Quand on lit quelque part l'expression "Visual Kei", on visualise des mecs à grandes chevelures bariolées, sapés à la baroque, des voix maniérées et des looks androgynes, dans une tradition popularisée par X-Japan ou Malice Mizer pour les plus connus. Mais Sadako est là pour nous montrer que le genre n'est pas limité au pays du Soleil Levant et que les européens aussi savent looker leur musique. Pourtant, avec une pochette assez peu engageante, on peut se demander sur quoi on va tomber. Alors, le pari est-il tenu? Le mélange des genres prend-il ?
Disons-le tout de suite, il est inutile de s'imaginer une version occidentale de ce qui a fait le succès du Visual Kei. D'ailleurs, on cherche où se situe cette influence que le groupe revendique avec insistance sur ses différents media en ligne. On ne trouve ni dans les photos promotionnelles, ni dans les clips, ce look, ce soucis du style qui est pourtant la marque de fabrique du mouvement avant même les caractéristiques musicales.
On ne s'attardera finalement pas sur cette volonté d'appartenance, puisqu'il convient de juger un groupe plus sur sa musicalité que sur son apparence visuelle. A ce titre donc, "Panic Transistor" prend la force d'un album teinté à la fois de la lourdeur du métal industriel et ses rythmiques évoquant le bruit de machines hydrauliques, dans la lignée d'un Deathstars ou d'un Fear Factory, mais aussi de la nervosité et du côté très mélodique du metalcore, avec des riffs évoquant Bullet For My Valentine. On a donc des morceaux portés par des riffs catchy, comme 'Yamamba' ou 'Apes, Pigs And Big Black Holes', et d'autres bien plus lourds et mécaniques, à l'image de 'Damage Done'.
Mais Sadako ne se limite pas aux poncifs du métal, et joue au petit cuisto musical en saupoudrant ses morceaux de nappes de synthé ('Commemoration'), de samples, pour l'ambiance ('Happy Networking, Asshole'), de mélodies électronicas sautillantes ('Apes, Pigs,...'). Revel nous gratifie même d'un duo avec une chanteuse, pas franchement réjouissant, rappelant les morceaux de house FM. Le chant est d'ailleurs l'élément le plus polymorphe de l'album, en puissance sur 'The Difference Between You And Me Is I'm Not Bleeding' et sur la majorité des autres titres ou en growl death métal sur 'What's Up Cthulhu', empreint d'un groove sulfureux sur 'Commemoration'. Le pont de 'Monster Eats Pilot' rappellerait même la scène hardcore.
On se retrouve ainsi avec un disque ambitieux, mais en demi-teinte. Les rythmiques efficaces restent peu marquées, les riffs sont nombreux mais peu inspirés, les éléments électroniques sont sympathiques mais timides et le chanteur est volontaire mais il manque de charisme. Les quelques originalités et prises de risque attirent l'attention au détour de l'album, mais elles sont souvent trop courtes pour vraiment passionner l'auditeur. Rien ne déçoit, rien n'excite, rien n'est de mauvais goût, rien de relève du génie. Un album neutre somme toute, qui relèverait plus de la Suisse que du Japon !