Nouveau venu sur la scène progressive en provenance de l'autre pays du fromage et néanmoins antre du rock néo-progressif, TumbleTown est en fait la continuation en effectif réduit (quoique !) du projet Seven Day Hunt, auteur en 2008 de l'excellent File This Dream, et donc par la même occasion la prolongation des aventures de feu Egdon Heath, star néerlandaise du néo-progressif des années 90's. Derrière tous ces projets, on retrouve le producteur et guitariste vétéran Aldo Adema, épaulé de nouveau par Han Uil, l'équipe étant complétée par des invités issus du sérail : Aldo Copini (ex Egdon Heath et Seven Day Hunt), Carola Magermans (ex Seven Day Hunt) et enfin le talentueux claviériste de Silhouette, Erik Laan.
Après cette présentation, le style de musique proposé par TumbleTown ne fait plus guère de mystère, et les premières mesures de The End of Hyde ne feront pas mentir les prédictions puisque l'auditeur familier des productions précédentes initiées par Egdon Heath va très vite retrouver ses repères, à savoir un rock néo-progressif puissant, propulsé par un attelage à deux têtes emplissant une grande partie de l'espace sonore. Les claviers aux sonorités modernes (pour ne pas dire néo !) se posent en effet comme le principal support de l'univers musical de TumbleTown, tandis que les guitares tranchantes viennent poser leurs saillies rythmiques en contrepoint, avant que ne surgissent de lumineux soli dans les aigus. L'ensemble se trouve régulièrement à la limite de la saturation, mais hormis durant les trois minutes du bruyant One-Liners, le groupe parvient toujours à maîtriser cette puissance pour éviter de basculer dans un registre métallique qui ne lui sied guère.
Par rapport à Seven Day Hunt, les compositions s'avèrent plus ramassées, la concision n'empêchant toutefois ni les changements de thèmes opérés à grands coups de ruptures harmoniques et changements de tonalité qui feraient frémir n'importe quel professeur de conservatoire (un grand classique chez Egdon Heath, notamment sur l'album Nebula), au risque parfois de chatouiller désagréablement les oreilles, ni les variations rythmiques impulsées par une batterie programmée mais surtout par une basse ronflante. De plus, sans dévier de son propos initial, TumbleTown n'hésite pas à incorporer une introduction d'influence moyenâgeuse à son titre le plus long (Finding a Way Out), ou encore à délivrer un message politique à l'encontre de la situation actuelle en Syrie (One Goal). Et puis, pour compléter le tableau, impossible de passer sous silence les (hélas trop rares) interventions de Carola Magermans, aux douces effluves de Pink Floyd version Great Gig in the Sky.
Une nouvelle fois, Aldo Adema nous démontre tout son savoir-faire dans un style qui demeure somme toute unique au sein de la communauté progressive, utilisant judicieusement certains codes classiques du néo-progressif tout en les cuisinant selon une recette bien particulière, au service d'une musique puissante et captivante. Plus accessible que ses projets précédents, cet album contient néanmoins une ou deux faiblesses (notamment l'irritant Sailing Along With the Breeze) qui ne viendront toutefois pas altérer la qualité de l'ensemble.