Vitor Hublot est une question de goût ! Et comme pour tout artiste un peu agité du bocal, il y en a toujours pour crier au génie, ou au secours ! C'est selon.
Vitor Hublot est un concept né du tritureur de son Guy Clerbois dans les années 80. Son objectif : passer dans sa moulinette implacable des grands titres de la chanson francophone. 'Contes De La Libido Ordinaire' le voit s'associer cette fois ci à Jacques Duvall, chanteur et parolier belge et Isabelle Wery, comédienne et romancière de la même et belle province. Ses nouvelles victimes : Georges Brassens, Jil Caplan, Patrick Coutin, Raphaël Elig, Johnny Hallyday, François Hardy, Lio, Charles Trenet, Pierre Vassiliu, Boris Vian, Jean Yanne…
Et si le travail musical est réel et parfois intéressant, surtout dans ses digressions les moins Pop ('Elle M'Oublie') riche en samples, en sons électroniques (cette version froidement industrielle et malsaine d'Amoureux Solitaire' ou la déconstruction totale des 'Filles de Joie'), les titres plus simples et directs passent, très personnellement, beaucoup moins bien. L'introductif 'Boum' par exemple, sur lequel Wery (bien plus perspicace en tant que romancière) en fait des caisses en chanteuse/parleuse à l'expressivité calquée sur celles des actrices de Vaudeville, est tout simplement horripilant. 'J'aime Pas Le Rock' qui sample avec brio du Chuck Berry sur une rythmique carton agace malheureusement tout autant que l'original et 'J'aime regarder les filles' (version electro/latino svp) est tout aussi inutile et rebarbative que celle de Coutin. Dans ce style plus fluide, la meilleure réussite semble être 'Film' bâtie sur des ambiances Reggae.
Si le choix des reprises va forcement faire pencher la balance dans le cœur des auditeurs, le poussant soit à l'achat soit au détour, et si la démarche musicale est plutôt sympathique voire par moment très élaborée, l'ensemble manque d'intérêt en dehors de la surprise de la découverte. Pire encore, quand la trame sonore reste plus basique ou le texte étranger, les voix peuvent très vite horripiler.
Alors j'en vois certains arriver avec leur gros sabots : "Music Waves donne dans le Metal et le Prog et donc forcément ça casse sur le dos de la Pop francophone engagée!" Que nenni ! Sachez que votre serviteur aime se jeter de temps en temps sous la cravate un petit Raoul Petite auquel il préfère en plus de la richesse musicale, le travail poétique et littéraire et le gout de la dérision. Sans crier au génie ni même au secours, je zappe, malheureusement.