Impresionniste
Du temps où j'avais les cheveux gras et filasse, l’acné au bout du museau et le perfecto bardé de patchs sur les épaules, le guitariste de cet opus et ses comparses avaient écumé les scènes parisiennes sous la houlette de Senor Madcap. Vincent Verroust, puisque c'est de lui que nous parlons, l’homme à tout faire, le deus ex machina, le musicien polymorphe, officie dorénavant exilé aux États-Unis sous le pseudonyme de Madcapeye. Ce nouveau projet c’est son bébé, sa chose... Originellement un one man band, dans lequel il tient la guitare, la basse et la batterie. Après deux albums instrumentaux il s’est adjoint les services de son frère d’armes Josh Mohr, pour venir renforcer l’équipe en donnant de la voix et par la même occasion enfoncer le clou.
Madcapeye nous conduit dans une errance sur des terres métal multiples, parsemées de couleurs thrash, parfois accompagnées de quelques pointes plus "classiquement" heavy-metal ou de quelques touches progressives, un peu à la manière de Rush - quel grand écart dirons certains - où se mêlent des structures évoluées, un esprit pop et des mélodies puissantes.
Le premier contact, visuel, est dérangeant, la pochette étant... particulière. Passée cette première impression on découvre une musique efficace, qui même si elle n’est pas totalement novatrice, est exécutée avec brio et portée par une énergie punk constante.
Le hors d’œuvre est un bel instrumental (Dusk) composé d’harmonies riches et d’envolées rythmiques étudiées. La suite ne dépareille pas, les morceaux s'enchaînent sans temps mort. La guitare est puissante et propose des riffs efficaces, elle développe des interventions acoustiques et des solos élaborés. En expression soliste, l’instrument est habillé d’une wah-wah pour apporter une chaleur incomparable. La basse est épaisse et remplit à merveille son rôle de guide et de fondation. La batterie sait naviguer sur les rythmes comme une galère romaine navigue sur les mers déchaînées, elle soutient les structures épiques et les cavalcades effrénées. Quant à la voix, elle est agressive et rauque mais aussi très expressive avec des intonations blues, et reste ainsi ancrée dans des racines musicales colorées.
Découvrez la pépite qu’est The Laughing House, savourez les instrumentaux évanescents Interlude Pt.1 et Interlude Pt.2 et goûtez à la folie enivrante du bien nommé Psykotik. L’offrande musicale de Rides of A Nightmare est une réussite, la musique est savoureuse et les compositions sont baignées dans une folie constante.
Il se dégage de cet album une ambiance jouissive de chaos maîtrisé, de puissance expulsée, de soubresauts telluriques et d’explosions d'énergie quantique. Cet afflux de puissance, virevolte dans tous les espace-temps pour venir imprimer à répétition l'écran mental de notre cerveau. Il en résulte une gamme de couleurs insensées, des moments d'ombres ou de lumières qui construisent avec art une suite d'impressions revigorantes.