Il semblerait que les trois années qui séparent la sortie de ce nouvel opus d'Anima Mundi de "The Way", le précédent, ont été une période de changement. Quelques bruits avaient couru sur la séparation du groupe, mais en fin de compte, seul Carlos Sosa aura quitté le navire, laissant sa place à un nouveau chanteur : Emmanuel Pirko-Farrath.
Le couple Virginia Peraza - Roberto Díaz étant à l'origine de toutes les compositions, on ne pouvait guère s'attendre à de grands bouleversements dans le style du groupe cubain. A la différence de "The Way" qui n'affichait que quatre titres, ce "The Lamplighter" nous en offre neuf, mais, à mieux y regarder, on constate qu'en réalité nous avons deux suites de quatre pistes chacune plus un épilogue.
En guise d'ouverture, "On Earth Beneath The Stars" démarre tout en douceur sur des sonorités de pianos et de flûte, puis Emmanuel Pirko-Farrath nous fait découvrir sa voix, globalement plus basse que celle de son prédécesseur. Le chant est le premier élément qui marque une réelle différence avec les productions passées d'Anima Mundi et, si lors des premières écoutes, on peut le trouver trop sage, il devient de plus en plus attachant avec le recul nécessaire. Emmanuel chante dans un registre plus bas que Carlos, avec moins d'emphase, mais avec une profondeur, un phrasé, une puissance qui s'intègrent bien à la musique du groupe.
Si l'orientation musicale reste franchement ancrée dans le symphonique, les compositions semblent moins démonstratives, moins pompeuses. Peut-être que certains regretteront cette relative sagesse, mais l'album se révèle plus en finesse et, du coup, passionnant au fil des écoutes. Les développements et soli, moins longs que sur "The Way", n'en sont pas moins nombreux et de qualité, si bien que l'auditeur un peu allergique aux digressions musicales à rallonge y trouvera son compte. Le partage entre chaque instrument et entre la musique et le chant est plus équitable, chaque intervenant se plaçant idéalement à coté des autres comme un puzzle parfaitement ajusté. Virginia (claviers) et Roberto (guitare) sont toujours irréprochables dans leur jeu, mais moins en avant que sur "The Way". La section rythmique est tellement bien intégrée à l'ensemble qu'on ne remarque qu'à peine son efficacité.
"The Lamplighter" marque un léger changement de cap d'Anima Mundi qui pourrait désorienter les fans purs et durs du symphonisme tonitruant mais ce nouvel opus révèle toutes ses richesses écoute après écoute. Et c'est bien là ce que l'on attend d'une musique qualifiée de progressive. En concentrant un peu son propos, le groupe cubain gagne en finesse ce qu'il perd en éloquence.