Le pape est l'avocat de dieu. Dommage que son client soit mort
Déicide en direct de la cité des papes.... Le grand Ordinateur va se rejoindre (enfin, son fils qui est lui même...) dans l’au-delà. Voici venu le temps des cris et des bangs, dans la cité des papes c’est toujours le même chant... De rage et de colère, un hymne guerrier entonné par Godisdead. Ce n‘est pas de la dentelle de Calais, la musique est lourde et massive, épaisse comme les murs des remparts de leur ville, poisseuse aussi comme les journées provençales après la pluie estivale ou plus suffocante comme les guerres intestines entre Ugolin, Manon et Jean.
Leur musique est portée par un grand sens de la vélocité et de la composition. Les maîtres d’oeuvre font du thrash et ils le font bien : le niveau technique est assez élevé, les compositions se suivent avec peu d’occasion de reprendre son souffle. Cet album est dans la lignée des pointures du genre, celles toutes droit issues de la fin des années 80, portées par un sens de la révolte, un esprit punk et anticonformiste.
La musique est guidée par une guitare grasse et acérée qui gronde, elle montre ses crocs tout au long des dix titres puissants. Elle construit des rythmes carrés et variés, des riffs simples et solides. En soliste elle est véloce et lyrique, elle s’exprime en des phrases aux sonorités variées, et sait aussi remplir complètement l’espace comme sur la composition fluide et entraînante Follow the Wake, Part I. Cet instrument mène la danse... ou presque car elle est talonnée de près par une basse puissante, épaisse. Principal guide rythmique et pourvoyeur de saccades épileptiques, elle présente également une facette mélodique et technique inespérée ou plus funky avec quelques slap (Fenrir's Tribe). La voix agressive à souhait et puissante aurait mérité plus d’expressivité pour atteindre les tréfonds de notre cœur de mélomane. Quant à la batterie elle est carrée, variée, efficace et conduit l’ensemble des compositions de ses expertes baguettes.
On pourra apprécier At the Gates of... et son introduction au chant dans je ne sais trop quelle langue, qui confère une ambiance hors du commun et bizarroïde à la galette. On se délectera aussi des interventions acoustiques ponctuant Sine Dogma (même si le ghost track n’était pas nécessaire et que la surprise qu’il veut créer ne fait pas mouche).
Godisdead propose avec II un bon album de thrash, dans la lignée des classiques du genre, avec toutefois une instrumentation élaborée et un désir de présenter quelques facettes plus différentes ou plus changeantes...