' constitue un véritable tour de force lors duquel le motif principal est rééxposé une dizaine de fois, et ce dans toutes les variantes possibles (variations rythmiques, sonores...). 'Through The Eyes Of Gods' ou 'Tales Of The Green Of The Green Fairy' sont quant à eux des illustrations de la capacité du combo à nuancer son propos. Les capacités vocales de Nico sont assez impressionnantes, variant du Growl à un chant très lyrique typique de ce genre musical. Son timbre puissant vient cependant gâcher certains passages comme les Introductions toutes en finesse de 'Tales Of The Green Fairy' ou 'Nothingness' que l'on aurait aimé plus longues.
Eresis possède un potentiel certain, et avec des morceaux comme 'Being' ou 'Through The Eyes Of Gods', les 2 vrais tours de force de ce "Shedding Madness", ses membres imposent leur patte métaphysique avec une musique riche en fouillée, tant sur le plan formel que sur le fond. La musique d'Eresis reste toutefois enfermée dans de relatifs carcans, et le propos reste bien trop délayé, la durée excessive de l'album le rendant particulièrement indigeste. De plus, la production laisse parfois à désirer, ce qu'on ne peut pas vraiment leur reprocher, le groupe travaillant en autoproduction avec un budget plus que réduit.